J’ai l’estomac replié sur lui, à cause de la douleur.

Les relations humaines sont compliquées. J’ai toujours l’impression d’être à côté de la plaque, dans les discussions… Avant de rencontrer des gens, je prépare ce que je vais dire. Ce n’est pas très spontané. Certaines personnes veulent me voir parce que je n’aime pas couper leur monologue et d’autres m’évitent parce que je suis provocateur. Je fais des gaffes, surtout avec les femmes qui me plaisent.
Mes mots s’emmêlent les uns dans les autres et je rougis.

Je me sens franchement rejeté et puis comme en plus j’angoisse quand je vais vers les autres, la situation est compliquée.

Il faudrait que je sorte plus mais souvent la souffrance m’oblige à me mettre sous la couette. C’est mon refuge.

J’ai un peu déposé les armes. Je sais que si je me forçais à sortir plus je me sentirais mieux. Mais bien souvent je suis au bout des limites de la souffrance. Comment simplement penser à travailler et à fonder une famille alors que me vie est un désastre social…

Il me reste juste assez de force pour paraitre quand je suis en société. Sourire m’arrache la mâchoire et je dévie les conversations lorsqu’on me pose des questions personnelles.

Je suis juste un fantôme qui essaye d’exister, mal à l’aise avec les autres. Je réfléchis sans arrêt pour anticiper ce que les autres vont penser de mes propos. Il m’arrive de réfléchir pendant des heures sur le sens de deux trois phrases échangées comme si ces mots pouvaient avoir un sens cachés.

J’attends la réponse d’un sms qui ne viendra jamais.

La tête qui tourne

Ne pas se faire rejeter, être attiré. On est tous un peu confronté à cette équation. Je n’arrête pas de penser à une femme. Plus j’approche et plus elle recule mais inversement aussi. Je suis parfois gamin et provocateur, cela n’aide pas forcement.

Quels mots choisir ? S’il y avait une boule de cristal qui pouvait me souffler ce que je devais dire ou faire.

Mais je suis obligé de tâtonner, d’apprendre à la connaitre. Ne pas faire de gaffe, je suis le roi. Qu’est-ce qu’elle aime bien chez moi ? Il n’y a peut-être pas de solution.

Je d’espère, j’abandonne… C’est mieux ainsi.

Au bout de plusieurs mois de silence elle revient. Je ne contrôle plus rien, cela m’agace. Cette fois si je ne me laisserai pas ensorceler. Cela lui plait, c’est étonnant. Elle veut de moi mais je refuse, je ne suis pas une girouette. Elle veut m’embrasser, comment lui refuser ?

J’ai rencontré un homme malheureux

Un homme qui voulait contrôler les autres, sa famille, ses amis et les évènements du quotidien… Il ne supportait pas que les autres lui résiste et bien sûr il était souvent malheureux, frustré et en colère.

Il n’avait pas compris qu’un être humain c’est comme un bambou, ça ploie mais ça ne cède pas forcement, mais il voulait toujours être le plus fort en tout.

Il en voulait aussi à dieu pour les évènements qui ne se passaient pas comme il le souhaitait. Il avait fini par être en colère contre la terre entière parce que bien sûr on trouve toujours plus fort que soi.

Son père se moquait toujours de lui et il ne disait rien. C’était la seule personne qui avait grâce à ses yeux et qu’il n’osait défier.

Ca l’énervait beaucoup. Ils se vengeait sur les autres des moqueries de son père.

 

Les gens

Les gens ne se comportent jamais comme l’on s’y attend. Une fille vous aime bien puis sans connaitre la raison ce n’est plus vrai le lendemain.

Un ami vous reproche de ne pas être ce qu’il veut et d’autres reviennent vers vous. Les relations humaines sont comme une grande loterie dans laquelle chacun cherche son chat. Il faut savoir tourner des pages et nouer des liens.

Aujourd’hui, même dans le mariage, il n’y a plus de stabilité. Aimer un jour et détester le lendemain.

Et puis en même temps on ne peut pas vivre seul, alors il faut composer. Tout va de plus en plus vite, on pense avoir trouvé la bonne personne et comme à chaque fois on se raconte une histoire.

L’excitation de la nouveauté fait oublier qu’on reste le même, qu’on ne change pas et que cette nouvelle histoire est vouée à l’échec.

Mais bon, il faut bien occuper ses 80 ans à vivre. On vit au rythme des disputes, des réconciliations et de l’indifférence…

En même temps on s’ennuierait s’il n’y avait pas tout cela, c’est le tourbillon de la vie. Des gens s’éloignent alors que l’on souhaiterait qu’ils restent. On est en colère, on veut rattraper les choses mais c’est trop tard.
On dit souvent que la première impression est la bonne mais je pense que c’est plutôt la dernière. On montre son côté le plus sombre. On est impuissant, énervé, ça tourne en boucle dans sa tête sans que l’on ne trouve de solution. C’est un coup à finir devant le tribunal pour harcèlement.

Vous êtes des robots

Toujours cette même musique qui me fait souffrir du matin au soir. D’abord dans la tête puis dans tout le corps. Existe-t-il un paradis, un endroit dans le temps et dans l’espace où l’on ne souffrirait pas ?

Faut-il mourir pour y accéder ? Doit-on continuer à faire semblant d’aller bien ? Compter les minutes et tourner en rond dans 15 mètres carrés et ne pas savoir où l’on va, ni qui l’on est vraiment, avec l’envie d’appuyer sur la détente.

Et si tout cela n’était qu’une gigantesque farce. Que toutes les souffrances vont s’arrêter, que le décor va apparaitre au grand jour.

Tous les jours je me lève en me disant cela mais je continu à jouer le jeu. Ce jeu que je ne comprends pas très bien.

Faire semblant d’être comme tout le monde, pour que mon psychiatre soit content, pour ne pas embêter mes parents, pour continuer à avoir un ou deux amis…

Je n’ai qu’une seule envie, hurlé en plein milieu de la rue. Appeler les gens sans raison, puis raccrocher tout de suite. Lancer une chaise par la fenêtre. Ne plus respecter les codes.

Ne plus être ce robot qui ne réfléchit plus mais qui fait ce qu’on lui demande.

Les amis

Quand on a une fêlure, un ami devrait être capable de comprendre. Mais apparemment ce n’est pas toujours le cas. Les gens veulent être écoutés même si ce qu’ils ont à dire fait résonnance et fait mal. Malgré toutes les explications, comment considérer quelqu’un qui sait qu’il vous fait mal et continu quand même ?

Un ami est-il vraiment un ami s’il n’est pas un minimum capable de mettre certain sujet en sourdine et d’arrêter de penser uniquement à lui parce que ça le soulage?

Je ne pense pas que ce genre de personne soit véritablement un ami.

Quand on les écoute les gens vous prennent pour un psy, et ils déballent tout. Sans se soucier de la façon dont vous allez recevoir leur propos.

C’est moi qui suis malade et les gens se confient à moi. Il n’y a quelque chose qui ne va pas. J’ai décidé de dire stop.

Je suis sans doute trop gentil, trop à l’écoute des gens. Bon bien sûr je mets certaines barrières, mais c’est plus fort qu’eux, les gens ont besoin de modeler les relations en fonction de leurs envies.

Et dans tout ça je n’existe pas. Les gens ne comprennent pas et forcement l’élastique finit un jour par lâcher, J’pète les plombs et je perds un ami.

Si vous me laissiez parler

Je frissonne, j’ai envie que toute la terre m’écoute. Comme un discourt à l’humanité toute entière. Je vous imagine derrière votre poste de télévision, de radio, sur internet, en streaming sur votre smartphone, votre ordinateur ou à côté de moi. Je vous dirai d’un ton calme que je suis schizophrène. Je vous dirai de ne pas avoir peur de nous, nous ne sommes pas violents.
Nous avons peur. La vie et le monde nous angoisse. Les lois nous stigmatisent. L’imaginaire collectif nous voit comme de terribles criminels alors que nous restons cachés dans nos logements, derrière des cartons dans la rue ou enfermés dans les hôpitaux. Nous sommes le peuple de l’ombre car nous n’allons pas discuter avec vous. Nous restons en marge de la société, sans travail, sans droit de vote pour certain.

Nous ne voulons pas la gloire mais juste arrêter de souffrir. La science ne sait pas complètement nous soigner. Bien sûr nous sommes différents, nos propos sont parfois incohérents, voir délirants…

Nous pouvons avoir des hallucinations auditives, visuelles. Nous sommes des cabossés de la vie.

Nous avons été les premiers à connaitre la solution finale. Nous pourrions être le peuple élu tellement « l’éternel » nous a mis et nous met tous les jours à l’épreuve.

Nous sommes schizophrènes, changez votre regard pour que nous puissions vivre un peu plus normalement.

 

J’ai cogné mes idées contre un mur et je ne me sens pas très bien.

Je m’imagine tenir un revolver contre la tempe. Le monde entier qui me regarde et devoir appuyer sur la gâchette pour le sauver. Un intense sentiment de vide, d’espoir, de tristesse et d’amour m’envahissent. Je me sens de plus en plus seul. Je dois abandonner ma famille mes amis et tous les êtres humains pour les sauver. Je n’ai pas envie de mourir. Je serai seul à tout jamais car personne ne pourra venir. Mon acte restera à jamais gravé dans vos cœurs. Plus aucun être humain ne parlera comme un ami. Je n’aurai plus de père mais que des fils et filles. Je serai perdu dans l’univers sans repère puisque c’est moi dieu. Le vide absolu sera ma demeure pour l’éternité avec le soleil et les étoiles comme paysage.

Je suis saoulé

Je suis schizophrène. Ça pourrait être une insulte. Quand je regarde les gens dans le bus, je me sens handicapé. La loi de 2005 nous reconnait ce statut. Ce n’est pas juste une maladie pour tuer les gens. De toute façon je suis contre la violence et puis j’ai la phobie du sang.

Par contre, c’est une maladie qui fait qu’on mène une vie antisociale. Moi aussi j’aimerais avoir une famille, un travail et partir en vacances.

Aujourd’hui je suis vraiment saoulé par l’inintérêt de mon existence. Je suis saoulé par la méconnaissance des gens sur ma pathologie.

Je suis saoulé de n’aller nul part dans la vie et qu’elle se répète jour après jour. C’est une vie gâchée, sans intérêt, sans talent.

Qu’est-ce que je pourrais faire pour y mettre un peu de piment ?

J’ai peur de tout ce qui est nouveau et je n’aime pas me faire remarquer.

J’ai envie de me disputer avec quelqu’un. C’est bête comme envie, je ne sais pas pourquoi je souhaite cela. Peut-être parce que tout seul la vie n’a aucun intérêt et que j’ai un coté auto destructeur.

Alors perdre les derniers amis que j’ai c’est une bonne façon d’aller jusqu’au bout de la folie.

Enthousiasme délirant ou neuroleptique?

Quand je prends mes médicaments la musique ne me provoque plus d’émotions, je ne frissonne plus, les notes sont insipides.

Je suis plus calme mais je n’ai plus envie de rien. Quand je regarde la télévision, je ne pleure plus. Il y une heure je voulais appeler mes amis, mon frère et là plus rien.

Je ne me mets plus en colère. C’est peut être mieux ainsi, je ne suis pas délirant et mon entourage me trouve « normal ».

Quel est le truc le plus « ding » que j’ai fait de ma vie ?

Chez moi je vérifie que tout est bien à sa place, que la vaisselle est bien faite. Avant de sortir je me regarde dans la glace pour savoir si tout est ok. Dans le bus je reste silencieux et en descendant je traverse sur les passages piétons.
Je contrôle mon image, ce que je fais et dit. Rien n’échappe à mon contrôle et malheur à celui qui voudrait le contraire.

Bien sûr j’ai fait des crises, il m’est arrivé de me mettre à hurler dans la rue et de finir en psychiatrie emmené de force par les pompiers.

Alors maintenant je fais attention, ma bible c’est mon psychiatre et les médicaments des hosties.