Sous l’emprise antidépresseurs, je me montre plus jovial. Je dis bonjour à des gens que je ne salue pas d’habitude. En rentrant dans le bus ce matin, j’ai serré la main au chauffeur, qui est aussi un de mes voisins. Je me suis quand même installé à l’avant du bus, dans un coin, pour ne pas être confronté aux regards des autres. Je ne sais jamais comment faire, baisser la tête, regarder à droite ou à gauche…
J’ai quand même remarqué que sous l’emprise d’antidépresseurs, je me montre d’avantage euphorique. Je danse dans mon appartement, sans raison. Heureusement qu’il n’y a pas de cameras.
Malgré tout, les angoisses sont toujours présentes, si je dois aller au supermarché en pleine heure de pointe, je ne peux pas prendre de caddie. Je serais trop angoissé à l’idée de devoir attendre aux caisses. J’ai déjà eu le tour. La peur est tellement intense, dans la tête, que je pourrais faire un malaise, au moment de régler la note, ou avant.
Du coup j’achète de petites quantités, et je vais aux caisses automatiques.
C’est pareil pour le coiffeur. Même s’il n’est pas loin de mon domicile, j’ai des crises d’angoisses au moment de me faire coiffer. En effet, les cheveux mouillés, je ne peux plus partir, je suis coincer sur le fauteuil, pendant de longues minutes. De plus, il faut alimenter la communication. On me demande « Qu’est-ce que vous faites dans la vie mon bon monsieur ? ». Je ne sais jamais quoi répondre, alors je m’invente un métier, « animateur » je réponds souvent.
Et puis il y a mon visage dans le miroir. Je n’aime pas me regarder. Je me confronte à l’image que je renvoie, et c’est angoissant.
Sous l’emprise de médicaments, la vie est quand même moins dure que lorsque j’ai fait mes crises. Malgré tout, les pilules multicolores que j’avale trois fois par jour, sont loin de résoudre tous mes problèmes.