Selon vous, devrait-on me laisser passer le permis de conduire ?

Un schizophrène, peut-il conduire ? Il m’arrive parfois d’avoir de grosses crises d’angoisse, de me sentir mal, d’avoir des délires… J’arrive quand même à me contrôler malgré tout. Je prends un traitement qui me stabilise à base de Solian (Neuroleptique) et de Temesta (Anxiolytique). Je n’ai pas de tendances suicidaires non plus.

Vous sentiriez vous quand même à l’aise si j’étais en train de conduire dans la voiture derrière ou devant la vôtre ?

En même temps sans voiture je suis souvent bloqué chez moi, cela joue aussi sur ma vie sociale qui serait plus riche si je pouvais me déplacer plus facilement.

Comment bien vivre en hôpital psychiatrique.

Prévoir un ravitaillement en cigarettes pour les fumeurs.

Ne pas hésiter à participer aux différentes activités : cheval, balades à pied, ping-pong, dvd…

Draguer les infirmières, elles sont souvent jolies.

Un bon livre permet de passer le temps.

Si vous voulez prolonger votre séjour, montrez-vous agressif ou fait semblant de prendre vos médicaments.

Je pense écrire un petit guide avec des étoiles pour chaque hôpital, clinique comme pour les restaurants.

Esperance de vie des schizophrènes moins enlevée de 10 ans par rapport au reste de la population.

De nombreux facteurs peuvent être responsables :

  • Le taux de suicide élevé
  • Une forte consommation de tabac ou d’alcool ou de produits stupéfiants…
  • Des traitements qui favorisent le surpoids
  • Une alimentation peu équilibrée
  • Une vie sociale inexistante

J’ai connu un schizophrène qui s’est jeté par la fenêtre, il y a quelques années. J’ai également connu un autre schizophrène qui en surpoids et à cause d’une consommation élevée de tabac a été retrouvé mort suite à un malaise cardiaque. Ces deux personnes n’avaient pas quarante ans.

Je ne compte pas non plus les morts précoces, de personnes souffrants d’autres troubles psychiques comme les bipolaires ou les borderline pour lesquelles j’ai été à l’enterrement.

Si tous les matins pouvaient être comme aujourd’hui.

Samedi matin, réveille à 9h00. J’ai les idées claires, ce n’est pas si souvent que cela m’arrive alors je profite.

Je suis apaisé, j’ai confiance en l’avenir, envie d’une copine, de fonder une famille, de travailler…

Je me sens bien, je ne souffre pas, c’est plutôt rare, surtout qu’hier soir des idées étranges m’envahissaient et m’agressaient mais je ne préfère pas rentrer dans les détails, cela n’a que bien peu d’intérêt.

Je souhaite donc me concentrer sur aujourd’hui. Il n’y a pas de soleil, pas de raisons particulières que les choses aillent mieux. Juste la tranquillité d’avoir un cerveau qui m’appartient et qu’en conscience je contrôle.

J’ai envie d’aller voir ma famille, discuter un peu avec ma maman, retrouver avec elle une relation plus sereine. J’ai tellement été en conflit avec elle que nous arrivons difficilement à communiquer.

Cette relation n’a aucun rapport avec ma schizophrénie mais ce serait une épine en moins dans le pied.

Si tous les matins pouvaient être comme aujourd’hui.

Comment se faire hospitaliser en hôpital psychiatrique ?

Je vous propose une immersion dans le monde de la psychiatrie. Ce qu’il faut dire face à un médecin.

Dire que l’on entend des voix de dieu ou d’extraterrestres et raconter.

Dire que l’on n’a pas d’amis pas de travail et que l’on ne sort pas beaucoup de chez soi.

Dire que l’on est angoissé et que l’on ose plus conduire sa voiture lorsqu’il fait nuit.

Dire que l’on a été victime d’un viol est c’est pour cela que l’on n’est pas bien.

Dire que les autres sont complètements fous.

Dire que l’on boit et fume beaucoup.

Dire que l’on n’arrive plus à faire la vaisselle et le ménage.

Dire que l’on veut se suicider.

Dire que l’on n’a pas le courage de se laver ou d’acheter des nouveaux vêtements.

Dire que l’on souffre terriblement.

 

 

Réveil d’un schizophrène un dimanche matin

J’ouvre les yeux tout doucement, il fait noir. Une mauvaise impression m’envahie tout de suite, je viens de faire un terrible cauchemar, il est 7h30. Je me lève sans faire trop de bruit pour ne pas réveiller mes voisins.

J’essaie de me remémorer ce cauchemar et je comprends pourquoi je me sens si mal, bref j’essaie de passer à autre chose.

Je déjeune, j’allume la tv et m’installe dans mon canapé, j’ai le cerveau en morceau.

J’allume une première cigarette, une deuxième… en attendant que mon corps se détende et que mon cerveau retrouve une certaine unité et arrête de me faire souffrir.

Je me dis que la journée va être longue en essayant de trouver une parade pour calmer ce corps et ce cerveau.

Les cigarettes s’enchainent sans que je puisse trouver un moyen de me soulager. Peut-être qu’un anxiolytique va me calmer ? Je prends mon traitement, avec application comme tous les matins.

La douleur est toujours là, dans la tête et par répercussion dans les muscles et tous les os de mon corps.

J’ai mal et je sais que dans quelques heures la douleur sera toujours là. J’aurai sans doute envie dans finir avec la vie… je ne suis pas un surhomme.

Schizophrénie de merde !!!

Aujourd’hui mon frigo est vide.

Frigo
Frigo

Il faut que j’aille faire quelques courses mais l’allocation que l’état me donne ne me permet pas de joindre les deux bouts.

J’ai déjà fait quelques tentatives pour travailler sans succès. A chaque fois, que je suis sur un lieu de travail, viennent en premier, les douleurs au ventre, suivis d’angoisses m’obligeant à me cacher dans les toilettes ou à appeler à l’aide ma famille. En effet je souffre aussi de phobies sociales qui m’isolent et m’interdisent tous les bonheurs de la vie.

Je ne guérirais jamais, la schizophrénie est une maladie incurable. Cela fait plusieurs semaines que je me contente d’une assiette de spaghetti et je n’en peux plus.

Le manque d’argent augmente mes angoisses.

Je n’ai pas le courage de faire la manche à un coin de rue pour remplir mon frigo.