Après avoir fait mes 6 000 pas quotidiens, je suis rentré chez moi, avec le sentiment du devoir accompli. J’ai sur mon téléphone une application qui les mesure. Je veux garder la ligne. Les neuroleptiques que j’avale tous les jours en grosse quantité, me feraient prendre du poids sinon.
Apres un weekend catastrophique, pendant lequel j’ai eu peur de faire une crise, je respire. C’était vraiment tendu samedi soir. J’étais dans un autre univers, peuplé de pensées envahissantes, me poussant à sortir dans la rue pour hurler.
J’ai déjà vécu cet épisode,cette crise et je ne veux pour rien au monde y être de nouveau confronté. C’est une trop grande souffrance et il m’a fallu plusieurs années pour ne plus y penser tous les soirs, en refaisant le film.
Je n’ai pas non plus envie de me retrouver hospitalisé, déraciné, ne pouvant plus avoir le contrôle sur mes allées et venues…
Heureusement, le dimanche matin, mes pensées étaient revenues plus rationnelles.
J’ai un ami schizophrène ce matin, qui m’a proposé de venir boire le café chez lui. Il est très bien stabilisé et a réussi à fonder une famille avec un fils, à passer le permis de conduire et à travailler pendant quelques années. Il part tous les ans en vacances en famille. Il est toujours prêt à donner un coup de main. Il est d’une ouverture d’esprit rare. Intellectuellement brillant et bien structuré, grâce à une mère enseignante, qui lui a donné un cadre et des repères. Bien sûr, il arrive comme moi que ses propos soient un peu étranges mais je ne lui jetterai pas la pierre.Il n’a cependant pas fait de crise depuis plusieurs années.
Pour aller lui rendre visite, il faut juste que je prenne mon courage à deux mains pour franchir en bus, les kilomètres qui nous séparent. C’est toujours pour moi, toute une aventure pour quitter mon domicile, surtout l’après-midi. J’ai peur de faire une crise d’angoisse.
Dommage que la téléportation, ne soit pas réalisable de nos jours. Je pourrais avoir une vie sociale. Ou mieux encore, dans un futur proche, les maladies du cerveau seront-elles comprises et curables ?
Ton ami nous prouve que ta maladie est cura
-ble (désolé)
Il y a tous les degrés dans la schizophrénie. Heureusement, certains s’en sortent bien.