C’est le weekend, le soleil brille mais je ne me sens pas bien. Hier soir, 19h30 je n’en pouvais plus, j’ai pris 2 fois la dose habituelle de benzodiazépine et je me suis couché Ca ne doit pas être génial pour le sommeil. Ce matin, je tremble un peu. Comme un grand vide, ces deux jours ne vont pas être palpitants. Quelque fois je me pose des questions stupides : « mieux vaut être un milliardaire schizophrène ou ne pas être schizophrène mais toucher le smic ? » Je crois que je préférais gagner le salaire minimum et ne pas être malade. Le corps et l’âme ne font qu’un et cette maladie s’insinue dans les muscles, elle fatigue, donne mal à la tête, me crispe tout entier… Mon esprit part dans tous les sens et mon corps n’y comprend plus rien. Je me sens fébrile. J’ai envie de bouger et en même temps je ne sais où aller.
Tout ou presque devient un calvaire. Chaque minute est une souffrance. J’ingurgite des heures de télévision pour passer le temps. Quelque fois, je regarde Arte et je tombe sur une pépite. Les reportages scientifiques me passionnent… Mais le plus souvent, il n’y a rien de bien intéressant. Des actualités sanglantes sur les chaines d’informations tournent en continues. Il faut que je me protège de tout cela. De cette violence, qui fait la une alors que les évènements positifs, bien plus nombreux, ne sont pas signalés.
Je n’aime pas le sang. Quand je vois un homme souffrir, je le ressens dans ma chair. Je suis obligé de fermer les yeux et de boucher mes oreilles, si je n’ai pas le temps de changer de chaine. Depuis ma première crise de schizophrénie aigue, je suis devenu beaucoup plus sensible à la souffrance. Je ne supporte plus de la voir. Au début, il me fallait une ou deux heures avant de retrouver mes esprits. Tous les schizophrènes souffrent et cela fait écho en eux lorsqu’ils y sont confrontés, comme une piqûre de rappel de leur moment les plus durs.