Le weekend est enfin arrivé. Je peux ne rien faire sans trop culpabiliser. Ce matin, comme tous les jours, j’ai avalé mes pilules. J’ai été assez vite envahi par de l’excitation, dû à mon antidépresseur. Je me mets alors à chantonner tout seul. Le matin, les angoisses ne sont pas trop prononcées.
C’est plutôt en fin d’après-midi que je suis balayé par un sentiment de solitude absolu. Je tourne en rond dans mon appartement. Mon cœur se met à battre de plus en plus vite. Je reste sur mes gardes, comme si une catastrophe allait arriver d’une seconde à l’autre.
Cet épisode angoissant décroit tout doucement jusqu’au moment du couché. C’est seulement le lendemain matin que je retrouve ma sérénité.
Mais je ne me plains pas trop. J’ai déjà été en beaucoup moins grande forme. J’ai connu des souffrances, m’obligeant à rester plusieurs heures dans mon lit en pleine journée.
Dans une heure ou deux, je vais aller déjeuner chez mes parents. Ce sera une des seules sorties de la journée. Le repas sera sans doute assez frugal.
Il faut que je me batte pour sortir davantage. Mais je n’ai pas trop d’amis et je ne cherche pas particulièrement à m’en faire. Je suis lassé des relations humaines. Parfois je préfère ma solitude. Quand elle n’est pas trop longue.
Lundi, une nouvelle semaine va commencer. Je vais retourner à l’association de « patients ». Depuis 10 ans que je m’y rends tous les matins, j’y reste de moins en moins longtemps. Une puissante envie de retrouver me appartement se fait vite sentir.
Je fonce alors vers l’arrêt de bus, en m’asseyant toujours à la même place, derrière le conducteur. Le trajet se passe alors sans angoisses. Il m’aura quand même fallu des années pour en arriver là. Mais uniquement sur cette ligne et dans el sens du retour.