Le vide d’un dimanche. Fenêtres ouvertes, le soleil me réchauffe doucement le dos. Cette semaine je suis seul. L’association de patients est fermée et mes parents sont partis en vacances. Le vide est tout autour de moi. Je suis comme dans l’espace. Je n’ai plus vraiment de repères. Heureusement, il reste encore un peu d’apesanteur dans mon appartement. Dès lors que je sors, je sers fermement les clefs dans ma main, pour ne pas risquer de me retrouver enfermé dehors. Il y a quand même un voisin sur qui je peux compter. Cela me rassure un peu.
Le vide est aussi dans mes occupations. Hier, une journée entière à regarder des reportages scientifiques sur Arte.
Je ne m’éloigne presque plus de mon appartement. Prendre le bus devient un challenge trop difficile à réaliser. C’est chaque fois pareil quand mes parents ne sont pas là. J’hiberne. Heureusement, si je veux me frotter un peu à la foule, je peux aller dans le supermarché pas loin de chez moi. M’éloigner de cinq minutes à pieds de mon appartement est ma limite. Après, le vide risquerait de me happer.
En temps normal je n’ai pas beaucoup de contact humain mais cette semaine risque de ressembler à une retraite dans un monastère ou chacun aurait fait vœux de silence.
Le matin est le moment de la journée pendant laquelle je suis le moins anxieux. Après le déjeuner, une chape de plomb s’abat sur moi et la solitude, le vide, deviennent insupportables. Les minutes s’étire comme si la gravité augmentait de manière exponentielle.
Il y a le chat de mes parents, que je dois aller nourrir tous les jours. Il est maigre malgré toute la nourriture qu’il ingurgite. Malade et vieux, je ne donne pas cher de sa peau. Malheureusement il ne parle pas, mais sa présence soulage un peu quand il vient se frotter contre moi.