Schizophrène un jour schizophrène toujours.

Arrêter de croire que les schizophrènes sont violents. Jacques, même en phase aigüe, n’a jamais eu le moindre geste pouvant mettre en danger la sécurité de quelqu’un.

Jacques a cependant des rêves : avoir assez d’argent pour se payer une jolie petite infirmière qui pourrait le sortir un peu de chez lui, calmer ses angoisses quand il est seul ou lui montrer de l’intérêt…

Jacques n’est pas violent mais a besoin d’amour comme tout le monde. Il est cependant incapable de parler de sa maladie à ses amis, de créer naturellement des liens affectifs. Il est trop paranoïaque. Il se méfie de tout le monde.

Jacques et le telethon

Jacques imagine un telethon pour les personnes souffrant de troubles psychiques, puis il se reprend.

Qui aurait envie de donner de l’argent pour soigner les schizophrènes, les bipolaires, les dépressifs ou les borderlines?

Ce n’est pas très vendeur. Un enfant en fauteuil roulant ça le fait plus !!!

En plus chaque fois qu’on entend parler d’un schizophrène c’est parce qu’il a poussé une personne sur les rails du métro ou tué quelqu’un.

Vraiment, ce n’est pas de bol que cette maladie lui soit tombée dessus.

Jacques revient à son idée de telethon et imagine 24 heures en direct dans des hôpitaux psychiatriques, à voir des gens qui bavent et qui clament qu’ils sont dieux… Qui regarderait cela ?

Jacques et les angoisses

Jacques est schizophrène. Il a souvent le cerveau complétement dispersé. Dans sa tête tout s’effondre. Quand une idée l’angoisse et qu’il arrive à la juguler, une autre encore plus forte surgit et ainsi de suite dans une spirale qui le plonge dans la terreur.

Dans ces moments-là, Jacques est obligé de se faire aider par une bonne dose de tranquillisant. Le soir quand cela, arrive il peut passer une nuit blanche.

Jacques se dit que merde vraiment c’est trop injuste. Pourquoi lui ?

Jacques et le théâtre, fin.

Jacques est vraiment dans le fond du trou. Il décide d’appeler la responsable de la troupe pour lui annoncer la décision qu’il a pris de ne pas jouer le spectacle. Son estomac se tord lorsqu’il entend la voix de son interlocutrice.

Il sait que le plus dur reste à venir….

Son interlocutrice est vraiment en colère lorsque Jacques lui explique. Il se sent mal, idiot, coupable et inutile mais déjà le stress diminue et ses muscles se décontractent.

Une fois le téléphone raccroché, il est soulagé. Vraiment la vie de schizophrène !!! Il va devoir passer quand même quelques heures dans son lit pour atténuer la sensation de nullité qui l’envahie.

Jacques et le théâtre.

Ce matin, Jacques a des angoisses. Tout le weekend il a vécu avec une boule dans le ventre. Des vagues d’angoisses dans le ventre, la tête, des mains qui tremblent et de la culpabilité.

Je vous explique. Jacques fait partie d’une troupe de théâtre et lundi après-midi, il doit jouer pour la première fois devant un public.

La troupe ne pourra pas faire ça représentation sans lui. Seulement Jacques se rend compte, que c’est au-dessus de ses forces. Vraiment, c’est trop dur.

Personne ne sait qu’il est schizophrène dans la troupe. Jacques n’a qu’une seule solution pour soulager sa souffrance, annuler la représentation.

Il sait qu’il sera soulagé presque instantanément. Mais il sait qu’annoncer sa décision à la troupe le fera souffrir beaucoup aussi.

Jacques n’a qu’une seule idée en tête, annuler, annuler…

Que va faire Jacques ?

Le schizophrène hurle.

Jacques se souvient du jour où tout a commencé. Le jour il a explosé, hurlant dans la rue pendant de longues minutes, près d’un poste frontière. Ce moment-là ou toute la souffrance accumulée pendant des années c’est libérée. Ce moment-là où il ne discernait plus le réel de l’irréel. Des vagues de cris se sont succédé, venant résonner contre une montagne toute proche.

C’est à partir de ce moment-là que les angoisses et le mal être est apparu. A partir de là qu’on l’a appelé le schizophrène.

Un schizophrène ordinaire.

Jacques est heureux aujourd’hui. Peut-être l’approche des fêtes, et surtout le soleil qui inonde son appartement sont des bons antis dépresseurs.

Hier, il s’est couché de bonne heure mais n’a pas réussi à dormir. Des vagues d’angoisses, toujours les mêmes l’ont obligé à prendre un Temesta. Médicament qui a fait son effet le plongeant dans un bien être ouateux.

Jacques a ses moments. Il sait que cet après-midi ce sera plus dure, c’est tous les jours comme ça. La schizophrénie est vraiment une sale maladie.

Il rêve d’un téléthon pour cette maladie. Que toute la France se mobilise et que des découvertes soient faites.

Jacques rêve beaucoup, comme d’imaginer qu’il va gagner au loto, que ses cheveux vont repousser…

L’espoir fait vivre et Jacques espère toujours trop et finalement il est déçu. Il est trop enthousiaste, trop impulsif, insatisfait en fait.

Jacques, schizophrène, ne va pas bien.

Jacques sait que pour un schizophrène, chaque contrariété ou stress provoquent des souffrances qui l’obligent à aller se mettre dans son lit.

Une fois dans son lit Jacques broie du noir et imagine les pires scénarios. Son environnement se liquéfie. La porte de son réfrigérateur va s’ouvrir malgré qu’il ait vérifié dix fois qu’elle soit bien fermée et mettre le feu à son appartement. En appelant son père, ce dernier va avoir un accident en décrochant au volant. Ou alors, Jacques ne saura plus remplir son dossier d’allocation, l’obligeant à vivre dans la rue.

Jacques prend la couverture pour la mettre sur sa tête pour se couper du monde. Il a vraiment mal et n’est plus capable de rien.

Jacques rêve d’une vie sans stress ou angoisses inutiles.

Dans ces moments la Jacques est comme pris dans les phares d’une voiture. Sa schizophrénie a pris le dessus et il doit attendre une heure ou deux que les choses se calment avant de mettre en pied en dehors du lit.

Et surtout que personne ne sonne à la porte de son appartement, pitié, il ne veut voir personne.

Un schizophréne au travail.

Aujourd’hui Jacques n’a pas mal au ventre au bureau. Il se sent bien. Il en oublierait presque qu’il est schizophrène.

C’est vraiment une sale maladie se dit-il. Mais au fur et à mesure que son chef lui donne des ordres, le stress monte et Jacques ne sais pas comment l’évacuer. Au bout de quelques heures il est ailleurs et doit se réfugier dans les toilettes.

Cela fait un bout de temps qu’il est là. Quelqu’un frappe à la porte. Angoissé, il ne veut voir personne, il veut juste rentrer chez lui et se mettre sous la couette. Chaque parole et comme un boomerang dans sa tête et lui fait perdre tout sens de la réalité.

En sortant des toilettes, il ne vraiment pas bien du tout. Il se retrouve dans un grand hangar en tôle qui accentue son mal être. Les lumières et les sons tournent autours, pénètrent son corps et l’agressent. Le bruit des ordinateurs et des machines de pliage et de découpage lui hérisse le poil.

Il se dit que c’est une épreuve, qu’il n’est pas schizophrène. Jamais, cette maladie !!! Ma la simple vision de ses collègues de travail et trop dure à supporter. Le grand hangar est devenu un piège mortel duquel Jacques doit fuir au plus vite, avant d‘exploser.

Au moment de sortir, il croise un de ses collègues et croit l’entendre dire schizophrène. La lourde porte en acier du hangar se referme et Jacques et dehors, ouf !!!

Pas facile la vie de schizophrène.

Dans la rue Jacques, un schizophrène, marche vite pour aller à son bureau. Les trottoirs sont sales, les gens nombreux et c’est tout un sport pour les éviter. Surtout les regards, les gens sont bizarres pense Jacques. Il s’imagine dans un monde où nous serions tous schizophrènes.

Un monde de folie ou les gens ne sauraient plus s’ils sont dans le réel ou l’imaginaire. Juste des fantômes qui se croiseraient.

Jacques, dans sa tête, imagine des gens pris de crises de schizophrénies qui se mettraient à hurler sans raison. D’autres urineraient contre les murs, ou seraient prostrés par terre atteints d’une crise de panique dans une indifférence générale.

Jacques a peur, il préfère la douceur de son appartement aux rues des grandes villes qui fourmillent de crasse.

Et si tout n’était qu’illusion, tout ça… S’il ne construirait pas lui-même son environnement au fur et à mesure. A cette simple pensée une crise de panique envahie son cerveau. Vite vite, il faut que je sorte, mais pour aller où ?

Dans une rue piétonne, un homme habillé en bleu lui tend un journal gratuit. Jacques le prend et essaie de se concentrer sur un article pour calmer son angoisse.

Enfin, il rentre dans son bureau.