Quand je vois les souffrances que les hommes sont capables de s’infliger entres eux, je suis anéanti. Je me dis qu’en tant que schizophrène, beaucoup de personnes qui ne connaissent pas cette pathologie nous imaginent dangereux…
C’est dur à supporter d’être vu ainsi, comme un danger public. Je me questionne sur ma relation avec les gens, au courant de ma maladie. Se méfient-ils de moi ? Me considèrent-il comme dangereux ?
J’aimerai bien que non, mais je ne peux pas m’empêcher d’avoir des doutes.
C’est une maladie ayant une image tellement dégradée dans l’inconscient collectif. Je mets pourtant tout en œuvre pour créer des relations de confiance mutuelles mais ce n’est surement pas suffisant.
Mieux vaut rester discret et parler de dépression et d’angoisse, cela passe mieux. Je crois que je n’ai jamais avoué la vérité à d’autres personnes que ceux du corps médical, comme mon nouveau généraliste…
En même temps, quand un médecin voit mon traitement, il comprend vite. J’ai une amie dont le père est schizophrène mais je ne lui en parle pas non plus. Elle ne serait pas capable de garder sa langue et je vois mal, mes autres amis au courant.
Bien sûr, les gens savent bien que j’ai quelque chose. Je suis toujours tout seul, pas de travail. Je ne vais que rarement aux soirées et je suis tout le temps dans mon appartement.
Je continue pourtant à sourire quand je croise un voisin dans la rue mais je deviens de plus en plus parano à mener une vie en marge de la société. Plus on s’isole et plus on passe pour le vilain petit canard, c’est un cercle vicieux. En été, ma porte fenêtre est ouverte et j’entends la vie dehors.
Je ne suis rassuré que le soir, quand tout le monde ferme ses volets. Je peux faire pareil, je me sens protégé. La nuit tous les chats sont gris.