Etrangement, ce matin je me sens apaisé.

Comme chaque matin après le réveil, il m’a fallu un petit temps d’adaptation mais bizarrement tout va bien.
Je me sens plutôt zen. Il n’y a pas de pensées perturbantes qui paralysent mon cerveau et envahissent tout le corps.
Bien au contraire, je me sens relaxé comme après un bon jogging. Rien n’est réglé, je dois toujours aller chez le coiffeur. Bien que je repousse l’échéance, de peur de sortir de chez moi et d’avoir une crise de panique au moment où je serais bloqué sur le fauteuil face au miroir.

L’idée de dévoiler ma maladie, la schizophrénie, sur Facebook à tout un tas de personnes qui ne seraient pas encore au courant n’est plus d’actualité. Mon suicide social attendra.

Je peux enfin après des jours de souffrance prendre le temps de faire le point en écoutant un peu de musique et essayer de trouver un peu d’espérance et de me dire que malgré tout la vie faut d’être vécue.  

Je n’existe pas.

Je n’ai jamais vraiment eu le sentiment d’exister. Quand je tourne la tête et que je regarde en arrière, je ne vois rien ou peu de chose. Mes doigts existes puisqu’ils tapent sur ce clavier, mon cerveau en donne l’ordre mais la journée que je viens de passer était-elle réelle ? Si je meurs subitement, que va-t-il tester de moi. Pas grand-chose j’en ai peur.

Quelques lecteurs sur ce blog, des parents, quelques amis et connaissances… et surtout beaucoup d’actes manqués.

Ma vie est un lapsus qui m’a conduit à là ou je suis, c’est-à-dire nulle part.

Quand je ne souffre pas.

Ce matin un sentiment de plénitude coule dans mes veines. Ce n’est pas venu tout de suite au réveil, mais petit à petit. J’ai l’impression que tout est à sa place, mes idées sont correctement rangées. Je ne suis pas euphorique ni en souffrance mais sur une ligne médiane. 

Je peux gérer ce qu’il y a autour de moi, le matériel comme les objets et l’immatériel comme les projets.  

Les visages sont à leur place, les bras et les jambes aussi. Les envies sont réalistes et à ma portée.

J’aimerai tellement que ce sentiment soit le fondement de ma personnalité.

Je suis euphorique ce matin.

Tout va bien ce matin. C’est assez étrange, ce sentiment de bonheur, d’avoir envie de parler. J’ai appris de manière empirique que l’univers respecte un équilibre. Les moments de bonheur doivent être contre balancé par des moments de souffrance.

Je ne préfère pas penser à la souffrance qui m’attends. Je ne veux pas anticiper ce qui pourrait m’arriver.

Je veux profiter de ce moment de grâce, du rayon de soleil qui illumine mon petit appartement, de cette impression de liberté.

Je suis quand même méfiant, c’est peut-être dans un délire qui me rend euphorique. La chimie du cerveau est tellement complexe.

J’essaie quand même de garder cet état d’esprit comme l’on tend un élastique jusqu’au point de rupture. Là où l’on s’aperçoit que cette phase de bonheur est allée à son maximum. 

Une fois l’élastique rompu, on se dit que l’on est bête, que l’on à gâcher de l’énergie, que l’on ne peut rien contre les lois de l’univers. 

On se sent mal, parce qu’ une fois de plus, on se rend compte que l’on est simplement humain est pas dieu.

Parce que le même scenario se répète et que malgré ses efforts, la souffrance vient après la joie comme la pluie après le soleil.

On se sent stupide d’y avoir cru encore une fois et l’on finit par avoir mal au ventre.

Ce matin je n’arrive plus à réfléchir.

Quelques minutes après mon réveil est apparu un fort sentiment d’étrangeté. Cela fait deux heures que je ne sais plus vraiment ou je suis. Enfin je sais que je suis dans mon appartement mais les sensations ne sont pas comme d’habitude.

Il fait beau, tous les objets sont à leur place, les fenêtres sont ouvertes. Une légère brise caresse mon visage. Cependant un voisin écoute à la radio des chansons qui me tapent sur le système et Je n’arrive plus à regarder ma série préférée. Je suis à fleur de peau et je sens mon équilibre basculer.

Ayant le sentiment d’avoir fait quelque chose de mal qui pourrait expliquer cette souffrance, j’ai passé l’aspirateur. Histoire de calmer la culpabilité qui n’a pas disparu je vais peut-être passer la serpillière.

On est tous un peu pareil dans ces moments-là. On a des tocs, des mécanismes qui sont sensés nous apaiser et ramener l’équilibre intérieur. Enfin pour moi c’est comme ça.

Se punir pour expier nos pécher. Le problème c’est que je suis schizophrène et ce n’est pas un peu de ménage qui va  me soulager.

Je vérifie si j’ai bien pris mes médicaments.
 
Cette nuit j’ai fait un rêve dont je me souviens… mais j’arrête là. J’ai pas envie de m’allonger sur un divan non plus.

Je tourne la tête et vérifie que la vaisselle est bien faite, que les poubelles ne débordent pas…

Je suis une machine.

Je suis comme un robot. Je fais les choses tellement automatiquement que ne je n’y prête même plus attention, comme boire un cola, remplir le verre, vapoter, regarder la télévision… Pendant ce temps mon cerveau vagabonde, comme dans un rêve.

Une fois la télévision éteinte, je regarde autour de moi et je m’aperçois qu’il s’est mis à pleuvoir. Je passe les trois quarts de ma journée à faire les mêmes choses. Mon cerveau connait le chemin alors je ne me pose plus de question. C’est plus pratique pour lui et comme tout ce qui est nouveau me fait peur, je vis d’interminables journées, sans réfléchir.

De temps un temps, un évènement vient me rappeler que je dois changer certaines habitudes. Je dois alors réorganiser mon fonctionnement. Je réfléchis, je pèse le pour  et le contre et c’est reparti pour un tour.

Quand j’essaie vraiment de me poser et de faire le point, je me rends compte qu’il y a trop de stimuli autour de moi pour que je les intègres tous. Je tiens quelques secondes mais pas plus. Une idée me vient et je l’exécute sans trop savoir ou je vais. Cependant, quand cela me parait trop fou, je ne le fais pas. Puis je me dis que c’est peut-être là, le seul moment où je suis vraiment libre, dans la folie.

Journée ennuyeuse

Un dimanche après-midi comme tous les autres. J’ai un peu trop regardé ma série préférée. J’ai téléchargé toutes les saisons et je me fais 4 ou 5 épisodes par jour. Cela fini par me taper sur le système.

Comme dans tout ce que je fais je suis excessif : cigarette électronique, cola, j’en bois des litres par jour, ordinateur pendant des heures…

J’essaye de combler par des addictions le vide de ma vie. Je répète toute la journée les mêmes loisirs. Pour vous dire la vérité, les gens me font chier. La présence d’une autre personne dans mon appartement n’est pas supportable plus qu’une demie heure. Il faut parler, écouter, répondre, c’est fatiguant.

C’est comme cette jeune femme qui venait presque tous les soirs après son travail. Elle ne m’attirait pas, je n’en parlerais surement pas sinon.

Elle n’a même pas été capable d’avouer ses sentiments. Tant mieux dans un sens, on s’est quitté en amis.

Ça aurait été pathétique, enfin on n’est pas passé loin. Déjà qu’elle m’appelait mon ange et qu’elle m’envoyait plusieurs texto par jour.

Elle avait avancé ses pions petit à petit jusqu’au moment où j’ai craqué. Elles sont malignes les femmes. 

Son mari ne savait pas qu’elle venait chez moi. Pourquoi le cacher s’il n’y avait rien entre nous ? Pourquoi m’appeler mon ange ? Pourquoi quand je lui ai dit que je préférais qu’on ne se voit plus, elle a pété les plombs, en appelant une vingtaine de fois sans que je ne décroche et ne réponde à ses texto.

Au final, c’est moi qui m’était fait un film, selon elle. Bien pratique, elle a le beau rôle comme ça.
N’avouant jamais ses intentions, mais mettant l’un après l’autre un pied dans ma vie, jusqu’au moment au c’est moi qui aurait été pathétique si elle m’avait plu.

Et croyait le ou non, elle m’aurait repoussé. Elle aurait bien jouer avec moi. Enfin bref, elle ne m’intéressait pas.

Tout tourne autour de moi.

Je ne sais plus ce qui est réel de ce qui est irréel. Les objets flottent sur un océan d’amertume. Les gens me regardent, je les regarde, nous nous regardons et cela m’angoisse. Le bus dans lequel je suis m’éloigne de mon appartement, de mon cocon protecteur. Je ne peux plus sortir de cette carcasse de métal, je suis trop loin pour rentrer à pied. il y a beaucoup de monde dans ce bus, trop de regards. Que pensent tous ces gens de moi ? Ils n’aiment peut-être pas ma coiffure. Qu’est-ce qu’ils pensent en me regardant ? Que je suis vieux, que je suis jeune, ou hideux. Ils pensent forcement à quelque chose et cela m’angoisse. Ils ont peut être remarqué le bouton que j’ai sur la lèvre. J’essaie de garder mon calme, en respirant un grand coup.

Qu’ont-ils dans leur tête ? Moi, je me fais tout un film en les regardant discrètement. Je pense à ce clochard qui est assis deux sièges devant moi.
Ils fait très chaud, il transpire beaucoup et devrait enlever un de ses trois manteaux. J’ai envie de lui dire.

Peut-être que le chauffeur a trouvé que j’avais un grand nez, que je suis dégarni pour mon âge. Toutes ces ondes cérébrales qui flottent autour de moi. Tous ces gens qui vivent constamment sous le jugement des autres. Je ne le supporte plus.

C’est dur de mentir.

Constamment contenir ses émotions comme un maître essaye de tenir en laisse un chien qui ne demande qu’à courir dans toutes les directions.

Je dois cacher cette colère qui si souvent m’envahie. Me montrer concerner lorsque j’apprends une mauvaise nouvelle. Insensible, je dois pourtant montrer de la compassion. Cacher mes angoisses ou ma gène, lorsque je croise quelqu’un et que je n’ai envie de parler à personne. 

Je devrais peut-être enlever la laisse de ce chien et voir ce que cela donne. Toutes ces postures que je me donne sont t’elles vraiment nécessaires.

De quoi j’ai peur ?

Tout est si étrange ce matin.

Le soleil brille, je suis heureux. Je viens de regarder un épisode de la série Dr house et j’ai plus d’émotions devant ma télévision que dans la vie réelle.

Je voudrais pleurer, être ému, rire quand je suis avec les autres en chair et en os, mais ce n’est jamais le cas.

Toutes mes émotions sont atrophiées… A la mort de mon cousin, de mon grand-père, je me souviens avoir pleurer, ça fait mal. C’était avant de tomber malade.

Aujourd’hui, je ne ressens que la peur, les angoisses mais jamais le plaisir d’être avec les autres. Tout doit être sous contrôle parce que sinon je pourrais rire lorsque j’apprendrais votre décès et cela ne serait pas très élégant de ma part… 

Je dois cacher toutes ces émotions, les mettre dans une boite et les enterrer. Je voudrais que ne restent que celles qui me feraient pleurer de joie lorsque je verrais mon enfant naitre, par exemple.

Ne pas sentir l’angoisse d’être diffèrent, seul au monde, malade, quand je suis le seul à ne rien ressentir lorsque tout le monde pleure.