Repas en famille ce samedi midi. Je me sentais bien. Mes parents ne m’ont pas agacé, comme trop souvent c’est le cas, particulièrement mon père. J’étais serein, c’est assez rare pour le signaler.
Lorsque j’habitais chez mes parents, la vie était infernale. C’est agréable de voir sa famille avec modération, et surtout avec le statut d’invité. Je ne m’en rendais pas compte il y a plusieurs années, que mon indépendance me ferait un tel bien. Avant cela, j’étais tout le temps sur les nerfs, et avec le recul, je salue la patience de ma famille qui a tenu le choc pendant mes crises, et lorsque je n’étais pas stabilisé.
Le seul refuge que j’avais en cas de crise était ma chambre. Elle n’était pas bien grande. J’étais souvent très énervé contre ma mère. Et plusieurs fois j’ai voulu partir, suite à une dispute. Je n’avais nulle part où aller. Mes phobies m’interdisaient de m’éloigner de trop. C’était insupportable. Heureusement, je n’en suis jamais venu aux mains avec ma famille. J’étais dans un tel état de décomposition et à bout, que plus d’une fois j’ai dû me retenir. J’étais habité par une haine si forte, que je perdais souvent toute mesure. J’étais en grande souffrance et je tenais ma famille pour responsable.
En même temps, à passer 30 ans, il était temps que je vole de mes propres ailes. Aujourd’hui, dans mon appartement, je souffre encore beaucoup mais il y a des moments de bienêtre.
Ma famille est à bonne distance mais je peux quand même compter sur elle. La solitude que je connais aujourd’hui est bienfaisante.
Il est compliqué pour des parents d’avoir un enfant en souffrance psychique, qui vit encore sous leur toit. Malheureusement, lorsque le handicap est trop fort, la famille doit accepter ce lourd fardeau. L’autonomie n’est pas toujours possible et les places dans les foyers sont rares.