Il fait gris. J’écoute de la musique d’une oreille. Lundi, l’association de patients rouvre après 15 jours de fermeture. Je vais encore être anxieux, loin de mon quartier. Cependant, je me force à y aller tous les matins. Je ne sortirais presque plus sinon. J’y reste pourtant de moins en moins longtemps. Une heure grand maximum. Puis d’un pas rapide, je regagne l’arrêt de bus. Je scrute de loin l’arrivé de l’autocar.
Une fois dans mon appartement, je pousse un grand ouf de soulagement, de courte durée.
Quand le soir arrive, après une après-midi de souffrance, viennent les angoisses. C’est comme si j’étais seul au monde. Je n’arrive pas à penser à quelqu’un pour me réconforter. Je me sens perdu dans l’univers, avec mes délires métaphysiques. La peur d’une vie après la mort, qui ne s’arrêterait jamais, et qui serait faite d’atroces souffrances. Une sorte d’enfer en somme.
C’est à force de ne voir personne, et de rester entres ses quatre murs, que l’on finit par avoir ce genre d’idées envahissantes.
C’est pour cela que je m’oblige aussi à aller à l’association de patients. Même si j’y suis anxieux, au moins je m’aère la tête.
On y discute de tout et de rien, des derniers matchs de foot, même si je n’aime pas trop ce sport.
Il y règne une atmosphère chaleureuse.
L’animatrice est là pour y veiller. On la paie pour cela, et pour mettre en place des activités…
Il y a également une intervenante théâtre.
Cette association de patients est une bouée, pour une cinquantaine de personne. Des adhérents souffrants de schizophrénie, de trouble bipolaire, de trouble borderline, de dépression…
Nous y organisons aussi de grands repas. Vraiment, il faut que j’y passe plus de temps. Mais cela fait maintenant dix ans que j’y vais. Une sorte de lassitude s’est mise en place.