Le ciel tombe sur cette journée mélancolique. Ce matin, je suis allé à l’ association de patients psy. En l’absence de l’animatrice, j’étais le responsable. L’ambiance était sereine et les gens échangeaient entres eux, autour d’un café. Didier est arrivé, avec son allure sûre de lui. C’est un grand gaillard de plus de 50 ans. Une odeur de crasse l’accompagnait. Sous ses longs ongles noirs, se cachait une excroissance de peau et de chair. C’est pour cela qu’il ne pouvait les couper. C’était la tête brulée du groupe, bien qu’avec l’âge, il se soit assagi.
Une dame ayant connu l’ association de patients psy par un autre adhérent, est venue se présenter. Elle était assez sociable, est à tout de suite était intégrée par le groupe, qui lui a offert un café.
Cette dame vit actuellement dans des appartements thérapeutiques. C’est une sorte de sas médicalisé, avant de reprendre un appartement dans le milieu ordinaire.
Demain matin, je serai de nouveau responsable de ce groupe d’une dizaine de personnes. L’association de patients psy ne ferme jamais, même quand l’animatrice est en congés.
C’est un peu ma fierté, en tant que président de cette association de patients psy.
Nous accueillons toutes les personnes qui à un moment donné, n’arrivent plus, ou ont besoin d’une aide sociale, de liens sociaux, avant de réintégrer complètement la société. Il y a de nombreuses pathologies psychiatriques, ou justes des gens souffrants de solitude.
Demain matin, je serai encore responsable de l’accueil. Cela me donne, moi qui suis schizophrène, une raison de me lever et de faire quelque chose d’utile de mes journées.
C’est pour cela que l’état a mis en place ce genre de structure.
Pour l’heure, le soleil est couché, mes volets sont clos et je peux enfin me détendre. Je suis dans mon cocon, bien à l’abri.
L’immeuble est dans une torpeur rassurante. Il n’y a que quelques odeurs de cuisine qui arrivent jusqu’à moi.