La pluie arrose vigoureusement un sol trop sec. Je ne suis pas tellement en forme cet après-midi. J’ai l’impression d’être enfermé dans une cage. Les barreaux sont mes angoisses qui m’empêchent de vivre ma vie. Cela fait plusieurs années que je ne suis pas allé au cinéma, ni parti en vacances et encore moins mangé au restaurant… Je reste chez moi, à l’abri des gens qui me veulent du mal. Même si je sais que ce sont mes interprétations. Je suis paranoïaque.
Parfois même, ils arrivent par la télévision à m’atteindre. Je ne peux compter sur personne. Il faut que je fasse quelques exercices de respiration pour rester calme. J’ai envi de fermer tous les volets de mon appartement. Heureusement je suis au premier étage. Plus ou moins en sécurité.
Ce matin, j’ai pris le bus pour rentrer du centre-ville. Dans les transports en commun je ne regarde jamais personne. Je me place si je peux derrière le conducteur.
Demain, pour fêter le samedi soir à ma façon, je m’achèterai une ou deux bières. Avec ma cigarette électronique, je les dégusterai en écoutant un peu de musique. J’aimerai vivre ma vie. Pour cela, j’inviterai quelques amis que je n’ai pas et nous passerions la soirée ensemble.
Malheureusement, je souffre de phobie sociale. Toute action me conduisant à échanger, partager et vivre avec les autres est une source d’angoisse et de souffrance. Cela fait des années que j’essaie de travailler cela avec mes différents psychiatres. Sans succès.
Je me contente alors, avec regret, de vivre en ermite. Je voudrais exploser toutes ces cages psychologiques qui m’empêchent de vivre ma vie. Il est encore tôt. Je vais allumer mon poste de télévision et voir si personne ne me parle à travers elle. Si ce n’est pas le cas, je pourrai me détendre un peu.