Je viens de voir ma pharmacienne et avec moi elle se fait beaucoup d’argent. C’est cependant plus rentable pour l’état que je sois dans mon appartement en autonomie qu’hospitalisé en psychiatrie. Sans médicaments, je ne tiendrai pas longtemps. A l’époque en crise et avant d’être stabilisé, je passais mes journées dans mon lit à délirer. C’était chez mes parents et les pauvres, ils ne comprenaient pas pourquoi je n’allais plus à la fac et j’étais tout le temps dans ma chambre. Ça n’a pas été facile pour eux non plus de devoir renoncer à l’avenir radieux qu’ils m’avaient envisagé.
Aujourd’hui et après de nombreuses années, j’ai accepté ma maladie et tout ce que je ne ferai jamais. J’espère cependant avoir de temps en temps d’assez bons moments pour que la vie vaille le coup d’être vécue.
Pare qu’en souffrance cela peut aller très vite. J’ai déjà essayé de me pendre ou une autre fois de prendre tous les médicaments que j’avais sous la main pour en finir. Quand on a trop mal, on ne réfléchit plus on veut juste que ça s’arrête.
Les fois où j’ai le plus souffert c’est quand même lorsque j’étais à l’extérieur, notamment sur un chantier de fouille archéologique dans lequel j’avais été pris comme bénévole. Je creusais des trous avec une truelle pour m’y cacher. La compagnie des autres étaient insupportable. Comme si j’étais coincé dans une sorte de système social insupportable, entres les autres bénévoles et les chefs de chantier. Une fois rentré chez mes parents j’étais délirant mais les souffrances étaient moins intenses.
Aujourd’hui je suis fier de pouvoir vivre seul même si je vois mes parents presque tous les jours et que leur présence met indispensable.
J’ai compris et admit que je ne serai jamais le « maitre du monde » comme le dit la chanson d’Axel Red & Renaud, Manhattan Kaboul. Moi aussi j’ai connu mes attentats du 11 septembre.