Il est trois heures de matin. Je n’arrive plus à dormir. En plus de cela j’ai une boule au ventre. Ça va passer, enfin j’espère. En même temps, en pleine nuit, tout est calme et apaisant. Pas de bruit de voiture, pas de vendeurs d’alarme qui viennent vous perturber… C’est mon moment privilégié. Je peux vapoter et écouter de la musique.
Il fait quand même un peu frais chez moi. Pour faire des économies, j’ai réglé le thermostat à 17 degrés. Je me suis habillé en conséquence.
Tout à l’heure j’espère être en forme pour aller à l’association de patients. Il faut dire que depuis quelques jours, j’en bave. En effet, en accord avec ma psychiatre, j’ai réduit mes anxiolytiques. Cela fait prêt de 24 ans que je suis addicte à cette « cochonnerie », comme elle dit.
Dehors, la nuit est éclatante… Seule la lune et les étoiles se font remarquer. Les lampadaires sont éteints.
Je tape frénétiquement sur mon clavier. C’est le seul bruit, avec celui de mon réfrigérateur et de ma vieille chaudière au gaz qui se font entendre. Encore quelques heures de bonheur, il faut que je profite.
J’ai un peu froid quand même. Je pars chercher une autre couche de vêtement à me mettre sur le dos. Ma boule au ventre est passée. Je suis content.
Ce midi, j’ai prévu de faire un peu de cuisine, une pizza, avec une pâte que je ferais moi-même. J’ai besoin de reprendre un peu de masse. En effet, je suis plutôt maigre. Je ne mange pas assez. Ma silhouette de fil de fer est un peu inquiétante. Malgré une dose conséquente de neuroleptique, je ne grossis pas.
Cela avait fait dire à un psychiatre que je devais avoir un problème à l’estomac. Je n’ai jamais eu le courage de faire une endoscopie.