Cela fait trois jours que je suis sous sulforaphane. C’est un complément alimentaire issu de pousse de brocoli. On lui donne comme vertu de réduire les symptômes de la schizophrénie. Pour l’instant je n’ai pas remarqué d’effet secondaire. En revanche, je suis moins refermé sur moi-même. J’ai envie de sortir et d’échanger avec les autres. Il est cependant encore trop tôt pour en déduire des conclusions définitives. Je verrai bien d’ici 4 ou 5 jours.
Ce matin, le soleil est généreux. J’ai ouvert en grand mes fenêtres. Je peux voir mes voisins en train de travailler dans leur jardin. L’ambiance dans ma rue est plutôt sereine. Il y a ceux qui ne laissent pas la moindre mauvaise herbe dans leurs parterres. C’est un peu triste ces mètres carrés de terre à nues. La nature est pourtant si belle lorsque l’on lui donne un peu de liberté. De toute façon, c’est un travail de tous les jours qu’ils ne gagneront jamais.
De l’autre côté, à l’intérieur de mon appartement. La télévision est allumée mais fonctionne sans le son. En effet, sinon, je n’arrive à me concentrer pour écrire.
J’ai envie de me balader un peu. Je vais peut-être aller faire un tour à mon association de patients. Il faut cependant que je prenne le bus. Rentrer dans cette carcasse en métal me donne parfois des crises d’angoisse. Quand je suis à l’intérieur, à quelques kilomètres de mon quartier, j’ai la sensation d’être perdu dans l’espace. Je suis viscéralement attaché à mon lotissement. J’y habite depuis de nombreuses années. Tous mes repaires sont là.
Un petit vent frais vient me chatouiller le dos. Encore presqu’une heure avant d’avaler mes pilules. Tic-tac, cela rythme ma journée. Si je ne vais pas à l’association de patients, j’irais dans un parc, à côté de chez moi. J’ai envie de verdure…