Ce matin, pour quelques courses, je suis allé au centre commercial. J’ai dû attendre l’ouverture du magasin. Nous étions une bonne cinquantaine, surtout des habitués, devant la grille encore fermée. Il y avait une ambiance particulière. Beaucoup de personnes âgées, avec leur caddie, discutaient entres eux dans un calme qui tranchait avec le bourdonnement habituel de ce lieu.
Quelques heures plus tard, je me retrouve chez moi, plus isolé que jamais. Je n’ai pas eu la force de prendre le bus pour aller en ville dans mon association de patients.
Je sais que pendant quelques jours, je ne vais pouvoir compter que sur moi-même. C’est angoissant d’être seul dans la vie. Tout devient très inquiétant.
Il faudrait que je dépasse cette peur. Je fais quelques exercices de relaxation et j’essaie de relativiser.
Dans trois jours, j’aurai la visite de ma psychologue. Dehors, le soleil brille mais je n’en profite pas beaucoup. Il faut que je me motive pour me balader un peu, même pas loin. J’ai besoin de sentir l’odeur de l’herbe et de voir de la terre.
Je me sens comme une prison dans mon appartement. Chaque fois que je tourne les clefs de la porte d’entrée, je suis sur la lune, sans repères.
Tout cela m’empêche de vivre. Chaque personne souffrant de schizophrénie n’a pas forcément les mêmes symptômes. D’autres, sont plus délirants mais moins anxieux. Il y en a qui sont mariés et travaillent…
Moi la maladie m’a coupé les ailes, j’étais à peine majeur. Je ne m’en suis pas relevé.
Allez, il faut que j’aille de l’avant. La même mouche est venue me rendre visite puis est repartie avant que je n’arrive l’écraser. Elle vient voir, il doit y avoir quelque chose qui lui déplait.
Depuis tout est calme, le mois d’août avance à pas de velours.