J’ai vu ma psychiatre hier. Elle m’a donné une ordonnance avec du Tercian, en plus du reste. C’est un neuroleptique avec un effet sédatif, pour calmer les angoisses que j’ai l’après-midi. Je n’en peux plus de passer d’un écran à l’autre, sans pouvoir me concentrer sur rien. Je n’en peux plus d’attendre que le soir arrive, en comptant les minutes et en angoissant sur tout et rien.
Je vais essayer ce médicament cet après-midi. J’ai envie d’une bonne claque. C’est insupportable de laisser des idées angoissantes, venir attaquer mon cerveau au marteau piqueur.
Il est encore tôt, le soleil n’est pas encore levé. Je tourne en rond dans mon petit appartement, en attendant que les magasins ouvrent, pour aller faire quelques courses.
J’ai déjà ouvert les volets, comme une incantation à faire venir la lumière.
Je me sens seul face au destin.
De temps en temps je vois passer les phares d’une voiture, comme une pâle lumière dans la nuit.
Tout doucement, les rayons du soleil découvrent un peu le paysage, fait de maisons blanches et de bitume détrempé.
J’aimerai que la pluie s’arrête pour pouvoir sortir. T’en pis, je me couvrirai pour affronter un temps digne des côtes bretonnes.
Quelques heures plus tard, après avoir été chercher ma boite de Tercian et fait quelques courses, je me sens mieux, sans encore avoir pris un seul comprimé. C’est sortir qui m’a fait du bien, et me remplir le ventre de coca zero.
Il s’est un peu arrêté de pleuvoir et fait complètement jour. La pharmacienne n’était pas au comptoir, quand je suis arrivé. Je suis resté quelques secondes à attendre qu’elle n’arrive.
Elle avait l’haleine qui sentait le tabac, c’est étrange, je ne l’avais jamais vu fumer. Depuis que je me suis mis à la cigarette électronique, j’ai l’odorat plus développé. C’est gênant, lorsque dans le bus ou ailleurs, les odeurs sont désagréables. Parfois, je suis obligé de m’éloigner de quelqu’un, qui sent la transpiration, un parfum bon marché…