Ça ne va pas trop mal cette nuit. Je suis excité, je danse et chante au rythme de la musique que ma chaine musicale diffuse. C’est un moment de répit que j’apprécie. Il faut que je profite, car dans quelque heures, quand le soleil sera levé, ce ne sera pas la même limonade.
Je ne supporte plus la présence des autres. Ou a très petite dose. Et puis c’est le weekend, une raison de plus pour rester chez soi.
Il y a encore quelques mois, je ne refusais pas les contacts humains. J’essayais même d’en avoir le plus possible. Mais là s’est terminé. Je veux juste souffrir le moins possible. Certains diront que je vis comme un ermite. Eh bien c’est vrai. Je vis la nuit.
J’ai conscience que je me replis sur moi et que revenir en arrière sera de plus en plus compliqué.
C’est parce que j’ai accepté que je ne guérirais jamais. Cette satané schizophrénie a gagné.
Il y a quand même les courses, les rendez-vous chez ma psychiatre… Deux trois bricoles que je ne pourrais pas éviter.
En attendant, les oiseaux commencent à chanter. Prémices du soleil qui va se lever.
Le feu brule dans l’insert. Il fait 18 degrés. Je vis dans une passoire thermique. Un petit logement vieillot, que je loue une fortune.
Pour faire les courses, je mets ma capuche. Ainsi, je me sens protégé. On ne voit presque plus ma tête. Et puis, je vais le plus vite possible.
Une fois rentré, je ferme ma porte à double tour et parfois je coupe même la sonnette. Je ne veux plus qu’on m’approche. Je vis dans mon univers, avec mes pensais un peu délirantes, mais là il n’y a personne pour me contre dire, et c’est bien ainsi.