Plus j’avance et plus mes pensées se plient, mon univers se réduit. Je me recroqueville, je tourne en rond.
Les murs se rapprochent dans mon petit appartement. Mes pensées ne sont plus des lignes droites, elles se ratatinent sur elles-mêmes.
Je n’arrive plus à penser globalement, tout est centré sur ma pauvre carcasse. Les autres n’existent plus. Je suis seul au fond du trou.
Dans la foule, je tombe, je glisse… Je suis seul en plein milieu d’une forêt, la nuit. Des bruits me font peurs, je sursaute. J’ai quitté cette humanité qui nous caractérise.
Je suis loin, les gens me parlent et je n’entends que des échos qui me paraissent venir d’ailleurs. Je n’existe presque déjà plus.
Je regarde si j’arrive encore à marcher, c’est pas compliqué pourtant, un pas devant l’autre. Je ne sais pas où je vais. Peut-être un oasis quelque part ?
Mais c’est une chimère, le seul endroit où je pourrai trouver un peu de repos sera pour l’éternité.
En attendant, je sors les répliques que j’ai apprises il y a bien longtemps. Je vois que les gens ne sont pas dupes. Toutes mes phrases tombent à contre temps, comme un robot défectueux.