Dans le bus, il y a toutes sortes de personnes. Des étudiants et puis beaucoup de gens des quartiers populaires. Parfois, une personne ivre fait un scandale. Le sol est crasseux et l’on hésite à s’assoir sur les fauteuils un peu douteux. Quand je rentre chez moi je me lave les mains consciencieusement.
Mais il y a de la vie dans les bus. Des gens qui parlent forts, pour demander au chauffeur qui écoute sa musique, de ne pas oublier l’arrêt. Ou d’autres qui discutent entres eux. Il y a de l’entraide quand une maman veut monter à bord avec sa poussette.
Moi je m’installe souvent dans le fond du bus. C’est là où j’ai le moins d’angoisses. Parfois quand elles surviennent quand même, je serre mon point très fort, plusieurs fois de suite, ça me calme.
Une fois arrivé, je marche comme un robot, mon esprit s’envole. Dans ces cas-là, je prie pour que ce dernier continue à donner les bons ordres à mon corps. Que mes jambes continuent à faire leur mouvement si particulier, pour ne pas faire du sur place et arriver dans les locaux d’une association ou je me sens en sécurité.
Tous les matins, je me motive pour sortir de chez moi et ce n’est pas toujours facile. Sinon, je tourne en rond dans mon petit appartement et j’attrape une boule au ventre. Mais prendre le bus tous les jours c’est une sacrée épreuve.
Quand je me brosse les dents, devant la glace, j’attrape vite une angoisse et je suis prêt à renoncer. Une fois loin de mon image, c’est plus simple.
Et c’est comme cela tous les jours. Il faut que je sorte de chez moi, rencontrer du monde, sinon je meurs.