Je m’habitue dans mon appartement, à l’autonomie et c’est agréable. Cela fait une semaine que mes parents sont partis. Il y a quelques années. Au fond du trou, j’étais persuadé que j’allais finir dans une cabane au fond d’un bois. Je m’imaginais déjà SDF. A cette époque, je ne supportais plus la présence humaine. Je m’enfermais dans ma chambre pendant des jours entiers. Les délires étaient omniprésents, comme de longs voyages dans des univers parallèles. Je savais que je n’étais pas en état de travailler et je m’inquiétais pour mon futur, lorsque mes parents ne seraient plus là pour m’héberger et me nourrir.
C’était une époque sombre ou j’étais en conflit avec ma famille et mes amis. J’étais tout juste majeur. Au fond du trou, plus personne ne me comprenait et les gens s’éloignaient de moi. Le service militaire approchait et c’était une effroyable angoisse. Au bout de quelques jours de vie commune dans une caserne, j’aurai sans doute été reformé. Heureusement, juste à temps, l’armée a été professionnalisée.
Mes parents, ne supportaient pas que je ne fasse rien de mes journées. Ils n’avaient pas conscience à ce moment-là, de la gravité de ma situation médicale. Ils voulaient que je travaille.
Au fond du trou, j’ai essayé malgré tout quelques petits boulots. A chaque fois, cela s’est terminé par un échec.
Il a fallu une hospitalisation en hôpital psychiatrique, pour mes parents comprennent la situation. Ils sont devenus alors beaucoup plus conciliants. Avec les médicaments, j’ai pu commencer une longue démarche qui continue encore aujourd’hui, pour sortir du trou.
Je pense être stabilisé. Ce matin, le soleil brille et je suis heureux. J’ai quelques rêves d’adolescent qui ne verront cependant jamais le jour. Quand je croise un ancien camarade de fac, j’ai envie de partir en courant. Je ne souhaite pas répondre à leurs questions embarrassantes.