Solitude quand tu me tiens

Je suis seul dans mon appartement, je fais le tour de toutes les pièces, je regarde la télévision.
Je suis schizophrène, cela n’aide pas à aller vers les autres. En ce moment un problème de santé m’angoisse. Je vais devoir subir un examen et j’en fais toute une montagne alors que c’est à priori bénin. Je ne sais pas pourquoi, mon cerveau me martyrise ainsi. J’essaie de reprendre le dessus. Heureusement que j’ai ma famille. C’est vraiment une sale maladie la schizophrénie. Je suis obligé de prendre des cachets pour tenir le coup et encore cela ne me soulage pas tout le temps. Tout m’angoisse.

Ce matin j’ai réussi à prendre le bus pour rentrer chez moi, une petite victoire. Le pire c’est quand je suis trop souvent avec des gens, je me fatigue, jusqu’au point où je n’en peux plus. Pourtant, je veux vivre, je n’aurai jamais une vie comme monsieur tout le monde. C’est ainsi, il faut s’y faire. Je ne pourrai pas m’acheter de maison ni voir grandir de petits enfants. J’espère ne pas trop souffrir c’est tout ce que je demande.

L’angoisse

Les journées sont interminables, devant la télévision. Je prends mes médicaments, cela fait effet quelques heures ou je suis bien, sur un petit nuage. Puis revient l’envie de bouger, l’envie d’aller quelque part ou je serai bien. Je n’ai pas encore trouvé ce lieu ni même ces gens. La solitude est insupportable, j’ai envie d’aller voir mes parents et une fois chez eux j’ai envie de revenir chez moi. Je suis anxieux, angoissé. Je regarde les minutes défiler, pour enfin arriver à 21 heures, c’est à ce moment que je me couche.

Il faudrait peut-être que j’aille voir mon psychiatre. Mais pour cela il faut que je prenne le bus, c’est toute une aventure.

J’ai envie d’une vie normale, une vie dans laquelle je ne serai pas schizophrène, une vie ou toute action ne sera pas synonyme d’angoisse, de peur.

J’ai déjà fait un trait sur une vie de famille, je n’aurai pas d’enfant. Je ne serai pas capable de m’en occuper.

On vit et meurt seul, le temps fait son œuvre. La vie est injuste mais je n’ai même plus envie de me révolter, à quoi cela servirait.

Je vais faire la vaisselle, cela m’occupera quelques instants. Je ne penserai à rien et puis je fais peut être faire un peu de ménage. Ça passe le temps.

 

Une journée ordinaire

Le cerveau peut-être la pire des prisons et le corps son instrument de torture. Des pensées récurrentes qui font mal, qui reviennent toujours, pendant une journée, des mois, des années et donnent de grands coups de butoir, dans la boite crânienne.

Le corps est alors le réceptacle de cette tension. Il se cabre, se plie dans tous les sens. Plus aucun lieu sur terre ne permet de s’apaiser. Rechercher alors en vain, une méthode pour moins souffrir, un médicaments, parler à quelqu’un, écrire….

Tourner en rond, comme un fou, sans autre but que de s’évader. Mais toujours et encore, le mal être revient, comme un boumerang.

Imaginer souffrir encore plus et en avoir peur. Continuer à faire les choses du quotidien, peut devenir insupportable.

Trouver une occupation pour que le cerveau, enfin, libère de ces pensées qui font mal. S’occuper à quelque chose, compter les moutons par exemple et se dire que quelques secondes ça a été, c’est déjà cela de pris.

Et puis arrive la nuit, la journée s’achève et le calme revient. Tout doucement, le tumulte laisse place à la détente. Pendant quelques minutes, avant de m’endormir, je serai bien.

Le bon dernier

Chaque jour apporte sa vague de souffrance. Je suis énervé, j’ai envie de donner des coups de poings dans les murs. Je suis seul chez moi, je ne comprends pas pourquoi je suis dans cet état. J’essaie de trouver une chanson qui me calmera mais ils ne passent que des pubs à la radio. Et puis j’en ai marre de souffrir comme ça. La musique adoucit les mœurs, alors pourquoi j’ai envie de tout casser. C’est peut-être pour que vous compreniez à quel point je suis mal. Vous n’êtes pas dans mon corps. Vous ne pouvez pas comprendre. Aucune parole ne m’a jamais soulagé, malgré vos bonnes intentions. « Positivez » on me dit souvent. Ça m’énerve encore plus. Je ne veux faire de mal à personne, je veux juste arrêter d’avoir ce tictac dans ma tête. Le temps qui passe vers une souffrance encore plus grande. De toute façon quand je partirai, je ne laisserai rien. Je voudrai tellement être diffèrent, être une autre personne. Bien dans sa peau comme on dit. Mais là, je suis mal foutu, angoissé, cassé par la souffrance. On me traite de fainéant, « tu profites du système » j’entends quelque fois.

Je veux juste dormir, l’antichambre de la mort. Je n’ai rien trouvé de mieux. Je suis au bord, souvent. Pourquoi je continue à jouer la comédie ? Paraitre normal, pour faire plaisir à qui ? Chercher à avoir des amis, qu’on dise du bien de moi. Etre populaire, c’est un chouette exercice… J’en suis fatigué. Il y a des codes pour tout. Il faut être comme ceci ou comme cela. N’appelez pas les pompiers si je fais un scandale en publique.

Et puis « merde » je vais pêter les plombs. Je devrais peut être dire « zut » je crois que je vais danser sur la table.

J’en ai assez de toutes ces conventions. Tout le monde joue la comédie, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. La terre est peuplée de gens qui veulent paraitre. Des milliards, de menteurs et d’hypocrites qui veulent tous la même chose.

Riches, célèbres, populaires, être aimé, battre des records, toujours plus haut et plus fort, plus vite…

Je ne suis pas venu pour cela et ça me fatigue de faire semblant de jouer au même jeu que vous.

J’ai même bien envie d’être le bon dernier.

 

Tous les jours

Dans le bus, il y a toutes sortes de personnes. Des étudiants et puis beaucoup de gens des quartiers populaires. Parfois, une personne ivre fait un scandale. Le sol est crasseux et l’on hésite à s’assoir sur les fauteuils un peu douteux. Quand je rentre chez moi je me lave les mains consciencieusement.

Mais il y a de la vie dans les bus. Des gens qui parlent forts, pour demander au chauffeur qui écoute sa musique, de ne pas oublier l’arrêt. Ou d’autres qui discutent entres eux. Il y a de l’entraide quand une maman veut monter à bord avec sa poussette.

Moi je m’installe souvent dans le fond du bus. C’est là où j’ai le moins d’angoisses. Parfois quand elles surviennent quand même, je serre mon point très fort, plusieurs fois de suite, ça me calme.

Une fois arrivé, je marche comme un robot, mon esprit s’envole. Dans ces cas-là, je prie pour que ce dernier continue à donner les bons ordres à mon corps. Que mes jambes continuent à faire leur mouvement si particulier, pour ne pas faire du sur place et arriver dans les locaux d’une association ou je me sens en sécurité.

Tous les matins, je me motive pour sortir de chez moi et ce n’est pas toujours facile. Sinon, je tourne en rond dans mon petit appartement et j’attrape une boule au ventre. Mais prendre le bus tous les jours c’est une sacrée épreuve.
Quand je me brosse les dents, devant la glace, j’attrape vite une angoisse et je suis prêt à renoncer. Une fois loin de mon image, c’est plus simple.

Et c’est comme cela tous les jours. Il faut que je sorte de chez moi, rencontrer du monde, sinon je meurs.

Demain

Je suis là, dans mon canapé toute la journée. J’ai pourtant un sentiment bien étrange, je ne sais pas où je suis. Mon esprit est perdu, quelque part dans une contré angoissante. J’ai peur. En même, temps, je ne me sens pas d’objectif. Lundi matin, je n’aurai pas d’horaires à respecter. Je n’aurai de de ventes à faire, je n’aurai pas de routes à construire, pas d’actions à vendre…
Et puis de toute façon, j’ai pas envie qu’un petit chef vienne me dire que nous n’avons pas assez vendu de coca-cola… J’ai pas le envie d’être, un rouage de cette grande machine qui tourne toujours plus vite. Je trouve ça ridicule, se battre pour qu’une poignées de gens deviennent toujours plus riches. J’ai pas le sens collectif quand je sais que je serai payé une misère pour remplir des cartons à la chaine.

En même temps, je ne suis pas reconnu apte à le faire. C’est peut-être mieux ainsi, je n’ai pas à me justifier. Je n’ai jamais eu l’esprit d’équipe. Du moment que je demain, je ne souffre pas trop, que je ne fasse pas une crise, que je ne finisse pas dans une chambre capitonnée.

Je suis égoïste, je pense juste à moi. Je ne parlerai pas de bonheur mais si je ne suis pas plié de douleur dans mon canapé ce sera déjà bien.

Le monde n’a pas besoin de moi, il y assez de gens qui veulent appliquer leurs solutions pour les
autres. Du moment qu’ils ne viennent pas me faire la morale. Je me contente juste de gérer ma petite personne.

Et c’est déjà assez compliqué comme ça, j’ai pas envie en plus qu’on vienne me dire que je dois manger du poisson le vendredi.

Qu’est ce qui les motives tous ceux-là ? Ils veulent mon bonheur ?

24 heures

Ce matin, en buvant mon lait, j’ai eu l’impression de ne pas faire quelque chose de naturel, en sentant le liquide couler dans ma gorge.

Puis après, dans mon canapé, je me suis mis à regarder mes mains et je me suis dit que c’était étrange. C’est quoi ces mains, et puis tout ce corps, ce sang qui coule à l’intérieur, comment tout cela peut-il rester en place ?

Mon esprit est là, en train de vagabonder, un peu à l’extérieur de mon corps. Ce sont des expériences normales pour un schizophrène.

Je ne sais plus trop ou je suis. Sur terre, en France, vivant ou peut être mort. Je n’ai personne à qui parler pour me raccrocher à la réalité.

Je dois faire confiance à ce que je vois même si mon esprit me dit qu’il y a quelque chose d’étrange autour de moi, comme dans la matrice.

Les secondes s’égrainent et mon corps m’insupporte, comme une charge trop lourde. Je ne sais plus vraiment ou je suis ni qui je suis. Ma personnalité est un puzzle éparpillé.

Et puis ce silence, dans cet appartement. Sortir, c’est encore pire, si je vois des gens je vais m’effondrer.

Si je dois parler à quelqu’un comment être cohérent ? Il faudrait que je note des répliques, dans un petit carnet, dans ma poche, que je pourrais sortir discrètement, pour savoir quoi répondre.

Surtout dire quelque chose pour terminer la discussion et m’enfuir. Ça doit être à la première page de mon carnet et souligné en rouge.

Vite vite, il faut que je rentre chez moi.

 

Passer une nuit dans un hôpital psychiatrique, avec son consentement

Il n’y avait plus de places dans les unités ouvertes. Un psychiatre des urgences qui me met en garde en me prévenant que les autres patients n’allaient pas être en formes, dans l’unité pour malades difficiles. J’insiste, de toute façon je n’avais pas le choix. Parents à l’autre bout de la France et impossible de rester seul, j’étais trop angoissé.

Les infirmiers qui m’ont pris en charges, n’avaient pas tout compris et m’ont traités comme un dangereux malade.

Confiscation de tous mes objets personnels, argent, portable, ceinture, lacets… et une lourde porte qui se referme derrière moi. Je me suis vraiment senti pris dans une nasse.

Au bout de quelques minutes, je tournais déjà en rond, pour semer un ou deux patients qui me suivaient de trop près.

A l’heure des médicaments, chacun faisait la queue, bien gentiment, pour communier.
Quand la nuit fut tombée, j’eus la mauvaise surprise d’avoir un collègue de chambre qui faisait bien flipper. Il me parlait mais dans une langue dont il était le seul à connaitre le sens. En plus c’est lui qui n’avait pas arrêté de me suivre tout à l’heure.

Malgré la dose d’anxiolytique, impossible d’enlever mes habits pour me coucher. J’ai dû dormir deux heures en tout.

Le lendemain matin, j’eus la grande joie, qu’un membre ma famille était venu me chercher et que j’allais loger chez lui. Comme je n’étais pas rentré sous contrainte, je pouvais sortir quand je le souhaitais.

Ouf !!!

Se réveiller dans un hôpital psychiatrique.

Un soir à 19 ans ou tout bascule. La nuit est tombée, dans une région montagneuse en France. Je quitte la table familiale.

Je ne sais pas où je vais et je n’ai rien dit à personne. Les délirent me guident, dans un parking sous terrain. D’abord euphorique, je sens monter en moi une violence que je ne vais bientôt plus pouvoir contrôler. Je recherche alors un lieu, avec de l’espace.

Je marche sur une route qui mène à une frontière. Les délirent m’assaillent, il n’y a rien à part un poste frontière avec deux ou trois douaniers mais moi je vois des centaines de tireurs d’élites qui me visent et qui vont appuyer sur la gâchette. Je me sens en danger de mort. Je suis à une cinquantaine de mètres des douaniers. Le danger, bien qu’irréel parait tellement vrai que craque et je me mets à hurler, pendant plusieurs minutes…

Je suis en boule sur la route, une ou deux voitures passent. Je reprends un peu mes esprits.

Je vais vers les douaniers et je rentre dans le poste frontière. Ils me demandent de rester debout. Un médecin, une piqure et quelques péripéties plus tard, je me retrouve dans une ambulance. La douleur est insupportable, nous faisons halte dans un hôpital. Un gaillard assez costaud me suit de près, nous rentrons dans une pièce. Mon garde du corps bloque la sortie pendant qu’une soignante paniquée me donne un verre en plastique, censé soulager ma douleur.

Je n’ai pas le temps de le mettre à ma bouche que ne pouvant supporter plus de souffrance, je m’évanouie.

48 heures plus tard, je me réveille dans un autre hôpital, psychiatrique celui-là. Je suis en caleçon dans un lit. Je me lève. Je ne comprends pas tout de suite ou je suis. D’un long couloir, vient vers moi un homme en blouse blanche.

Ginseng panax meyer lorsqu’on est schizophrène

J’avais entendu dire que le Ginseng panax améliorerait certains symptômes de la schizophrénie, notamment sur ce site.

J’ai trouvé cette racine sous forme de gélule à avaler, dans une grande surface, voir photos de la boite.

Cela fait 4 jours que je prends une gélule tous les matins et j’ai constaté quelques changements dans mon comportement.

Tout d’abord, je suis beaucoup plus dynamique. Je n’hésite plus à me lancer dans des tâches rebutantes comme le ménage…. Je traine moins dans mon canapé. J’ai envie que ça bouge.

Sur le plan relationnel, j’ai constaté des échanges plus nombreux avec les autres. Je n’hésite plus à me mettre en avant lorsque je suis en groupe.

J’exprime ce que je ressens plus facilement et plus naturellement.

Enfin, je suis moins souvent dans mon coin.

On ne peut pas généraliser l’effet de cette racine sur une seule personne mais d’après mon psychiatre, il n’y a pas de contre-indication avec ma maladie ni avec le traitement que je continue à prendre.

Pourquoi donc ne pas essayer ?

Cette racine existe depuis très longtemps et ne peut pas être brevetée, c’est peut-être pour cela que les gros laboratoires ne s’y intéressent pas.