Ce dimanche matin le réveil est difficile. Je suis fracturé à peine les yeux ouverts. Je décide d’augmenter ma dose de neuroleptique. Souffrir fait partie de ma vie, je le sais maintenant. Ça devient vraiment dur lorsqu’on prend conscience que cela ne va pas s’arrêter. Je vais me balader un peu. Je marche mais je ne suis pas tout à fait là. Je suis dans un autre monde et je n’arrive pas à tisser des liens vers vous. Pourquoi personne n’essaye de me ramener dans son univers ? Le ciel est gris et la journée va se dérouler sans surprise. Juste des neuroleptiques, des benzodiazépines et de la souffrance. De la gêne, en croisant les infirmières à la maison de retraite ou ma grand-mère vit. Un poulet pour le midi en famille. Mes parents qui me demandent si ça va et l’envie de me mettre une balle dans la tête chaque fois que l’on me pose cette question. C’est comme si l’on me provoquait. Les gens croient bien faire. Ils ne savent pas que les moments de bien être sont rares.
Et puis l’ennuie, interminable… La télévision qui me montre tout ce que je n’ai pas que je n’aurai jamais. La télévision, cette étrange machine qui aspire le peu de réflexion qu’il me reste pour me donner des idées toutes faites.
Les gens qui se comportent comme des robots. Mon voisin qui repeint en blanc les murs de sa maison toutes les semaines.
Il est temps que le weekend se termine et que mon oisiveté soit remplacée par des activités hautement plus dangereuses, comme prendre le bus. C’est risquer une crise d’angoisse loin de chez moi. Ca fait monter l’adrénaline. Je suis un peu ironique là.
Comment ne pas l’être en regardant ma vie ? Un peu d’auto dérision fait toujours du bien.