Vendredi après-midi, je suis en weekend un peu en avance… La porte fenêtre de mon appartement est ouverte. J’entends le bruissement du vent dans les arbres. Des enfants jouent dehors. Le soleil, écrasant ces derniers jours nous laisse un peu de répit. La radio me berce doucement. Je me bats avec la télécommande pour éviter les publicités.
Je suis zen. J’avais un peu allumé la télévision, j’ai besoin de musique. Devant l’avalanche de femmes objets dans les clips vidéo, je me suis dit que ce n’est pas ce que je voulais aujourd’hui. Je ne dis pas qu’un joli cul qui bouge ne me fait rien mais pas maintenant.
C’est l’heure de prendre mon traitement. Quelques pilules, trois fois par jour depuis 15 ans ça en fait des kilos. En même temps, je ne suis pas « sorti de la route ». Je n’ai pas fait de crises, alors je continue à les avaler, même si parfois je m’étrangle.
Demain soir, je prendrai une ou deux bières. Pas plus, sinon je culpabilise. Je crois que je suis un citoyen « exemplaire ».
De toute façon mon psychiatre vérifie cela tous les mois. Il me le dit quand c’est bien. On peut lui faire confiance, il a fait 11 ans d’études.
Ça fait longtemps que je n’ai pas regardé les étoiles. Avec les deux Temesta que je prends tous les soirs, je n’ai pas le temps de voir le soleil se coucher.
Je suis assez fier de moi. Je paye mon loyer tous les mois, sans retard. Il arrive que je trouve ma vie un peu monotone, l’après-midi.
Je suis un bon schizophrène, mes voisins sont contents de moi. Je ne mets pas la musique trop fort et je n’hurle pas.
Je me lave régulièrement et mon intérieur est propre, nettoyé avec les produits qu’on voit à la télévision.
Je vais pouvoir me coucher serein.