Ce matin je suis allé à l’association de patients. L’animatrice est venue me chercher. Le sol était couvert de glace et de neige, qui même avec le passage incessant des roues des voitures, restait glissant. Toutes les activités humaines avaient été mises au ralenti. Les bus ne circulaient plus. Les gens étaient emmitouflés dans d’épais vêtements, et de leurs bouches sortaient de la vapeur qui se transformait immédiatement en un nuage blanc.
Je n’avais quasiment vu personne depuis 4 jours. A l’association, la présence humaine me fit du bien. Je ressentais une grande joie dans tout le corps. Je n’étais vraiment pas fait pour cette solitude que ma maladie m’imposait.
J’avais été un peu anxieux hier soir, à l’idée de m’éloigner de mon quartier. Les adhérents étaient comme je les avais quittés. Ils se confiaient, me parlant de leur maladie et me demandant s’ils avaient le droit de téléphoner, de prendre une feuille sur le bureau ou de faire du café. Ils avaient de nombreuses qualités humaines, comme celle d’être respectueux du lieu où ils étaient. Ils savaient que cette association était un havre de paix qu’ils voulaient sauvegarder.
Parfois, il y avait des pleurs, des crises mais personne ne se jugeait. Ils y avaient presque toutes les maladies psychiques, schizophrénie, dépression, trouble bipolaire…
Dans la vie courante, ou chacun doit être performant, les gens n’ont pas ces qualités humaines, comme celle d’entendre les délires d’un psychotique et de continuer comme si de rien n’était à boire le café.
Moi, j’étais président ce cette association, mais je ne parlais jamais de mes problèmes. Personne ne connaissait ma pathologie.
C’était mieux ainsi, de toute façon, je voyais en dehors assez de psychologues et de psychiatres, pour évoquer mes souffrances.