Mes parents sont partis depuis une semaine et je me sens un peu plus libre qu’avant. Je peux maintenant concevoir de vivre seul. Il n’y a pas eu de souffrances, d’angoisses… Je sais que je ne suis pas guéri, que c’est une parenthèse enchantée, alors j’en profite.
Je suis allé à l’association de patients ce matin. J’ai du gérer la visite d’un plombier, suite à une fuite d’eau. De sa bouche sortait des relents d’alcool. C’est un peu tôt à 10h du matin pour avoir pris l’apéritif. Malgré tout, le travail a été effectué avec sérieux et qualité.
La plus part des personnes qui viennent dans les locaux, comme ce dernier, ne se rendent pas compte un seul instant qu’ils sont entourés de schizophrènes, de dépressifs et de bipolaires…
Les aprioris ont la vie dure. Il y a quelques jours, j’avais parlé avec Pierre. Lui aussi sentait l’alcool à 9h00 du matin. C’est un adhèrent qui ne reste jamais très longtemps. Il passe en coup de vent. Il est schizophrène, comme moi. En discutant, il m’a avoué boire plus de 10 canettes de bière par jour. Il veut travailler, changer de vie. Il mérite bien une parenthèse enchantée. Il n’est pas très stable et se pose beaucoup de questions sur le regard que les autres portent sur lui. Il est un peu parano.
De fil en aiguille, en discutant avec les uns et les autres, les adhérents finissent par raconter leurs problèmes de santé. Assez rapidement, j’arrive à la limite de mes compétences en psychologie. Je demande alors, « et ton psychiatre, il en pense quoi ? »
Je préfère ne pas donner de mauvais conseils. Je suis le président de cette association, alors j’ai une certaine forme d’autorité.
Demain, je vais y retourner. Cela me fait une parenthèse enchantée dans la journée. Et surtout, cela met en place un cercle vertueux, en m’encourageant à sortir d’avantage. Le plus dur c’est d’amorcer la pompe. J’ai sinon tendance à me replier sur moi et la solitude engendre les souffrances et les angoisses. C’est malgré tout, un combat qu’il faut mener chaque jour, au réveil, dès le premier pied posé par terre.