Réveil d’un schizophrène un dimanche matin

J’ouvre les yeux tout doucement, il fait noir. Une mauvaise impression m’envahie tout de suite, je viens de faire un terrible cauchemar, il est 7h30. Je me lève sans faire trop de bruit pour ne pas réveiller mes voisins.

J’essaie de me remémorer ce cauchemar et je comprends pourquoi je me sens si mal, bref j’essaie de passer à autre chose.

Je déjeune, j’allume la tv et m’installe dans mon canapé, j’ai le cerveau en morceau.

J’allume une première cigarette, une deuxième… en attendant que mon corps se détende et que mon cerveau retrouve une certaine unité et arrête de me faire souffrir.

Je me dis que la journée va être longue en essayant de trouver une parade pour calmer ce corps et ce cerveau.

Les cigarettes s’enchainent sans que je puisse trouver un moyen de me soulager. Peut-être qu’un anxiolytique va me calmer ? Je prends mon traitement, avec application comme tous les matins.

La douleur est toujours là, dans la tête et par répercussion dans les muscles et tous les os de mon corps.

J’ai mal et je sais que dans quelques heures la douleur sera toujours là. J’aurai sans doute envie dans finir avec la vie… je ne suis pas un surhomme.

Schizophrénie de merde !!!

Aujourd’hui mon frigo est vide.

Frigo
Frigo

Il faut que j’aille faire quelques courses mais l’allocation que l’état me donne ne me permet pas de joindre les deux bouts.

J’ai déjà fait quelques tentatives pour travailler sans succès. A chaque fois, que je suis sur un lieu de travail, viennent en premier, les douleurs au ventre, suivis d’angoisses m’obligeant à me cacher dans les toilettes ou à appeler à l’aide ma famille. En effet je souffre aussi de phobies sociales qui m’isolent et m’interdisent tous les bonheurs de la vie.

Je ne guérirais jamais, la schizophrénie est une maladie incurable. Cela fait plusieurs semaines que je me contente d’une assiette de spaghetti et je n’en peux plus.

Le manque d’argent augmente mes angoisses.

Je n’ai pas le courage de faire la manche à un coin de rue pour remplir mon frigo.

Une journée de plus

Aujourd’hui n’a été une succession que de souffrances, d’angoisses, de stress… J’essaie de lutter mais isolé et tout seul c’est quasiment impossible.

Pourquoi la schizophrénie existe? Je sais que je n’ai rien fait de mal et que ça met tombé dessus comme tant de maladies touchent les êtres humains.

Mais la vie n’est pas que souffrance surtout quand je regarde ma famille, mes amis qui ont l’air épanouies.

Je suis jaloux oui c’est vrai !!! J’essaie de garder la face mais au fond de moi les temps sont durs.

J’espère que ça ira mieux demain.

Cette vie de schizophrène

Je suis fatigué de subir cette lente souffrance, ce mal être qui me tient tout entier. Je compte les heures, les jours… mais pour quoi faire, pour aller où? Peut-être y a-t-il un endroit dans lequel je serais bien.

Rien n’est facile pour personne mais pour les gens atteint de schizophrénie, les jours sont souvent comme une lente torture.

Parfois je me dis que je suis une erreur, que je n’aurai jamais du exister. Mais paradoxalement, c’est quand je baisse la garde, que les choses sont le moins insupportables. Je glisse alors,  petit à petit vers un mieux-être.

Peut-être parce-que je sais que le temps joue son œuvre et que lorsqu’il sera l’heure. Je l’espère je serais libéré de cette vie que je ne peux assumer.

Cette vie qui au fond n’aura pas servi à grand-chose, cette vie de schizophrène.

Jacques a la trouille.

Jacques a peur. Jacques est mort de trouille. Il est seul, il a peur du moindre déplacement. Il reste chez lui, il envoi des sms donne des coups de téléphone mais n’arrive pas à se faire des amis. Plus précisément, son médecin lui a déconseillé de dire qu’il était schizophrène et son médecin a raison.

Dire à une femme que l’on drague que l’on est schizophrène ce n’est pas très glamour. Dire à un voisin avec qui l’on aimerait bien faire connaissance que l’on n’est schizophrène fait peur.

Jacques aimerait pouvoir expliquer de quoi il souffre, pourquoi il est mal, pourquoi il est comme ça…

Jacques subit une double peine, être schizophrène et devoir le cacher. Peut-être, si les gens connaissaient mieux cette maladie, il pourrait avoir un peu d’aide, une soupe bien chaude par un voisin. Jacques pourrait demander un peu d’aide quand il est mal et Jacques fait le doux rêve de ne plus être ignoré ou évité.

Schizophrène et peur de l’être.

Jacques ne se sent pas trop mal aujourd’hui. Cependant, il n’a quasiment pas de vie sociale. C’est toujours une source de souffrance pour lui de se rapprocher des autres. Et pourtant il le sait, plus il s’isolera plus il souffrira…

Chaque pas vers les autres ne se fait pas de manière naturel. Il a toujours l’impression de déranger, que sa présence est pour les autres une contrainte à supporter. Il se demande toujours si ses propos ne mettent pas mal alaise l’assistance et qu’on l’invite par pitié.

Pourtant Jacques fait toujours attention à ce qu’il dit et ses propos sont un peu comme ceux d’un robot.

Il sourit et rigole pour faire plaisir mais pas de manière spontanée. Il rêverait de rigoler à gorge déployé, de pleurer à chaudes larmes et d’aimer de manière passionnelle.

Jacques devrait se laisser un peu aller…

La schizophrénie rend phobique.

peur schizophrénieJacques n’a plus ses Temesta. L’usine qui les fabrique connait des problèmes d’approvisionnement et son psychiatre lui a donné une autre molécule.

Malheureusement pour Jacques cette molécule ne marche pas. Jacques vit des crises d’angoisse et il n’arrive plus à dormir, il n’arrive plus à franchir la pas de sa porte pour aller dans son propre jardin…

Jacques vit un cauchemar. Il ne sort plus de chez lui et n’est même plus capable d’aller acheter une baguette ou d’aller dans un centre commercial car la foule lui fait peur.

Jacques et le soleil.

Jacques se sent seul chez lui le soir. Il a perdu ses parents il y a quelques années. C’est une souffrance supplémentaire qu’il doit gérer. Il aurait tellement de chose à dire à sa mère son père, qu’il les aime, qu’il veut passer du temps avec eux…

Quand ses parents lui manquent il se sent vide, il n’a envie de rien. Il essaye de se raccrocher à d’autres personnes mais l’amour des parents ne se remplace pas. C’est une douleur qu’il faut accepter, il n’a pas fait son deuil.

Il n’arrive pas à remplacer l’amour inconditionnel de ses parents. Parfois, il rêve de pouvoir les serrer dans ses bras, au final, cette pensée lui fait plus de mal que de bien.

Jacques est schizophrène et paranoïaque. Quand ses parents étaient vivants, c’était les deux seules personnes en qui il avait confiance et en qui il osait demander un peu d’amour.

Aujourd’hui, il est comme perdu dans l’espace, il n’a plus de repaires affectifs. Il doit vivre chaque jour comme une souffrance.

Schizophrène un dimanche matin.

Ce matin je me sens mal. Je culpabilise de passer à côté de ma vie et j’ai l’impression d’être passé sous un rouleau compresseur. Pourtant je n’ai pas fait la fête hier, je n’ai quasiment pas de vie sociale…

Je fume cigarettes sur cigarettes en attendant un répit. Que pourrais-je faire pour me sentir mieux ? J’ai tellement mal !!! Je n’arrive plus à penser à agir, juste rester dans mon canapé en attendant que mon corps et mon esprit se décident enfin à marcher dans la même direction.

Je me sens en comme désorganisé, tout est brouillon, mes pensées mes envies, moi. D’ailleurs je n’ai pas vraiment d’envie, juste celle d’aller mieux.

J’ai essayé de prier mais ça n’a pas été mieux.

J’ai besoin de vous!!!

Je fais la manche sur internet… En effet, j’arrive difficilement à joindre les deux bouts. Pourtant je ne fais pas de folies, Je n’ai pas de voiture, je ne suis pas propriétaire, et je n’ai pas d’objets de valeur…

Ma maladie la schizophrénie m’empêche de travailler et ce n’est pas faute d’avoir fait des tentatives.

J’en appelle à votre générosité, uniquement si vous le pouvez.

J’avoue que j’ai un rêve, devenir propriétaire de mon appartement… pour ne pas finir dans la rue et agresser les gens.

Je sais que les temps sont durs mais je profite de ne pas être dans mon lit plié de douleur pour vous interpeller sur le sort des personnes souffrants de troubles psychiques.

Merci d’avance,

Paul,