Une chaleur moite a envahi ma région depuis quelques jours. Ce matin, je me suis fait conduire pour aller à mon association de patients. Comme souvent, c’est mon père qui a tenu le volant pour nous y rendre. Il fut une époque j’y allais en bus, mais la peur de m’éloigner seul de mon appartement est trop forte ces derniers mois. En même temps, j’aime rouler en voiture avec mon père, rien que lui et moi. C’est un moment privilégié. Nous pouvons échanger en toute discrétion. Nous parlons parfois de politique, et même si je ne suis pas d’accord avec lui, je le laisse dire. Mon père est un peu trop excessif dans certaines de ses opinions, bien que très humaniste au bout du compte. La voiture roule souvent à faible vitesse. Arrivé à destination, une fois garée, nous discutons encore un peu.
Au bout de quelques minutes, je finis par descendre de la voiture et je rentre dans le local de mon association, dédiée aux personnes en souffrance psychique.
La semaine dernière, il y avait Amélie. Une adhérente qui vit seule et qui a accouchée il y a un an d’un petit garçon. Je prends exemple sur elle. Elle souffre de la même pathologie que moi mais joue à merveille son rôle de maman. Il parait que 1% seulement des schizophrènes sont parents.
Ce matin, je suis resté un peu plus longtemps que d’habitude à l’association. Je me sentais bien, malgré les quelques pleurs que toute vie en société provoque parfois. En effet, Mélanie est venue me faire part des problèmes relationnels qu’elle rencontre avec une autre adhérente. Mélanie est très fragile, et souvent à fleur de peau quand elle est contrariée.
Je suis président de cette association, alors les adhérents viennent me voir lorsqu’ils ont un problème quelconque.