Les schizophrènes sont-ils de dangereux criminels ?
Déjà il faut expliquer aux quidams que la schizophrénie n’est pas un dédoublement de la personnalité. Cette pathologie s’appelle trouble de la personnalité multiple. A ne pas confondre.
Pour revenir à la schizophrénie, je peux d’abord vous parler de mon cas. J’ai fait deux crises de schizophrénie aiguës. A chaque fois je n’étais plus moi-même. J’ai littéralement explosé. Je me suis mis à hurler dans la rue. Je ne voulais plus qu’on m’approche. Mais jamais je n’ai agressé physiquement quelqu’un. A la première crise, j’ai même dû éviter certains coups de poings des gens autour de moi, qui avaient surement peurs. Je voulais juste évacuer ma rage, en hurlant. A la deuxième, j’ai subi la violence des pompiers qui m’ont attrapé pour me sangler dans leur véhicule. Je n’ai pas résisté.
J’ai vécu de grands moments de tensions intérieurs, des dizaines de fois. Surtout dans mes relations avec mes parents. Mais jamais je n’ai touché à un seul de leurs cheveux. Je préférais partir, fuir.
De plus, tout cela s’était avant d’avoir un traitement antipsychotique. Qui a profondément clarifié mes pensées.
Aujourd’hui je sais gérer les contrariétés, les reproches, les frustrations… Je suis beaucoup plus calme.
De plus, parmi mes nombreux amis schizophrènes, je n’ai jamais eu à subir la moindre violence physique. Et cela fait des années que je côtoie mes semblables.
Alors bien sûr, il y a de terrifiant faits divers. Mais statistiquement les schizophrènes ne sont pas plus dangereux pour les autres que le reste de la population. Nous sommes 600 000 en France. Imaginez un peu si nous étions de dangereux criminels ? Le pays serait à feu et à sang. Or ce n’est pas le cas.
Vivre en bonne harmonie avec un schizophrène stabilisé, devrait être tout à fait banal dans l’esprit de la population.