Peur de sauter dans le vide ?

Ce matin, le soleil a inondé l’intérieur de mon appartement. Il fallait juste cela pour que je me sente bien. Une routine s’était mise en place. Aller nourrir le chat de mes parents, pendant leur absence. Il avait vraiment faim, ouvrant sa gueule en grand et donnant de larges coups de langue, pour avaler un mélange qui moi me donnait envie de vomir. Dans ces moments-là, il n’avait peur de rien et se comportait en vrai félin.

D’habitude anxieux, je commençais à m’habituer au vide que l’absence de mes parents provoquait.

Peur de sauter dans le vide
Peur de sauter dans le vide

Malgré tout, je ne maîtrisais pas toutes mes peurs et j’en étais un peu agacé. J’aurai voulu être complétement autonome. Je n’arrivais pas encore à prendre le bus. J’avais trop peur de faire une crise d’angoisse à l’intérieur. A force de solitude, je commençais à ne plus aimer les gens, leurs odeurs, leurs rires et leurs cris… Dans un espace clos comme un transport en commun, ça peut être fatal.

Vivre avec la peur au ventre rend méfiant. Cela faisait assez longtemps que je ne faisais plus confiance en mes contemporains. En comme souvent, ça devenait un cercle vicieux.

J’avais quand même eu le courage d’aller marcher 40 minutes. Je m’étais éloigné  de chez moi, jusqu’au moment ou un voyant à l’intérieur de mon cerveau, avait clignoté « peur ». J’avais alors fait demi-tour.

De temps en temps, mon smartphone sonnait et un message électronique accompagnait une photo, de skieurs faisant la pose sur une montagne. C’était mes parents.

A par cela, je n’avais pas fait grand-chose de ma journée.  Sans trop m’en apercevoir, le soleil était parti éclairer un autre hémisphère, me laissant dans le noir.  De pâles lumières qui n’éclairaient qu’à quelques mètres autours d’eux, n’arrivaient pas à rivaliser. Je devais alors fermer les volets de mon appartement, pour ne plus avoir peur.

Moine schizophrène

Moine schizophrène
Moine schizophrène

C’est le jour du seigneur, je n’ai pas été à l’église ce matin. De toute façon, mes parents ne m’avaient pas fait baptiser et je suis athée. J’ai pourtant pu me mettre dans la peau d’un moine, ayant fait vœux de silence.

Je suis resté toute la journée dans mon appartement. Je ne suis juste sorti que pour nourrir le chat de mes parents. Sur la route, à pied, je n’ai croisé personne, un peu comme si j’étais le dernier humain sur terre.

Pas besoin d’aller sur une île déserte, pour faire un tête à tête avec soi-même, une introspection…

J’ai un peu tapé sur mon clavier, pour communiquer et écrire. De ma bouche n’est sorti aucun son. J’ai reposé mes cordes vocales.

Maintenant, le soleil est complètement couché. Je n’ai pas fermé les volets et derrière moi, je peux sentir la nuit noire.  Je ne la vois pas directement mais elle est là dans mon dos. Devant moi, un écran de télévision, dont le son est coupé, crache des images que je ne regarde même plus.

Je me sens vraiment comme un moine. S’il fallait que je résume ma journée, j’en serais bien incapable. Elle n’a pas vraiment existé. Ce ne fut qu’un long silence.

Pourtant, je ne suis pas en souffrance. Mais ce n’est pas vraiment un choix, comme un moine, mais plutôt une conséquence de ma phobie sociale.

Je suis gêné par la nuit, derrière. Je n’ai qu’une seule envie, fermer les volets. Elle est envahissante cette noirceur. J’ai dû allumer la lumière pour la faire reculer.

Comme un moine, je vais me coucher de bonne heure. Demain, les magasins seront ouverts. Je vais peut-être échanger deux trois mots avec une caissière et surtout, voir ma psychologue à domicile.

Il faut vraiment que je me soigne. Je ne peux plus continuer à vivre comme cela.

Parents absents, l’angoisse ?

parents absents
parents absents

Premier matin depuis le départ de mes parents. D’habitude, quand je me réveille il fait nuit noire, mais là, à peine ouvert les volets, le soleil est rentré dans le salon, comme un feu rougeoyant. J’étais heureux. La matinée commençait bien. Pas de boule au ventre, symptôme quand parfois mes parents partaient en vacances.

Cette année, je ne sentais pas le vide, la peur, l’angoisse de ne pouvoir compter que sur moi-même.

Assez rapidement, je suis sorti pour faire quelques courses. L’air était glacé et cela tranchait avec l’intérieur de mon appartement. Dans le magasin, tout était calme. Il n’y avait pas grand monde. Le trajet par contre, était semé de pièges, de zones glissantes…  Les gens marchaient de manières étranges, équilibristes, pour s’assurer que sous leurs pieds, le sol n’allait pas se dérober.

Parfois, du sel avait été semé, et l’on pouvait en toute confiance avancer.

De retour chez moi, je reçu un appel de mes parents. Encore sur la route, ils se rapprochaient de leur destination. Ils étaient heureux et n’avaient qu’une seule envie, chausser leurs skis et dévaler les pentes abruptes.

Mes parents étaient soucieux de mon état et m’appelaient régulièrement.  J’avais déjà dans le passé, beaucoup souffert, quand ils étaient en vacances.

J’avais même une fois, préféré l’hospitalisation.

C’est pour cela que lorsque j’ai pris un appartement, je m’étais installé dans la même  rue, pour ne pas être trop loin.

Tout au long de la journée, j’avais eu mon père au téléphone. C’était peut-être un peu trop, mais je n’avais pas le courage de lui dire. Il avait l’air heureux de me parler.

Par procuration, je voyageais un peu aussi.

Ici, la pluie de l’après-midi avait remplacé les gelés du matin. C’était un peu triste. J’avais été nourrir le chat de mes parents qui allait avoir une semaine, lui aussi solitaire.

Neige et départ en vacances

La neige tombe
La neige tombe

Ce matin il neige, c’est même la tempête. Je n’ai pas été à l’association de patients. On n’a pas l’habitude de voir le sol tout blanc ici, les chauffeurs de bus un peu frileux, ont surement fait valoir leur droit de retrait. Je n’ai pas voulu prendre le risque de me retrouver coincé en ville, sachant que mes parents partent aujourd’hui, pour une semaine de vacances.

J’en ai profité pour aller faire quelques courses, pour le weekend, dans le supermarché à côté de chez moi. A cause de la neige, le magasin était presque vide. Au moins, je n’ai pas eu d’angoisses. Souvent, elles arrivent quand je suis dans la foule, je me pose des questions existentialistes.  Je regarde les gens et je me dis, à quoi bon. Je me sens seul au milieu de tout ce monde, inutile dans la masse. Les regards des uns et des autres m’oppressent, je suis écrasé par toutes ces vies. En rentrant chez moi, je me positionne devant le miroir et je vois des cheveux qui tombent, des rides qui se forment.

Je pense à ma grand-mère en maison de retraite. Elle a plus de 90 ans et son état de santé ne lui permet plus de savoir où elle est, ni de faire la différence entre le jour et la nuit. Elle devient agressive avec le personnel. J’espère que la neige qui tombe, lui donnera un peu de baume au cœur.

Je vais passer la semaine bien seul. Lorsque mes parents sont trop loin, en vacances, à l’autre bout de la France, je me replie sur moi. Je n’ose plus prendre le bus. Je reste la plupart du temps dans mon appartement, en souffrance. Ça c’est mon état habituellement.

Ce matin pourtant, avec la neige, je suis joyeux. Mes parents doivent partir dans quelques heures et j’ai envie de vivre, sans eux. J’ai peut-être acquis une plus grande autonomie. Je l’espère. Il va falloir quelques jours pour en être sûr.

Envie de vivre

Sans envie ni motivation, je suis monté dans le bus. A l’intérieur, regardant les uns et les autres, leurs visages juvéniles de lycéen, j’ai eu comme un doute. Je me suis demandé, pourquoi tous les jours je fais ça ? Combattre mes angoisses pour aller en ville. A quoi bon ? J’ai remis mon smartphone dans ma poche et soudain, la crise d’angoisse. Celle qui fait mal. La panique totale, l’envie de fuir. Les portes étaient fermées et même si guidé par la peur, j’avais quitté cette carcasse de métal, dehors cela aurait été pire.

Au bout de quelques secondes, j’ai repris mon calme et une respiration normale. Mes jambes étaient  encore en coton mais le plus dur était passé. J’ai envoyé un sms à ma psychologue. Elle m’encourage toujours dans ces moment-là. J’étais toujours debout dans le bus et personne n’avait rien remarqué, mon visage était resté de glace. De toute façon ce n’était que des enfants qui allaient au lycée. Insouciants, ils paressaient heureux de vivre, sans se poser de questions.

Soudain, l’envie de vivre à repris le dessus. Je suis arrivé à l’association, j’étais euphorique. Je voulais coller mes lèvres à celles d’une femme. Juste comme ça, pour me sentir exister.

envie de vivre
envie de vivre

J’étais seul avec une adhérente, un peu jolie mais sans plus. Je lui ai proposé un bisou sur la bouche, puisque justement elle venait de me reprocher d’être distant. Elle a rougi.

D’autres adhérents sont arrivés. Gerald notamment, à qui je ne sers pas la main, sans après m’être lavé avec du gel hydro-alcoolique.

Mon euphorie était retombée. Mon envie d’embrasser qui que ce soit avait disparu.

Je me suis mis alors à l’écart dans une pièce, à côté d’un radiateur qui remplaçait plutôt mal la chaleur d’une femme.

Je pouvais voir passer les voitures devant le local de l’association. J’avais envie que Charlotte vienne.

Elle était plus à mon gout et moins revêche, avec elle, je n’avais pas envie de jouer.

Décalage avec les autres

A l’association de patients ce matin, je me suis senti en décalage avec certains adhérents. Il y a Pierre d’abord, qui est arrivé avec le visage couvert de sueur et une veste qui n’avait pas été lavée depuis de trop nombreux mois. Je lui ai serré la main du bout des doigts.

Décalage avec les autres
Décalage avec les autres

En décalage aussi avec Gérard. Un homme de soixante ans, souvent en train de râler contre sa tutelle, qui ne lui donne pas assez d’argent, mais pas que… Ça fait partie de son personnage de pester, sur tout et rien. Il a fait de la prison, je ne sais trop pourquoi. Il n’est malgré tout pas méchant. Il y a une semaine, il s’est retrouvé aux urgences pour être tombé sur le visage. Ce matin, il avait encore le visage couvert de bleus et du sang sur le pull, qu’il n’avait pas lavé. A l’association, les adhérents lui reprochent son manque d’hygiène. Il a des ongles de plusieurs centimètres, noirs de crasse. Quand il prend un sucre en morceau dans la boite, plus personne ne veut se servir.

Heureusement, il y a Charlotte, j’espère la voir un après-midi de la semaine. J’aime discuter avec elle. J’ai envie découvrir qui se cache derrière cette trentenaire, qui n’a beaucoup parlé d’elle. Elle ne vient pas très régulièrement.

Je me sens aussi en décalage avec les amis que j’avais quand je n’étais pas en souffrance. Ils ont presque tous une femme et des enfants, et ont quitté le quartier qui était notre terrain de jeux.

Quand je refais le film d’une partie de ma vie, des diverses évènements qui l’ont jalonné, je me sens aussi en décalage. Je comprends mieux pourquoi certains « amis » étaient distants avec moi. Il faut dire que je peux être étrange, quand je tiens certains propos. J’ai beau faire des efforts, je suis comme ça.

Je suis une sorte d’ovni, avec de nombreuses angoisses, pas capable de travailler et ne trouvant nulle part ma place.

Ginseng et schizophrénie

J’ai mal au crâne. Hier j’ai commencé une cure de Ginseng. J’ai avalé deux comprimés de 200mg chacun. Mal m’en a pris, au bout d’une heure mon cerveau était en vrac. Sur internet, certains le recommandent et d’autres le déconseillent. J’avais voulu en avoir le cœur net.

Ginseng et schizophrénie
Ginseng et schizophrénie

Ce matin, je suis encore en souffrance, comme hier. Je ressens une douleur, un brouillard qui prend mon cerveau tout entier.

Heureusement, le soleil me réchauffe le dos, bien à l’abri à l’intérieur de mon appartement. Au moins cela est agréable. Ce matin, j’ai quand même eu le courage d’aller faire quelques courses, pour manger ce midi. Dans la grande surface, une angoisse vite maitrisée, a bien failli gâcher la fête.

Mes parents sont partis pour le weekend. Je vais passer ces deux jours seul. C’est peut-être cela aussi qui me perturbe. Je ne sais plus à quel saint me vouer pour aller mieux.

Aujourd’hui, l’association de patients est fermée. C’est d’habitude, une sortie qui me fait du bien. Cela fait quand même plusieurs semaines, que je n’y arrive plus à échanger.

Je suis pris en tenaille entre la peur de sortir et l’aggravation de mon état si je reste seul. C’est un cercle vicieux.

Je dois combattre la peur, aller contre mes envies, pour après seulement être récompensé par mon cerveau et mon corps. C’est très perturbant. Je voulais croire que le Ginseng allait m’aider miraculeusement.

J’ai aussi d’énormes difficultés pour écrire. Je suis obligé de lire à voix haute, chaque fois qu’avec mes doigts, je tape sur le clavier pour écrire une phrase. Mon cerveau n’est pas très coopératif.

Le voisin vient de mettre au maximum, le son de sa musique. Le mur qui est mitoyen vibre et j’entends de gros « boom ». Je vais devoir encore allez râler.

L’après-midi risque d’être longue. Je compte déjà le nombre d’heures qu’il me reste pour aller me coucher. Je ne recommande donc pas le Ginseng.

Mal dans sa peau

Je suis mal dans ma peau. Je viens juste d’envoyer une lettre au psychiatre qui m’a suivi pendant plus de 15 ans, pour lui demander mon dossier médical. Je suis un peu anxieux à l’idée de ce que je vais lire.

Je n’ai pas toujours été stable. Hier justement, j’ai discuté avec un ami schizophrène. Il est en souffrance et mal dans sa peau. Sans le juger, je l’ai écouté me dire qu’il allait porter plainte contre X. En effet, une femme, un fantôme, ligue les passants dans la rue contre lui. Il ne peut faire un pas, sans interpréter un geste de menace. Il veut déménager dans le sud pour échapper à ce qu’il croit dur comme fer être réel.

Je lui  souhaite de sortir de ce délire. Je lui ai demandé s’il y avait des lieux où il ne se sentait pas agressé. Apparemment, à l’association de patients et dans son appartement, il se sent mieux.

Mal dans sa peau
Mal dans sa peau

En plus de cela, il voit les professionnels qui le suivent comme une menace. Il prend son traitement, uniquement pour ne pas être hospitalisé sous la contrainte.

La schizophrénie est une maladie terrible, qui rend mal dans sa peau. J’ai connu une période un peu similaire à celle cet ami schizophrène. Aujourd’hui je ne sors plus beaucoup de chez moi. Je ne pense pas avoir de délires, quand je croise les gens dans la rue. Il ne reste plus que les angoisses, d’un passé qui m’a fait exploser.

J’ai une autre amie schizophrène, qui est particulièrement mal dans sa peau en ce moment.  Elle s’est rendu compte trop tard, qu’elle était enceinte pour avorter. Elle a donc dû arrêter son traitement pour le bébé. Elle continue cependant à boire et à fumer. Son appartement d’une pièce, n’est pas assez grand pour recevoir son enfant. Des assistantes sociales n’arrêtent pas de l’appeler. Elle a peur que son bébé ne lui soit soustrait.

Mal dans sa peau, est un peu ce qui caractérise les deux exemples, dont je viens de narrer l’histoire. Heureusement, beaucoup de schizophrènes s’en sortent bien mieux et ont une vie presque normale.

Communiquer comme on peut

Communiquer comme on peut
Communiquer comme on peut

Je suis en forme aujourd’hui. Le soleil inonde l’intérieur de mon appartement. A l’association de patients ce matin, j’avais envie de communiquer. J’ai discuté avec les uns et les autres. J’ai rigolé. C’est assez rare pour le signaler. Il arrive plus souvent que je me referme sur moi-même, que je me mette dans un coin avec les yeux rivés sur mon smartphone.

Il y a certains moments pendant lesquels, je n’arrive plus à communiquer. Je cherche mes mots, c’est une vraie souffrance que d’être confronté à un autre et de devoir tenir une discussion. Dans ces moment-là, je voudrais m’enfoncer sous terre pour me cacher.

Toute personne qui m’apostrophe est une agression. Je reste calme malgré tout, quand je peux.

Communiquer est un art que je ne maîtrise pas toujours à 100%.

Mon cerveau malade me joue des tours. Il se met en veille parfois alors qu’il devrait être sur le pont. Les gens doivent me trouver étrange.

Dans moins d’une heure, ma psychologue à domicile doit venir. C’est moins cher que dans un cabinet.

Quelques minutes plus tard….

Je me sens plus en confiance, chez moi, dans mes meubles. Maintenant, elle doit arriver dans une demi-heure. La pression commence quand même à monter.

Communiquer pendant quarante minutes est un exercice fatiguant. Une fois qu’elle est repartie, souvent j’ai besoin de faire un tour, de me changer les idées.

Quelques heures plus tard…

Ma psychologue à domicile a quitté mon appartement. Nous avons parlé pendant plus d’une heure. Ce fut assez éprouvant. Je me demande si elle ne va pas me prendre pour un fou. En même temps c’est un peu ce que je suis, mais d’habitude,  je ne me livre pas autant.

Communiquer m’a fait du bien. C’est un peu ce que l’homme a appris à faire de mieux. Je regrette que ma pathologie m’handicape dans mes rapports avec les autres. Je suis parfois tout seul dans mes délires.

Idée contrariante

J’ai pris ma dose de Codéine ce matin. Je suis allé faire quelques courses. Je suis de retour chez moi et je me sens comme sur un petit nuage. J’ai rarement été aussi détendu. Le soleil me chauffe le dos. Je suis complètement apaisé. Je voudrais rester des heures comme cela. Aucune idée contrariante ne vient perturber ce bonheur.

une idée contrariante peut survenir à chaque instant
une idée contrariante peut survenir à chaque instant

Hier, j’avais rendez-vous chez ma psychiatre. Elle ne me suit que depuis quelques mois. Elle apprend à me connaitre et notamment toutes mes phobies, comme la peur de sortir de chez moi, la peur de la foule, des relations sociales, des ascenseurs…

C’est important qu’elle cerne bien tous les aspects de ma schizophrénie, car dans quelques mois, elle va devoir remplir le certificat médical pour le renouvellement de mon allocation adulte handicapé.

C’est une femme avec les idées claires, très précise dans ses questions. Je ne me livre malgré tout pas complétement. Il me faut du temps pour faire confiance aux gens.

Devant moi, la télévision le son coupé, passe des images que je ne regarde même plus. C’est un facteur qui pourrait développer une idée contrariante, un délire. En effet, il m’arrive parfois de croire que le petit écran me parle et c’est très déroutant.

Heureusement, mon neuroleptique, le Solian que je prends à forte dose, a réduit les délires. Dans les heures les plus sombres de ma maladie, j’interprétais les gestes des passants dans la rue. Je me sentais harcelé.  Et même tout seul, au fin fond de ma chambre, il y avait toujours une idée contrariante qui me perturbait.

J’ai connu l’enfer sur terre.

En allant chercher ma codéine, hier, j’ai sympathisé avec la vendeuse. Elle habite dans la même rue que moi. Son mari a fait de gros travaux dans leur maison, acquit il y a un an. Elle m’a proposé de passer. Elle m’a aussi parlé de ses enfants…  Elle veut sans doute se faire des amis dans le quartier.

Souffrant de phobie sociale, c’est une idée contrariante qui va me hanter, chaque fois que je vais passer devant leur maison, pour aller chez mes parents.