J’ai envie de tout casser ce matin, comme un fumeur en manque de nicotine. Il y a du soleil qui passe à travers la fenêtre de mon salon, je le remarque à peine. La pression monte comme si je n’avais pas eu ma dose de crack. Tous les détails qui me prennent la tête d’habitude n’ont plus vraiment d’importances.
J’aime bien cette sensation, je suis à l’exact opposé de l’angoisse, c’est comme une catharsis. Sûr de moi, je n’ai plus peur d’affronter tout ce qui me bloque d’habitude.
Il faudrait que je retrouve le mécanisme qui m’a permis d’en arriver là. Ça fait du bien de ne plus être fébrile. Si je pouvais être tout le temps dans cet état.
J’écoute un peu de musique. Ils passent « Jenn Ayache – L’Américain » à la radio, je me laisse bercer par la mélodie.
Malheureusement, je sais que la chanson va s’arrêter et que je vais retrouver mes angoisses, mes troubles obsessionnels compulsifs…
Et puis le Solian que je viens de prendre va faire son effet et émousser mes émotions, me plonger dans une torpeur chimique. Ce sont les effets négatifs de ce type de médicament. Etre un zombi ou un fou, il faut faire son choix. C’est un peu exagéré mais c’est le principe.
Avec ce traitement, je pourrais, sauter à l’élastique du haut d’un pont, je crois que je ne ressentirais pas grand-chose.
Je commence à être un peu fatigué. Mon état d’euphorie n’aura pas duré longtemps. Je vais retourner dans mon canapé, regarder la télévision et vivre à travers elle. Je suis mécontent. Je demanderai à mon psychiatre s’il n’existe pas une molécule qui pourrait laisser vivre ce que je ressens et garder mon esprit libre des délires et des angoisses. C’est un peu demander la lune mais les hommes y sont bien allés.