La fin de l’espèce humaine

La chaleur est déjà bien présente. Et cela ne fait que commencer. J’ai quand même pris le temps, de bonne heure, de faire un peu de course à pied. Hier dans l’après-midi, j’ai visionné à la télévision un reportage sur la plus grande prison de haute sécurité des états unis d’Amérique. J’aurai mieux fait de passer mon tour.

Je ne veux plus faire partie de l’espèce humaine.

Dans le documentaire, certains prisonniers se comportaient bien pire que des animaux. Il m’a fallu une nuit de sommeil, pour arrêter de penser en boucle à ce que j’avais vu et entendu. C’était vraiment envahissant.

Ce matin, je suis malgré tout encore perturbé.

Ma foi en l’espèce humaine en un pris un sacré coup. J’essaye au plus vite d’évacuer tout cela de mon esprit.

l’espèce humaine
l’espèce humaine

Les heures passant, je retrouve un peu de sérénité.

La porte fenêtre de mon appartement est ouverte en grand. Cette après-midi je fermerais mes volets, pour ne pas trop souffrir de la chaleur.

Il est clair maintenant que les activités de l’espèce humaine, sont responsables du changement climatique.

Sous les combles mal isolés, mon appartement risque d’être une vraie cocotte-minute. J’éspere que mon état psychique ne va pas se dégrader lui aussi. Il faut que je tienne le coup.

Je me souviens de la canicule de 2003. Cela avait été assez dur. Surtout la nuit.

Demain et toute la semaine, l’association de patients est fermée. Je vais encore me sentir bien seul. Cela me pèse surtout en milieu d’après-midi.

Hier je n’ai presque parlé à personne. Je ne vais pas spontanément vers les autres. Je me réfugie dans mon appartement. En évitant toute visite. Les angoisses viennent alors le gagner. Je me demande si j’existe vraiment ou si je ne suis pas dans un cauchemar. Et puis le matin, ça va un peu mieux.

Les anxiolytiques

La fatigue est intense. J’ai beaucoup de mal à sortir de mon canapé. C’est souvent le cas en début d’après-midi. La forte dose de pilules que je prends, comme les anxiolytiques et les neuroleptiques, en sont en partie responsables. D’ailleurs sur les boites des médicaments, il est indiqué que la conduite d’un véhicule est fortement déconseillée. De toute façon, je n’ai pas le permis de conduire. Je serais de toute manière trop angoissé à l’idée d’être au volant d’un engin, qui pourrait être mortel pour moi ou pour les autres. Je me contente donc de la marche ou du bus.   

Les anxiolytiques
Les anxiolytiques

Je n’ai plus la force psychique ou physique de faire quoi que ce soit. Je suis littéralement abruti. Il n’y a que l’écriture, comme activité, qui est encore possible. D’ailleurs j’ai créé une cagnotte pour m’aider à financer l’hébergement de mon blog, voir ici.

Le lorazépam

Je prends en autre, 2mg de lorazépam, matin, midi et soir. C’est un des anxiolytiques que l’on donne en première instance. Il y a 20 ans, lorsque l’on a commencé à m’en prescrire, l’effet était assez saisissant. Il y avait un bien être immédiat, une sorte d’euphorie. Aujourd’hui je ne ressens plus rien. En revanche, c’est une vraie drogue. Il faut même se faire hospitaliser si l’on veut arrêter. Les effets de manques sont essentiellement des grosses angoisses et un mal être intense… C’est l’enfer sur terre.

De plus, aujourd’hui il existe des études qui démontreraient l’effet délétère des anxiolytiques sur la mémoire.

Je suis au dosage maximum. Je ne me sens donc pas très à l’aise avec ce produit, que l’on prescrit maintenant avec plus de parcimonie et sur des durées courtes.

Au fur et à mesure que je tapais sur mon clavier. Ma fatigue psychique a diminué. C’est l’effet bénéfique de l’écriture. Bien plus que n’importe quel médicament.

Je suis schizophrène et j’imagine toujours le pire

Ce matin, les choses ne vont pas trop mal. Je tourne quand même un peu en rond. Comme souvent. De plus, une douleur à l’articulation gauche de la mâchoire, depuis quelques jours, m’a poussé à faire quelques recherches sur internet. Je n’aurai pas du. Je suis maintenant persuadé que cela est grave. Et d’après ce que j’ai lu, ma mâchoire pourrait se bloquer m’interdisant de m’alimenter normalement. J’imagine toujours le pire.

j’imagine toujours le pire
j’imagine toujours le pire

Il y a une heure, je suis sorti un peu dans mon lotissement. Il n’y avait pas grand monde. J’ai salué deux trois voisins. Je n’avais pas vraiment envie de discuter. Je me suis alors contenté d’un simple signe de la main.

Malgré tout.

Je pourrais dire ce matin que je suis heureux. Même si pour mon futur, j’imagine toujours le pire. Je voudrais éviter une nouvelle hospitalisation en milieu psychiatrique. Cela dépendra en grande partie de ma capacité à ne pas trop interpréter les propos des autres. Encore hier, les paroles d’une voisine résonnent dans ma tête, lorsqu’elle m’a dit « soigne toi !!! ». Il s’agissait de mon genou heureusement. Mais moi, dans le flot de la discussion, je l’ai pris comme une mise en garde, concernant mon état psychique. J’imagine toujours le pire.

Dans quelques jours.  

Mardi pour être plus précis. Je vais retourner à l’association de patients. J’éspere arriver à prendre le bus pour m’y rendre. Ce n’est pas une action qui va de soi. Il y a le regard des autres passagers, qu’il faut éviter. Ainsi que les crises d’angoisses qu’il faut juguler. Je me suis déjà retrouvé enfermé dans un train. A devoir les gérer. Ce fut l’une de mes pires souffrances. J’ai vraiment cru que j’allais mourir. J’étais comme un papillon pris dans une toile d’araignée. Sachant d’avance, qu’il allait être dévoré. Depuis, je n’ai jamais repris ce moyen de locomotion. Cela fait 20 ans.

Je suis un schizophrène énervé

Je me sens plutôt bien. Même si je suis encore un peu énervé. Ce matin, j’ai parlé à une dame qui habite dans ma rue. De plus en plus je me mets à interpréter les propos des gens, pour leurs donner une signification cachée, que je serais le seul à comprendre. Comme si j’avais un don et une mission divine sur cette terre. Tout cela est bien sûr des élucubrations. Mais c’est plus fort que moi, je ne peux pas m’empêcher de délirer.

Je suis un schizophrène énervé
Je suis un schizophrène énervé

J’ai déjà été conduit en milieu psychiatrique, énervé, à cause de cela. Pour le moment, j’ai le sentiment de pouvoir gérer ces délires. Grandement aidé par mes neuroleptiques.

Je sais que dans mon appartement, si la télévision ne me parle pas, je suis moins soumis à cette folie.

Quand je sors, j’aimerai que la rue soit complètement déserte. Que je puisse marcher sans devoir sourire, dire bonjour maladroitement, gêné…

Je suis moins énervé que tout à l’heure. Je suis même un peu fatigué. Comme éteint. Je n’ai plus de force.

Mais j’ai toujours au plus profond de mon être, tous ces délires mystiques. Je ne pense pas réussir un jour à les évacuer complètements. C’est comme un fardeau que je devrais porter toute ma vie. Qui cependant me fait vivre et rallume la petite flamme en moi. Quand je n’ai pas le moral, que je suis au fond du trou, elle me réconforte. Et puis tout cela donne une raison de vivre. Qu’elle intérêt sinon, de faire un passage sur cette terre. Juste pour être le plus beau, le plus fort, le plus riche…

Il faut que je me calme. Je pense avoir déjà dit beaucoup de bêtises. Je devrais plutôt profiter des bons moments. Je dis cela mais je n’y crois pas une seconde. Je me demande à quoi bon être sur cette terre sinon.

Je suis schizophrène et je vais craquer

Aujourd’hui je suis énervé. Depuis le réveil. Je n’arrive plus à tenir en place. Si je pouvais crier sans que l’on m’entende, je le ferais. J’ai l’impression d’être sur le corde raide. Il suffirait de peu pour que je bascule. Je suis sous pression. Je vais craquer. Alors, j’évite au maximum le contact avec les autres.

Craquer schizophrène
Craquer schizophrène

De plus, j’ai l’impression que mon esprit se détache de mon corps. Cela me provoque des angoisses. C’est assez étrange comme sensation. Je me demande pourquoi j’ai des bras et des jambes. Ils sont comme des poids morts que je dois trimbaler. Mes pensées s’échappent et filent alors que mon corps fait du surplace. Attention au point de rupture.

Je prends une profonde respiration et j’essaie de me rassembler.

Mais rien n’y fait. Je passe à côté de ma journée. C’est dommage. Le temps passe si vite.

C’est dans ces moments-là que je me sens pleinement schizophrène. Aussi lorsque j’essaie de parler à quelqu’un et que je ne trouve plus mes mots. Je balbutie jusqu’à rendre mal à l’aise mon interlocuteur.

Je suis à bout. Il me faudrait un nouveau cerveau tout neuf. Le miens est complètement cabossé.

J’ai besoin d’une bonne nuit de sommeil et recommencer la journée à zéro.

Là je vais craquer. Le tintamarre d’une scie circulaire, dehors, m’est insupportable. Ça raisonne dans ma tête.

Je ne sais pas comment la journée va se terminer. Il reste encore de nombreuses heures à tenir.

Je ferais peut-être bien d’utiliser la contention pour me tenir attaché à mon lit. Au moins jusqu’à demain matin. Ainsi je ne pourrais faire de mal à personne.

Pardonnez-moi, aujourd’hui mes écrits sont brouillons. Je ne peux cacher que je suis schizophrène. Mes propos et gestes désarticulés en sont la signature. J’ai toute ma place d’en un hôpital psychiatrique.

La maladie me fatigue

La fatigue m’assaille. Tous les jours après le déjeuner, vers 14H00, je ne tiens plus debout. Je suis alors obligé de m’installer dans mon canapé. Aujourd’hui ne fait pas exception à la règle. Il n’y a véritablement que le matin ou je suis dynamique.

fatigue et canapé
fatigue et canapé

Il faut aussi voir la quantité impressionnante de médicaments psychotropes que j’ingurgite. Un peu comme une oie que l’on veut gaver. C’est bien simple, je suis un vrai zombie. Mon cerveau tourne au ralenti. Lorsque l’on me parle, les sons arrivent de manière lointaine. Je ne comprends pas toujours tout. Cela me donne un petit air bête.

C’est aussi pour cela que je me replie sur moi-même. Je ne me sens rarement à l’aise dans un groupe. Je suis souvent la cinquième roue du carrosse. Celui que l’on n’écoute pas vraiment.

Tout va toujours trop vite et je ne fais que suivre.

Je préfère donc rester seul. Ou discuter avec les autres par petite touche. Notamment lorsque le matin, je vais à l’association de patients.

Je pense être un inadapté social. Cela a toujours était très compliqué pour moi à gérer.

Là je suis dans mon appartement. La plus crépite sur les carreaux. Je suis seul. Je ne me sens pas trop mal. Je suis fatigué mais assez serein. C’est surement de l’inconscience mais je me vois un avenir facile. Sachant que lorsque l’on est schizophrène, les rechutes sont rapides et les améliorations lentes. J’en ai fait plusieurs fois l’amer expérience. L’on croit avoir fait le plus dur et il faut souvent recommencer. Et cela prend du temps.

Cet après-midi, la fatigue m’obligera encore à rester de longs moments dans mon canapé. L’on ne s’y habitue jamais vraiment. Et lorsque je vais marcher un peu dans la rue, je suis épuisé au bout d’une centaine de mètres. Autant psychiquement que psychiquement.  

Hier j’ai regardé des reportages sur les hôpitaux psychiatriques

Hier, j’ai passé une partie de mon après midi à regarder des vidéos sur YouTube. Il s’agissait de reportages sur les hôpitaux psychiatriques français. On n’y voyait beaucoup de schizophrènes en grandes difficultés. Des Hommes qui avaient presque complètement perdu tout contact avec la réalité. On pouvait heureusement y voir des infirmiers dévoués.

Malgré tout, les méthodes de soins utilisées restaient moyenâgeuses. Les punitions étaient monnaies courantes. Les règlements censés apporter un cadre étaient trop liberticides…

Reportages dans les hôpitaux psychiatriques
Reportages dans les hôpitaux psychiatriques

Je me suis déjà retrouvé dans ce genre de structure, à plusieurs reprises. J’espère ne pas y retourner, même si la guérison totale pour une personne souffrant de schizophrénie est, disons, hors de portée en l’état actuel des connaissances scientifiques.

Les reportages montraient des lieux vétustes. Avec une majorité de patients fumeurs. Souvent infantilisés…

J’avoue qu’au bout de deux heures de visionnage, il me fallait faire un break. Même passer complètement à autre chose. Cela avait ravivé en moi, des souvenirs désagréables. Ma soirée fut donc un peu terne.

Heureusement pour moi, ce matin, j’avais retrouvé ma sérénité.

J’ai pu me rendre à l’association de patient dans un bon état d’esprit.

Pour en revenir aux reportages, il y a 20 ans, je n’aurai pas pu en regarder même 1 minutes. Cela me renvoyait trop à ma condition de malade, que je n’acceptais pas.

Aujourd’hui, j’ai compris que je ne suis qu’une simple personne souffrant de schizophrénie. Avec je l’espère, encore beaucoup de décennies à vivres loin des hôpitaux psychiatriques.

Nous sommes 600 000 en France. Si nous descendions tous dans la rue, nous pourrions surement avoir des droits supplémentaires, plus de respect et moins de stigmatisation…

C’est un doux rêve que je caresse depuis un bon moment. La révolte des schizophrènes !!! La marche des parias. Cela ferait surement du bruit. La révolution est en route.

Mes pensées mystiques

Aujourd’hui je ne me sens pas trop mal. Cela fait 15 jours que je prends du sulforaphane. C’est un complément alimentaire à issu de pousse de brocoli. Une étude montrerait son efficacité pour lutter contre les symptômes de la schizophrénie. Pour l’instant, j’en suis assez satisfait. Même si son prix reste assez élevé.

Mystiques
Mystiques

Mes pensées sont t’elles toujours rationnelles ?

Hier je suis allé chez le coiffeur sur un coup de tête, dans la galerie marchande du centre commercial pas loin de chez moi. Il y avait deux coiffeuses et 15 minutes d’attente. Je n’aime pas trop parler mais là, entres les coups de ciseau et de tondeuse, je me suis senti un peu obligé. J’ai toujours l’impression d’être à côté de la plaque. Apparemment les choses ne se sont pas trop mal passées. Je ne pense pas avoir dit trop de bêtises. Je suis parti sereinement. Sous le sourire bienveillant des deux employées.

En rentrant chez moi, des pensées mystiques se sont mises à tournoyer dans ma tête. Dans ces moments-là, il n’y a plus de limites… Aujourd’hui j’en ai honte mais hier je me suis pris pour l’élu. Une sorte de demi-Dieu. C’est très déroutant. Je n’ose plus alors à sortir de chez moi. Inquiet de perdre tout contact avec la réalité.           

Il a fallu une bonne nuit de sommeil, pour que je me dise que je souffrais simplement de schizophrénie. Je préfère cela. C’est invivable sinon.

Aujourd’hui j’ai rendez-vous chez ma psychiatre.

Dans deux heures je vais devoir aller en centre-ville pour ma consultation. Je vais pourvoir parler à ma psychiatre de mes pensées mystiques. Elle est toujours à l’écoute de mes problèmes et essaie de les comprendre. Cela me permet de remettre un peu les pieds sur terre, même si c’est frustrant sur le coup. Mais finalement cela me fait du bien.

Les angoisses d’un schizophrène

Dans mon appartement mal isolé, la chaleur est déjà suffocante. Vers 7 heures du matin, je me suis quand même accordé un petit jogging. Heureusement, il faisait encore frais. Je n’ai quasiment croisé personne. Je n’aime pas trop le regard des autres.

Crise
Crise

Justement hier, après quelques courses dans l’hypermarché de mon quartier, en fin de journée, j’ai été confronté à une grosse crise d’angoisse. J’étais dans mon canapé lorsque ma respiration s’est accélérée. Aussi soudain et violent qu’un orage, toutes sortes de pensées se sont mises à tournoyer dans ma tête. Les pires scénarios, les plus déstabilisants, m’ont harcelé pendant de longues minutes. Ce n’est que vers 18 heures, lorsque j’ai pris mon traitement, que la sérénité est revenue.

Je suis régulièrement soumis à ce type de crise. Je me sens alors encore bien fragile. Même si lorsque tout va bien, je me sens indestructible.

Aujourd’hui, justement j’espère passer une journée agréable.

J’aimerai me lancer dans un barbecue, pour sentir l’odeur de la viande griller tout doucement, dans un panache de fumé.

Malheureusement pour moi, je n’ai ni jardin ni balcon. Je me contenterai d’une balade dans le parc à côté de chez moi. Il est composé de nombreux petits étangs, très rafraîchissants. Idéal pour une journée comme aujourd’hui.  

En écrivant, je regarde mes mains.

Ces dernières comme mon visage sont tachetés de surfaces blanches, dépigmentés. Je souffre d’un vitiligo. C’est assez déroutant est peu esthétique. Il n’y a rien à faire cela ne se soigne pas. C’est en partie génétique.

Il faut voir plus loin.

Demain, l’association de patients rouvre ses portes. Je vais pouvoir retrouver un semblant de vie sociale. J’éspere arriver à prendre le bus pour m’y rendre. Ce n’est pas encore gagné. Ce n’est pourtant qu’à 20 minutes. Mais à plusieurs reprises, complètement angoissé, je suis descendu à peine monté.