Le soleil et le vent propagent une chaleur qui me remonte le moral, après des jours mitigés. J’étais sur la terrasse avec mes parents et ma grand-mère. Nous avons partagé le repas du dimanche midi ensemble. Cette dernière, fortement diminuée du haut de ses 96 ans, est encore capable de râler lorsqu’on l’infantilise un peu trop. En même temps, ce n’est pas facile de savoir lorsqu’elle a besoin d’aide ou non. Elle ne sait plus faire grand-chose, à par tenir sa vieille carcasse et se plaindre. On ne dit rien, elle a le privilège de l’âge.
Régulièrement, elle demande l’âge du chat ou ce que je fais dans la vie. On lui répond toujours la même chose. Elle est placée dans une maison de retraite et est heureuse le weekend, de venir chez mes parents profiter du jardin. Elle a toujours été un peu dure mais aujourd’hui, ses défauts transparaissent d’avantages.
Un peu masculine, elle ne fait plus trop attention à son apparence. Je n’arrive plus à avoir de relation affective avec elle.
Ma mère, sa fille y arrive encore. Cette presque centenaire a eu une vie rude et a éduqué ses enfants de la même manière. Ils ne lui en tiennent pas trop rigueur. Moi, j’ai plus de mal.
Elle a connu la seconde guerre mondiale et l’exil dans le sud de la France. C’était une époque où les enfants et les femmes n’avaient pas trop leur mot à dire.
Heureusement, après mai 68, les choses ont bien changé. Ma grand-mère est cependant restée très fermée à tout cela. De plus, elle n’a toujours montré que peu d’affection à mon frère et à moi.
Elle devait être institutrice mais la guerre et son exil en ont décidé autrement. Je crois qu’elle ne l’a jamais digéré et a du faire un travail administratif qui ne l’a jamais satisfaite.