J’ai cru avoir des supers pouvoirs. Notamment, interpréter les gestes ou le discours des gens qui parlaient autour de moi. Même s’ils ne me connaissaient pas, ils s’adressaient à moi. Dans un bus, ça peut-être euphorisant ou carrément angoissant. Je pouvais communiquer avec eux sans leur parler directement.
Il n’y a qu’en haut d’une montagne ou l’on peut se réfugier. C’est là où j’ai fait ma première crise. C’est pesant de tout ramener à soi. Surtout quand les sujets des interprétations font mal.
On ne sait plus où aller pour être tranquille. Aucun lieu sur terre n’est reposant et on finit par devenir complètement paranoïa, jusqu’au point d’exploser, ça peut mettre des années.
J’avais vraiment l’impression que tous les gens que je croisais dans la rue étaient au courant de ce que j’avais dans la tête, mes pensées, mes secrets…
Ma deuxième crise je l’ai fait dans un chantier de fouille archéologique avec toujours le même mécanisme maléfique. Je voulais peut être faire ma psychanalyse avec des gens qui creusent et qui cherchent des vestiges du passés.
J’ai beaucoup apprît sur l’extrême souffrance que l’on peut ressentir. J’ai mis des années à revenir sur les lieux de mes crises.
Leur simple évocation me rendait malade. Je crois qu’avec ces crises, je suis allé jusqu’au fond de moi. J’ai découvert la douleur et la folie la plus terrible.
A cette époque, je ne prenais pas de médicaments. Je peux grandement remercier la science même si rien n’est parfait pour l’instant. Il y a toujours des effets secondaires désagréables.
Aujourd’hui, je ne peux plus voir quelqu’un souffrir, je suis un peu traumatisé. Je ne supporte pas la violence qui entraine la souffrance.
Je n’arrive plus à regarder les bêtisiers, à la télévision, dans lequel les gens se cassent la gueule.