La prise de sang d’un schizophrène

Il est trois heures du matin. Hier un peu plus tard, une infirmière est venue me faire une prise de sang. Aujourd’hui, en me levant, un peu fébrile, je me suis précipité sur mon ordinateur pour avoir les résultats. Ça va tout va bien. Je suis rassuré.

Du coup, j’ai mis quelques bûches dans l’insert pour faire remonter la température de mon logement un peu vieillot.

Il m’a quand même fallut une bonne demi-heure pour me réveiller complètement.

Pour l’instant, les idées sont plutôt claires. Je profite, car cela ne va pas durer. Au fur et à mesure que la journée va avancer, tout va se compliquer dans ma tête.

Heureusement, je vois ma psychiatre dans quelques jours. Elle porte toujours son masque chirurgical… moi aussi je dois le mettre. Je ne l’ai vu qu’une fois sans et pour quelques secondes seulement. Lorsque j’avais demandé à voir son visage.

C’est un peu frustrant.

Elle me suit depuis deux ans, juste après le début de la pandémie.

Je m’entends bien avec elle. Elle est très carrée et c’est rassurant. Je vais voir avec elle si je peux continuer le sevrage de mon anxiolytique. Soit 0,5mg en moins pendant un mois. Il ne me restera qu’un milligramme le midi et deux le soir. La route est encore longue. Et puis il y a aussi ce Tercian que j’aimerai aussi diminuer, pour ne garder que l’antipsychotique et l’antidépresseur.

En effet, je n’ai pas envie de retomber dans l’état dans lequel j’étais il y a 24 ans. Prostré pendant des semaines dans ma chambre, sans oser y sortir, délirant… à parler à la télévision et aux murs.

Voilà pour ce matin.

Il y a aussi tous les lecteurs de mon blog qui ont laissé un message pour les dix ans de ce dernier, que je veux grandement remercier.

C’est fait !!!

Un schizophrène joueur de trompette

Une nouvelle semaine qui débute. Je viens de préparer consciencieusement mon pilulier pour la journée. Des gélules et comprimés de toutes les couleurs. Un véritable arc en ciel. Cela fait 24 ans que je fais rituellement ce geste. Parfois ca bloque un peu dans la gorge, comme si mon corps n’en voulait plus. Mais sans toutes ces molécules, je ne peux plus vivre. Je me mets à parler aux murs, à la télévision. Je passe ma vie dans ma chambre, sans ne plus oser y sortir…

Hier, j’ai repris une bonne dose de CBD. L’effet apaisant m’a fait du bien. Pendant une bonne heure, je n’étais plus en souffrance. L’après midi c’est rare. Mais cela m’arrive aussi sans ce complément alimentaire…

Il va falloir reprendre le bus aujourd’hui. C’est toute une aventure. Parfois, je n’y arrive plus, je suis trop angoissé.

Mes deux crises de schizophrénie aigues ont sérieusement ébranlées mon équilibre psychique. J’ai tout de suite eu des grosses crises de panique. Mais au moins, on s’est rendu compte que je n’allais pas bien, du tout.

J’ai vu sur d’autres blog, certain, sortir complètement de la maladie, comme Patricia Deegan. Je suis très admiratif. Ils sont devenus psychologue… J’applaudi des deux mains.

En même temps, il y aussi toute la masse silencieuse qui souffre.

Faudrait-il parler d’autre chose ?

Je ne sais pas trop.

Je raconte juste ma vie…

Ma trompette

J’apprécie écouter de la musique. Dans une autre vie, j’ai joué de la trompette. J’interprétais le répertoire classique, comme Carmen… De bons souvenir de concerts, lorsque claquaient les cuivres, puis venaient les violons, tout doucement. Je ressentais des frissons.  

Il faudrait que je m’y remette. Mon instrument est quelque part chez mes parents. Il serait bien que je le récupère. Rejouer un peu. Remuscler ses lèvres, pour « tenir » le son.

Mon blog fête ses 10 ans

Hier après-midi je n’étais pas trop bien. Alors, en cherchant dans un tiroir, j’ai retrouvé une fiole de CBD. J’ai mis sous la langue une dizaine de gouttes. Quelques minutes plus tard, l’effet apaisant était là.

Je ne sais pas exactement si en plus, il y a un impact antipsychotique. Tout à l’heure, j’en reprendrais. Je verrai bien.

Tout autre chose, je me faisais la réflexion que mon blog fêtait ses 10 ans. Tout avait commencé avec un article de Rue89. J’avais contacté le journaliste par courriel et nous avions fait l’interview par téléphone. L’article est ici.

1O ans déjà

Nous sommes dimanche aujourd’hui. La journée va être calme, enfin j’espère. Un déjeuner avec mon père. C’est souvent un bon moment.

Je prie pour ne pas trop souffrir dans l’après-midi. C’est toujours après le repas que je me sens mal. Même pour être honnête je ne me sens bien que la nuit.

La journée, j’ai du mal à appréhender le réel. Il y a comme un bug. Je me « cogne ».  C’est très désagréable. Je peux regarder le carrelage de mon logement et me demander s’il est bien réel… Lorsque je mets ma main dessus pour vérifier, j’ai comme une angoisse. Pareil lorsque je touche mon bras…

Il est l’heure de prendre mon traitement. Heureusement que je l’ai celui-là.

Cette semaine j’ai rendez-vous avec ma psychiatre. Nous allons parler de mon état. Comme tous ceux que j’ai côtoyé, elle va commencer par me demander comment je vais. Puis, je vais voir avec elle, si je peux baisser une nouvelle fois de 0,5 mg mon anxiolytique.

Une fois sorti, j’enlèverai mon masque et je m’engouffrerai dans la voiture de mon père, pour vite rentrer chez moi.

Le futur est là

Je me réveille. Il n’est même pas minuit. La nuit est à moi. Alléluia !!! Il y a quelques heures j’ai été mis au courant que certains livres écrit par la célèbre intelligence artificielle de openAI, étaient vendu sur Amazon. On n’arrête pas le progrès. Aie, ça fait quand même mal. La concurrence est rude. Combien de blog écrit aussi par chatGPT ?

Je vous assure, le miens est 100% humain. Des heures et des heures de labeur.

chatGPT

Mais comment le prouver ?

Je ne sais pas trop en fait. Je continue quand même le lent travail d’écriture. A taper pendant des heures, depuis 10 ans, sur le clavier de mon ordinateur.

A vous raconter ma vie. Je ne sais pas si elle est intéressante ? Vous me direz !!!

Tiens, en parlant de ça, cela me fait penser que j’ai presque divisé par deux ma consommation d’anxiolytique, depuis un an. Je suis assez fier de moi. Mais le chemin est encore long pour un sevrage total. Rassurez-vous, il me reste encore bien d’autres médicaments. Les indispensables du psychotique…

J’ai encore toute sorte de pilules de toutes les couleurs. Il ne faudrait pas que je fasse une crise. Ce serai bien triste. Mon cerveau a déjà subi cela deux fois. Si si je vous assure, je suis dérangé. On ne dirait pas comme cela mais il y a quelques années, je parlais tout seul aux murs de ma chambre.

Allez oublions vite ce triste épisode.

Concentrons-nous sur ce qui va…

Le bus que j’arrive à prendre, lorsque je veux rentrer chez moi. Les quelques heures bonheurs par ci par là. J’en passe et des meilleurs.

Tout va bien !!! Je vous dis cela pour ne pas vous inquiéter. Ma maladie est incurable.

Introspection

Cette nuit je me suis réveillé du bon pied. Je suis excité et de bonne humeur. Je chante au risque que les voisins ne m’entendent. Mais ça m’est égal. Les conséquences m’importent peu. Heureusement c’est un état passager. Il ne faudrait pas faire de bêtises. Je garde quand même le contrôle.

Je ne pense pas avoir de pensées délirantes. Enfin je ne sais pas trop. C’est ça le problème, on ne sent rend pas compte. Ça parait normal, mais dans les faits c’est complètement à côté de la plaque. C’est un vrai travail d’équilibriste, et j’ai le vertige.

Vous me direz, hein !!!

introspection

Il est déjà, quatre heures du matin. J’ai dormi un peu plus longtemps que d’habitude. Vite vite, il faut que je me hâte. En même temps pourquoi, je n’ai rien à faire. Juste penser, faire le point. Me demander pourquoi hier j’ai dit ceci ou cela.

Je refais souvent le film. Voir un peu, comment tout cela s’est passé. C’est ça mon problème. Je ne suis pas dans la spontanéité. Alala, je suis incurable.

Mais ça va mieux depuis quelques années. A quoi c’est dû ? Je ne sais pas. Je suis devenu un peu plus sage.

L’introspection, un vrai cauchemar !!!   Depuis tout petit.

Mais ce matin, ce n’est pas l’heure de se poser des questions. Il me faut juste un peu de musique et ma cigarette électronique.

Je vais passer la journée chez moi, c’est parti pour. L’association de malade psychique est fermée. Je suis donc en weekend. Ah tant mieux. La vie est bien dure mon bon monsieur. Si si, je vous assure. Mais comment vous le montrer ? Vous qui êtes toujours égal à vous-même. Vous ne savez pas. Vous avez de la chance. Comme gagner au loto. Moi j’ai remporté le méga jack pot.

Le père d’un schizophrène

Réveillé à une heure du matin, je vis mieux la nuit. La journée je souffre trop. Parfois, il m’arrive de réfléchir à l’éducation que j’aurai donné à mon fils, si j’en avais eu un. Comment apprendre que la vie est une longue période de souffrance. Comment préparer quelqu’un à ça, à la schizophrénie, aux tentatives de suicides, aux angoisses… Je suis heureux de vivre seul, sans enfants, dans le cas où le caractère héréditaire ce cette maladie l’aurait touché.  

Je veux vivre ma vie le plus simplement possible. Avec un toit sur la tête et de quoi manger.

Aujourd’hui je ne vais pas aller à l’association de patients. J’espère qu’une journée sereine, bien que déjà largement entamée m’attend.

Je vais éviter au plus possible les êtres humains. Il me faut ça régulièrement. Je vais aussi laisser vagabonder mon cerveau, l’autoriser rêver un peu…

Vers 16 heures, je commencerai tout doucement à me préparer pour la nuit.

Avant cela j’irai quand même faire rapidement quelques courses. Mon estomac crie famine. J’attends avec impatience que les magasins ouvrent. Avec toujours, le souci de ne pas dépenser ce que je n’ai pas. Je ne me plaints pas trop, je touche l’allocation adulte handicapé. Depuis de nombreuses années maintenant. Il y a pire.

Je me souviens encore du jour ou mon père est venu avec moi, lorsque j’avais vingt ans, pour me faire reconnaitre adulte handicapé, dans le but me faire travailler en milieu protégé. Ce fut un véritable coup de poing dans la poitrine.

Je ne veux pas cela pour mon fils.

Je me souviens aussi du dimanche matin. Ou il m’a interné sous la contrainte.

Il a fait ce qu’il fallait peut-on penser. Mais quand on doit le vivre, ce n’est pas la même histoire.

Aujourd’hui, deux décennies plus calmes se sont écoulées, heureusement.

Pensées nocturnes d’un schizophrène

Je me sens bien. L’antidépresseur fait son effet. Même un peu trop. Mais je ne vais pas me plaindre, c’est si rare. La France dort, il est trois heures du matin. Moi je chante tout seul, un peu trop fort. Je me reprends. Il ne faudrait pas réveiller les voisins.

Mes voisins

Le feu commence à crépiter. Je viens de l’allumer. J’ai un peu froid.

Hier, en famille, ce fut un peu compliqué. Les angoisses m’ont donné du fil à tordre. Heureusement, une fois rentré chez moi, j’ai pu profiter d’une bonne heure de sérénité. De plus en plus souvent maintenant, je peux profiter de la vie.

Il ne fait encore que 17 degrés dans mon logement. Je remets une buche dans le poêle. Il faut l’activer un peu. J’ai encore un peu froid, malgré les trois couches de vêtement que je porte.

Une angoisse m’envahit, lorsque j’imagine l’été qui va arriver avec ces probables 40 degrés. J’ai horreur de cela, quand il fait trop chaud.

J’aime l’hivers, quand il fait noir tôt. Je peux m’enfermer chez moi, fermer mes volets… Tout est beaucoup plus calme. Les voisins ne sont pas dans leur jardin. Je n’ai pas à leur parler quand je sors acheter une baguette de pain… Même si je sais que dans le quartier, je suis considéré comme un original, un farfelu, ou même un dangereux schizophrène…

Je n’arrive pas à réchauffer mon intérieur. Le feu brûle faiblement malgré mes efforts. C’est tout une science.

Dans quelques heures, je vais devoir prendre une décision. Aller ou pas à l’association de patients. Je suis quand même angoissé. Il ne faudrait pas que je fasse une crise de panique dans le bus. Alors j’hésite. Il me reste encore quelques heures pour décider. C’est un subtil équilibre. Certaines choses me font du bien, même si je dois me forcer.

Il est encore trois heures du matin

Il est encore trois heures du matin. Je me suis réveillé deux heures plus tôt. Pour tout vous avouer, cela fait presqu’un an que je vis la nuit. Je suis tranquille, personne ne me dérange. Tout est calme et paisible. Je me sens mieux.

Autant vous dire que vers 17h00, je suis couché. Je m’endors rapidement.

Depuis un an, j’ai divisé par deux ma consommation de Lorazépam. Il me reste encore trois milligrammes par jour. Heureusement ma psychiatre est là lorsque je doute. Lorsque c’est dur… Les anxiolytiques sont vraiment des « cochonneries ».

Tout à l’heure, j’irai m’acheter de quoi prendre mon petit déjeuner au supermarché pas très loin de chez moi. D’ici là, il ne me reste plus qu’une pomme et une banane. C’est un peu léger. Je vais surement avoir faim.

La nuit de Paul

Hier, dans la nuit, j’ai eu la force d’aller faire un peu de course à pied, en pleine ville. C’est l’une de mes passions. Les endorphines ont fait leur boulot. La sensation de bien-être était là.

Ça y est, je commence à avoir faim.

Je vais aller voir du côté de ma cuisine ce qu’il me reste.

J’ai vu également que de nombreux lecteurs, que je ne pourrais jamais assez remercier, se posent beaucoup de questions concernant la vie de couple avec une personne souffrant de schizophrénie.

Souvent, la méconnaissance de cette maladie est le premier frein. Et notamment, l’éventuelle dangerosité que cela peut représenter. Il y a beaucoup de fantasme autour de cette question.

Je connais de nombreux « collègues » en couple et cela se passe très bien.

Je n’ai pas vu le temps passer. Cela fait trois heures que je suis debout. Tout est toujours calme. Cela fait du bien.  Je ne vais pas tarder à rallumer la télévision que j’avais arrêté pour écrire.

Encore une fois je remercie toutes les personnes qui viennent sur mon blog. Je promets de revenir rapidement.

Schizophrène, j’ai augmenté ma dose de neuroleptique.

J’ai eu plusieurs fois la mâchoire contractée pendant de longues heures, c’est très douloureux. En gros vous ne pouvez plus fermer la bouche et votre langue et tirée. C’est un effet secondaire du solian, le neuroleptique que je prends. J’ai tellement été traumatisé après une nuit complète passée aux urgences à souffrir atrocement que j’avais un peu baissé la dose.

Aujourd’hui, mon corps assimile mieux cette molécule et j’ai donc décidé de revenir à la posologie initiale. J’ai encore des angoisses lorsque je me focalise trop sur ma mâchoire mais je me rends compte que dans la vie de tous les jours c’est plus confortable.

D’un point de vue général je souffre moins, je me sens plus équilibré. Bien sûr je reste schizophrène à 100%, jusqu’à la fin de mes jours mais cela se verra peut être moins.

Ne vous inquiétez pas, je continuerai à dire ce qui ma passe par la tête. J’en rajouterai toujours un eu parce que la folie et la souffrance psychique ne peuvent pas vraiment être décrites sans passer par des métaphores…

De plus, la provocation est la seule arme efficace contre les lieux communs.

La réalité est distordue

Plus j’avance et plus mes pensées se plient, mon univers se réduit. Je me recroqueville, je tourne en rond.

Les murs se rapprochent dans mon petit appartement. Mes pensées ne sont plus des lignes droites, elles se ratatinent sur elles-mêmes.

Je n’arrive plus à penser globalement, tout est centré sur ma pauvre carcasse. Les autres n’existent plus. Je suis seul au fond du trou.

Dans la foule, je tombe, je glisse… Je suis seul en plein milieu d’une forêt, la nuit. Des bruits me font peurs, je sursaute. J’ai quitté cette humanité qui nous caractérise.

Je suis loin, les gens me parlent et je n’entends que des échos qui me paraissent venir d’ailleurs. Je n’existe presque déjà plus.

Je regarde si j’arrive encore à marcher, c’est pas compliqué pourtant, un pas devant l’autre. Je ne sais pas où je vais. Peut-être un oasis quelque part ?

Mais c’est une chimère, le seul endroit où je pourrai trouver un peu de repos sera pour l’éternité.

En attendant, je sors les répliques que j’ai apprises il y a bien longtemps. Je vois que les gens ne sont pas dupes. Toutes mes phrases tombent à contre temps, comme un robot défectueux.