La matinée s’est bien passée. J’ai réussi à prendre le bus pour aller à l’association. Tout compte fait cela m’a fait du bien de voir du monde. C’est un endroit pour les adultes en souffrance psychique. Il y a toutes sortes de personnes. Des adhérents aux vêtements sales, aux ongles longs et noirs de crasses, aux cheveux pas lavés ou d’autres, qui passent inaperçus dans la rue.
J’ai quand même du liquide hydro-alcoolique, pour me laver les mains une fois avoir dit bonjour en arrivant. C’est un groupe très hétérogène qui de temps en temps se disputent pour pas grand-chose. J’y passe une heure ou deux, ça me suffit. Si vous souhaitez voir des gens uniques, c’est le lieu. Il y a des schizophrènes comme moi, des bipolaires, des dépressifs… Je m’y sens à l’aise. Nous formons une joyeuse petite bande. C’est là que j’ai rencontré Caroline. Elle venait il y a quelques années. Il s’y passe toujours quelque chose.
Le monde est dur, surtout pour nous et quelquefois certains viennent en pleurant et déversent leur colère du monde extérieur ou demander de l’aide. Beaucoup sont sous tutelles, touchent les aides de l’état et galèrent pour trouver un logement. Ça ne rassure pas les propriétaires alors qu’ils sont certains d’être payés. D’autres viennent avec des problèmes administratifs.
Nous sommes une bande de gens fragiles, qu’un rien peut déstabiliser, angoissés, paumés et cabossés par la vie.
Ce n’est pas la France qui se lève tôt pour aller travailler et gagner plus. C’est la France qui se cache qui souffre. La France handicapée qui demande qu’on la respecte un peu plus. La France à qui l’on met des camisoles et qu’on estourbit de médicaments. La France qui souffre et qui n’intéresse aucun parti politique. C’est la France de la rue et des restaurants du cœur.