Charlotte est un joli brin de fille

Une Journée complète passée à l’extérieur. D’habitude, je ne sors pas l’après-midi. J’ai fait exception aujourd’hui. Je suis allé à l’association de patients. Je pensais voir Charlotte et j’ai vu juste, elle était bien là.

Charlotte est un joli brin de fille
Charlotte est un joli brin de fille

Elle ne se dévoile pas beaucoup Charlotte. C’est une jeune femme de 30 ans. Elle a un joli sourire en coin qui donne du relief à ses yeux.

Il y avait une ambiance joyeuse. Tout le monde riait à gorge déployée.  Je ne sais pas de quoi elle souffre. Elle dit que parfois elle n’est pas en forme. Cela ne veut pas dire grand-chose. Elle est peut être juste dépressive. J’ai quand même remarqué des taches sur ses vêtements. Cela faisait un peu négligé.

Elle n’a fait que des petits boulots sans rapport avec son bac + 5. Elle m’intrigue.

Pour repartir de l’association de patients, j’ai dû prendre  le bus. Ce fut assez chaotique. Le chauffeur s’est fait remonter les bretelles par les contrôleurs qui lui reprochaient d’être en retard, parce qu’il parlait à un passager.

Un jeune homme en a profité pour sortir rapidement du bus. Il n’avait pas de titre de transport.

Deux adolescents qui n’avaient pas non plus payé leurs tickets, ont dû descendre, en proférant au passage quelques insultes.

Une fois arrivé chez moi, j’ai senti un soulagement. Personne n’aurait pu venir me chercher si j’avais eu une crise de panique.

C’est pour cela que je vais à l’association de patients le matin. Mes parents ne sont pas loin, en cas de soucis.

Le bon côté des choses, c’est qu’ayant fait quelque chose de mon après-midi, je ne me sens pas en souffrance.

Malgré tout, je ne me sens pas la force, de faire cela tous les jours. Trop stressant et si Charlotte n’est pas à l’association de patients, c’est moins intéressant.

Crises de schizophrénie

J’ai mal à la tête. A l’intérieur de mon crâne, ça tire dans tous les sens. Je suis dans mon canapé. La musique me berce doucement. Je ne pense pas être  délirant, à ce moment précis. Malheureusement, on ne peut jamais être sûr. Lorsque j’ai fait mes crises de schizophrénie aigues, je pensais être en pleine possession de mes moyens, c’est le paradoxe.

Le bruit du réfrigérateur me sort doucement de ma torpeur.

crises
crises

Je me souviens de l’une de mes  crises, sur un chantier. J’ai vécu le pire moment de ma vie. J’ai hurlé et encore hurlé de douleur, en allant vers les uns et les autres, de manière désordonné. J’ai fait peur à tous mes collègues et de honte, je ne suis pas revenu le lendemain, ni les jours d’après.

Quelques semaines plus tard, j’étais hospitalisé sous la contrainte. De force on m’avait installé dans une voiture pour me conduire tout droit dans un hôpital psychiatrique.

Au début, malgré l’évidence,  j’étais dans le déni. J’ai pris les comprimés qu’on me donnait, en me disant que si je coopérerais, je sortirais plus vite.

Il m’a fallu des années pour accepter de me dire schizophrène et accepter ouvertement d’en parler sur un blog.

Cela fait bientôt dix ans et je touche du bois, car je n’ai pas fait de nouvelles crises. Pourtant, j’y ai perdu beaucoup. Je ne suis  plus du tout autonome et J’ai des angoisses, pour quasiment tout.

Aujourd’hui, j’ai perdu tous les rêves que j’avais étant jeune. Je connais mes limites et je les accepte. Je voudrais juste une chose, souffrir le moins possible. Qu’à l’avenir, j’arrive à maitriser mes crises d’angoisses.

Malheureusement, mon mal être est là et il me suivra jusqu’à la mort. N’ayez pas peur des schizophrènes, ils sont occupés à essayer de vivre le moins mal possible, et ne veulent de mal à personne.

Je suffoque intellectuellement

Le Tercian prit la veille, a compliqué mon réveil et la première heure qui a suivi. Une souffrance aigue, comme un manque, s’est fait ressentir. C’est le weekend et hier, je me suis couché encore trop tôt. Il était dix-neuf heures. J’étais trop angoissé, c’est pour cela que j’ai pris cette molécule. Je suffoque quand je prends ce médicament.

Je passe des journées complètes tout seul, avec juste quelques contacts téléphoniques, pour toute compagnie. Mon appartement devient trop petit dans ces moment-là. Je tourne en rond et j’ai l’impression que les murs se rapprochent. Je suffoque en essayant de trouver un remède pour me sentir mieux.

Je suffoque intellectuellement
Je suffoque intellectuellement

J’ai essayé de boire une bière ou deux, mais l’alcool ne calme pas ma souffrance, au contraire elle l’accentue.

Je suis même obligé d’éteindre la télévision. Devant un flux d’images vues et revues, je suffoque.

Aujourd’hui heureusement, je vais pouvoir aller voir mes parents, qui seront présents. Difficile de nouer d’autres liens d’amitié, lorsque l’on souffre aussi de phobie sociale. Partager des moments avec les autres, me contrarie. Je suis toujours sur la défensive.

En plus de cela, j’ai peur de sortir. Je suffoque donc tout seul, dans mon appartement. Dans la rue ce n’est pas mieux. Je mets ma capuche et j’essaye de ne pas croiser le regard des gens et de rentrer chez moi, le plus vite possible. Chaque bruit ou personne qui se rapproche trop près, provoque une angoisse.

Un collègue schizophrène, m’a proposé de passer chez lui. Pourquoi pas, il faut que je me motive et que j’affronte mes démons.

Il y a encore quelques années, j’étais motivé. Aujourd’hui, j’ai l’impression d’avoir perdu la « guerre ».

Je me suis replié sur moi. Je ne vais même plus voir mes cousins, qui habitent à une heure de voiture. Je suffoque à l’idée de les voir.

Délires d’une vie

Délires de schizophrènes
Délires de schizophrènes

La pluie perle le long des fenêtres de mon appartement. Cela fait deux jours que je me dope à la codéine, après une longue période d’abstinence, je retrouve un peu de joie, sans délires.

Ce matin, le soleil n’était pas encore levé lorsque j’ai pris le bus. Je sais que je suis fragile et que les délires peuvent revenir rapidement, malgré le traitement lourd que je prends. Je sens assez rapidement quand mon cerveau est sur le point de dérailler. Pour l’instant, j’arrive encore à rester cohérent.

A l’association de patients, j’ai discuté avec une jeune femme schizophrène. Je ne lui ai pas dit que je souffrais de la même pathologie. Cependant, j’ai pu constater que j’avais vécu comme elle, l’incompréhension des parents face à cette maladie, ou encore une certaine agressivité, avant d’être stabilisé.

Cette jeune femme avait besoin d’une structure, elle vit donc dans des appartements thérapeutiques, gérés par un personnel médical.

Je n’ai pas constaté de délires dans ses propos.

Elle doit normalement d’ici quelques mois, emménager dans un appartement classique. Ce n’est pas toujours évident d’être complètement autonome lorsque l’on souffre de cette psychose.

Pierre n’était pas là ce matin. C’est également un schizophrène, qui lui pour le coup n’est pas stabilisé. Lorsqu’il rentre dans des délires et nous en fait part, nous restons tous très indulgents. Même si certains ne peuvent s’empêcher d’esquisser un petit sourire nerveux, nous ne nous offusquons pas. Il est attachant Pierre et personnellement, j’ai de l’affection pour lui. Il ne fait de mal à personne et est toujours prêt à rendre service.

Comme depuis plusieurs jours, j’ai attendu Charlotte, en vain. J’aimerai passer plus de temps avec elle, pour mieux la connaitre. Elle m’avait juste expliqué qu’elle avait dû retourner vivre chez ses parents, après des moments difficiles. Assez peu bavarde, elle ne s’est  pas trop dévoilée. Elle  ait resté mystérieuse. Je ne sais donc pas si elle est juste dépressive ou si elle est habitée par des délires. En même temps, si elle est venue à cette association de patients, c’est que tout n’allait pas pour le mieux.

Tête à tête

Tête à tête
Tête à tête

Ce matin, j’étais là, à l’association de patients. Les adhérents me parlaient mais leurs propos raisonnaient loin dans ma tête. J’avais envie de leurs répondre mais je ne trouvais plus mes mots, comme pris dans une toile d’araignée géante. Mes phrases commençaient puis tombaient dans un trou.

Je me suis mis à l’écart pour retrouver un peu de cohérence.

Je crois que les adhérents s’en sont aperçus. Ils ont dû me trouver étrange. Vers midi, je suis rentré chez moi. J’ai allumé la télévision, et j’ai été happé par les images, en ce triste jour.

Je n’ai pas tout de suite compris l’ampleur de ce que je voyais. Des morts qui s’accumulaient. Des sirènes de voitures de pompiers et de polices qui raisonnaient dans mon petit appartement.

Ma tête allait exploser. J’ai pris de la codéine pour me sentir mieux. Je n’arrivais pas à croire ce que je voyais.

J’ai fermé la télévision. Malgré cela, les images de l’immeuble de Charlie Hebdo raisonnaient encore dans ma tête.

Mes pensées pour Charlotte, jeune adhérente de mon association de patients que j’avais en vain attendu ce matin, avaient laissé place à la consternation.

Elle est toute jolie Charlotte. Un peu plus jeune que moi, je ne l’ai vu que deux fois mais nous avons longuement discuté. Depuis plusieurs jours, je regarde par la fenêtre de l’association pour guetter son arrivée.

Elle aussi a dû voir les informations à la télévision. Le métal qui transperce la chair, le sang qui coule. Tout cela est tellement éloigné des pensées que j’ai pour Charlotte. De l’envie que j’ai de la voir rire, heureuse et insouciante.

Ma tête est malade, mais je sais encore aimer. Je peux donc hurler que je suis un être humain. Je sais ce qui est bien et mal.

Je connais trop bien l’insoutenable souffrance pour ne la désirer pour personne.

Dehors, c’est angoissant

Dehors, peur de sortir
Dehors, peur de sortir

La solitude rend fou. J’ai passé la journée d’hier entre quatre murs. Trop angoissé pour sortir, j’ai juste été faire un tour de 20 minutes dehors. Mes parents qui n’habitent pas loin, étaient partis pour la journée et j’étais complètement démuni. Quand ils ne sont pas là, je n’ai plus aucune vie sociale, je n’ose presque plus sortir. En dehors de mon appartement, c’est le vide et plus aucun repère n’existe.

Comme mon logement n’est pas très grand, je tourne vite en rond et ne n’arrive plus à me concentrer sur rien.

Je voudrais pouvoir vivre, prendre le bus, quand ma famille est à plusieurs centaines de kilomètres. Détruit par une crise de schizophrénie aigue, il y a 35 ans, j’ai eu subitement peur de tout, la foule, la solitude, le train, l’avion, les ascenseurs….

Hier n’en pouvant plus, je me suis mis dans mon lit une grande partie de  l’après-midi. Dehors, c’était la souffrance et l’ennuie.

Aujourd’hui, mes parents étant revenus, je me suis levé de bonne heure. J’ai pu aller à mon association de patients.

L’autocar était rempli de jeunes gens bruyants. Malgré cela, je me suis senti bien. En descendant du bus, dehors, un vent glacial me fouettait le visage et rendait le sol glissant.

J’ai passé plusieurs heures hors de chez moi. Sans cela, je crois que je deviendrais encore plus fou et surtout plus mal dans ma peau que je ne le suis déjà.

C’est un cercle vicieux, moins je suis dehors, plus je me sens mal et moins j’ai envie de sortir. Mes parents n’habitent pas avec moi, mais je sens leur présence à quelques centaines de mètres de là. Cela calme beaucoup d’angoisses que je peux avoir. Si par exemple dehors, loin de mon appartement, j’ai une crise d’angoisse, je peux les appeler et je sais qu’ils viendront rapidement me chercher.

Mélancolique

je suis mélancolique
je suis mélancolique

Je n’ai pas pris de Tercian hier. Ce neuroleptique que l’on donne pour calmer les angoisses me rend mélancolique. De plus, l’effet sédatif est assez puissant. Malgré tout, vers 18 heures j’étais dans mon lit. Je n’en pouvais plus de voir en boucle, les même clips vidéos sur les chaines musicales.

C’est comme si mon cerveau était saturé et qu’il ne voulait plus rien produire. Toute pensée était source de souffrance. Même quelque chose qui pourrait être agréable. Il fallait que j’arrête la machine.

J’ai éteint mon téléphone et tout ce qui aurait pu être dérangeant. Je me suis mis sous ma couverture et j’ai laissé venir la douce ivresse qui vous prend lorsque que vous êtes à moitié endormi.

Il m’a fallu une bonne heure pour arriver à ce stade. Le lendemain matin, j’ai pu apprécier de n’avoir pas pris de Tercian. Son effet  mélancolique est terrible au réveil, en plus de la difficulté qu’il faut pour reprendre le contact avec son corps et de sortir d’une fatigue malsaine.

J’ai mes petites habitudes le matin. De bonne heure, je vais à la boulangerie pas très loin de chez moi. Au bout d’un moment l’on finit par faire connaissance et je discute le bout de gras avec la vendeuse. L’on commence souvent par parler de la météo mais parfois des sujets plus intéressants sont abordés.

Une fois rentré chez moi, j’attends que le soleil se lève. C’est le weekend, et je vais encore être seul une bonne partie de ces deux jours. Les moments mélancoliques mélangés à de l’anxiété vont s’alterner avec de l’ennui.  Heureusement que j’ai encore mes parents, pour ne pas complètement être isolé.

Je n’ai plus le feu sacré, qui me pousse à aller vers les autres. C’est comme si j’attendais la mort.

J’essaie de me rebeller contre moi-même, je n’y arrive plus vraiment. Mon côté mélancolique reprend le dessus.

Bonne et joyeuse année 2015

la nouvelle année 2015
la nouvelle année 2015

Pour la soirée de la nouvelle année, une demi-bouteille de champagne et un peu de foie gras frais ont constitué le repas. Seul ce n’était pas très drôle, de plus, l’alcool but assez vite m’a contraint à me coucher avant minuit. Je me suis donc réveillé vers 5 heures du matin. C’est fréquent depuis plusieurs semaines. Il était trop tôt pour prendre mon neuroleptique.

L’année 2015 a donc commencé avec des pensées négatives, qui martelaient mon cerveau. Heureusement, une heure après l’absorption des médicaments, vers 7 heures, j’ai retrouvé ma sérénité. Des lors, curieux, j’ai fait le tour des réseaux sociaux.

Sur Facebook, j’ai vu de nombreuses photos de soirées, « d’amis » en train de faire la fête. J’ai reçu quelques messages également.

Maintenant, j’attends que le soleil se lève, le premier pour cette nouvelle année 2015. J’espère qu’il sera scintillant.

Il est de coutume de prendre de bonnes résolutions. Cela va être dur, mais il faut vraiment que j’aille plus vers les autres et que je me construise une vraie vie sociale. Pour cela, il va falloir que j’affronte la phobie qui m’empêche de sortir de chez moi.

Je pense à tous les lecteurs de mon blog également. Je leur souhaite pour ceux qui sont en souffrance, de l’apaisement et pleins de projets enrichissants.

A travers les commentaires de mes articles, j’ai pu voir toute cette année, que beaucoup s’en sortaient bien, malgré la maladie. Je pense à Jean-Michel qui projette de faire construire sa maison ou à Baker qui a réussi un concours lui ouvrant la porte d’un emploi. Je ne peux tous les citer.

Je suis aussi heureux de constater que grâce à ce blog, j’ai pu créer une petite communauté d’internautes qui viennent régulièrement sur ce site. J’espère que cette nouvelle année sera riche en articles qui vous plairont.

En conclusion, je vous souhaite encore, pour l’année 2015, de profiter des  petits ou grands moments de joie.

Bipolaires et schizophrènes

Bipolaires, schizophrènes et dépressifs.
Bipolaires, schizophrènes et dépressifs.

Ce matin à l’association de patients, il y a quand même eu une petite dizaine d’adhérents qui ont montré le bout de leur nez, malgré les vacances. Ce n’était ouvert qu’une heure trente. Chantal qui avait d’abord appelé en pleur, parce qu’elle avait perdu de l’argent, est venue malgré ses difficultés pour marcher. C’est une dame d’une soixantaine d’années, un peu vieille France, qui est bipolaire. Pour se remonter le moral, elle achète des viennoiseries. Elle a ouvert la porte de l’association avec un chausson aux pommes dans la main et plein de miettes sur son pull et autour de la bouche. Elle s’est assise pour parler. Elle avait besoin d’échanger et à trouver du soutien auprès d’une autre adhérente, bipolaire elle aussi.

Il y a Fred qui n’a plus de mémoire. Il est un peu crasseux, il oublie de se laver, alors tout le monde hésite à lui serrer la main. Moi, après lui avoir dit bonjour, je me lave les mains avec du savon Hydroalcoolique. Malgré cela, c’est quelqu’ un de très respectueux et de sociable et l’on essaye tous de s’occuper de lui comme ont peu.

Je pourrais aussi vous parler de Thierry, qui a les nerfs qui lâchent facilement. La gouttière du local, complément enfoncée, se souvient encore de son coup de poing. Il ne doit pas être bipolaire mais toujours sur le fil du couteau.

Ou Erica, qui a été diagnostiqué bipolaire à quarante ans. Elle peut passer d’un état de pleur à un état d’euphorie en très peu de temps. Elle n’accepte pas la maladie, après avoir eu un travail et des enfants… Elle est cependant toujours là pour soutenir un autre adhérent. C’est sa façon à elle de continuer à se sentir utile.

Il y a Kevin aussi, schizophrène. Il parle ouvertement des voix qu’il entend et de ses supers pouvoir.

Je me sens dans mon élément avec toutes ces personnes. Nous sommes un groupe avec des dépressifs, des bipolaires, des schizophrènes… Malgré quelques petites disputes anecdotiques nous continuons d’avancer.

Cerveau de psychotique

Le cerveau d'un psychotique
Le cerveau d’un psychotique

Cela fait plus d’un mois que je me réveille de bonne heure, vers 5 ou 6 heures. La nuit noire entoure mon appartement et comme dans un bateau, au milieu de l’océan, j’attends que le soleil se lève.

Mon cerveau tourne à mille à l’heure. Je rêve de devenir millionnaire, d’avoir une femme et de beaux enfants…

Je m’installe devant la télévision et j’ingurgite des images jusqu’à en être écœuré. Je regarde l’heure et à 7 heures précise, c’est toujours le même rituel. Je remplis mon pilulier, et j’avale ma dose de comprimés. Je suis alors rassuré, je peux ouvrir les volets et la porte de mon appartement. Normalement, je ne ferais pas de crise.

Mon cerveau est heureux, il a sa ration d’anxiolytique. Mon corps se détend un peu.

Aujourd’hui c’est le jour du seigneur. Je lui en veux de m’avoir infligé cette pathologie. A la télévision, j’évite tout ce qui concerne la religion, je suis trop écœuré.

Pour le repas du midi, ma grand-mère sera avec nous, chez mes parents. Elle aussi a le cerveau qui dysfonctionne. Mais pour elle, c’est la mémoire. Elle oublie qu’elle pose toujours les mêmes questions, comme ce que je fais dans la vie. Je lui réponds toujours le même mensonge, car en réalité, je n’ai quasiment jamais travaillé. La maladie s’est déclarée, je n’avais pas 20 ans. J’ai fait quelques tentatives mais je n’ai pas tenu. Par exemple, dans une grande surface, mon travail était de mettre en rayon les articles, avant que les clients n’arrivent. C’était, juste après ma deuxième hospitalisation.  J’ai tenu trois jours, avec une boule au ventre, et un cerveau en vrac. J’ai donné ma démission.

Avant cela, j’avais travaillé dans la démolition, pendant 15 jours, c’était après ma première hospitalisation. J’avais déjà comme phobie de m’éloigner de ma ville et comme je n’ai pas voulu aller sur un autre chantier, à 1 heure de route, j’ai été remercié.