Aujourd’hui je devais voir mon psychiatre. C’est un homme d’une cinquantaine d’années. Toujours sûr de lui, assis dans un fauteuil confortable, devant un bureau, face à moi. La première chose qu’il me demande à chaque fois, c’est « comment allez-vous ? ». Il écoute pendant quelques minutes puis fait le tri dans mes propos et en décortique le sens. Il donne alors quelques conseils, assez techniques que je dois souvent faire répéter dans un langage un peu plus clair. Il est détaché de mes souffrances. Je ne lui en veux pas, il ne peut pas porter toute la misère du monde. Les séances durent vingt minutes, c’est un peu court je trouve. Pourtant, sa simple présence me rassure, je lui donne peut être des pouvoirs de guérisseur qu’il n’a pas. En même temps, il me prescrit mon traitement et l’ajuste en fonction. C’est sur cette partie des soins qu’il est le plus utile, bien que la médecine ne soit pas une science exacte.
J’ai l’impression d’avoir beaucoup évoluer depuis toutes ces années de consultations. Je pense avoir grandi et avoir fait un gros travail sur moi, malgré la maladie. Il y a des symptômes qui ne peuvent pas se soigner, mais sur lesquels on peut travailler quand même, comme les angoisses, qui doivent être affrontées. La vie sociale qu’il faut développer. Des nouveaux traitements médicamenteux, seraient les bienvenus… En effet, les thérapies analytiques ont leur limite lorsque l’on est schizophrène.