Ce matin, en buvant mon lait, j’ai eu l’impression de ne pas faire quelque chose de naturel, en sentant le liquide couler dans ma gorge.
Puis après, dans mon canapé, je me suis mis à regarder mes mains et je me suis dit que c’était étrange. C’est quoi ces mains, et puis tout ce corps, ce sang qui coule à l’intérieur, comment tout cela peut-il rester en place ?
Mon esprit est là, en train de vagabonder, un peu à l’extérieur de mon corps. Ce sont des expériences normales pour un schizophrène.
Je ne sais plus trop ou je suis. Sur terre, en France, vivant ou peut être mort. Je n’ai personne à qui parler pour me raccrocher à la réalité.
Je dois faire confiance à ce que je vois même si mon esprit me dit qu’il y a quelque chose d’étrange autour de moi, comme dans la matrice.
Les secondes s’égrainent et mon corps m’insupporte, comme une charge trop lourde. Je ne sais plus vraiment ou je suis ni qui je suis. Ma personnalité est un puzzle éparpillé.
Et puis ce silence, dans cet appartement. Sortir, c’est encore pire, si je vois des gens je vais m’effondrer.
Si je dois parler à quelqu’un comment être cohérent ? Il faudrait que je note des répliques, dans un petit carnet, dans ma poche, que je pourrais sortir discrètement, pour savoir quoi répondre.
Surtout dire quelque chose pour terminer la discussion et m’enfuir. Ça doit être à la première page de mon carnet et souligné en rouge.
Vite vite, il faut que je rentre chez moi.