Je n’arrive pas à tenir en place. Je marche dans la rue, sans trop savoir ou aller. Je rentre chez moi, puis je repars.
Je regarderais bien un film, mais je n’arrive pas à tenir plus de quelques minutes. Pareil pour un livre, après quelques lignes.
Je suis comme une pile l’électrique. Je me demande si je vais faire une décompensation.
Après un noël en famille, je pense déjà au nouvel an. J’aime me retrouver seul ce soir-là. Je ferme à double tour la porte de mon appartement. Je descends les volets… Je m’achète un peu d’alcool. J’allume la télévision. C’est un peu triste ce soir-là, tout est en différé. Alors j’écoute plutôt de la musique.
En général, je n’attends pas les 12 coups de minuit pour aller me coucher. L’alcool ayant fait son œuvre bien avant.
Je pense à ma tante, qui est hospitalisée en psychiatrie.
Combien de temps fais-je tenir sans faire une rechute. Ma dernière hospitalisation remonte à mars 2016. J’avais fait une décompensation anxieuse.
D’après ma psychiatre, quand il y a quelques semaines, je lui ai tenu des propos délirants, que je ne rapporterais pas ici, il ne me restait que dix pour cent de lucidité. Ce n’est pas beaucoup.
En attendant, j’essaie temps bien que mal de donner le change avec les autres.
Je repense à mes 18 ans. Année qui a marqué mon entrée dans la maladie. Avec ma première décompensation.
C’était comme si je venais de mourir, et qu’une deuxième vie, faite de souffrances et d’angoisses, débutait.
Cela fait déjà 20 ans.
Je n’ai pas fait grand-chose pendant tout ce temps. J’ai plutôt subi les événements. Je connais pour les avoir testés, les différents hôpitaux ou cliniques psychiatriques de mon secteur. Avec parfois des règles stupides et humiliantes à respecter. Le manque d’intimité, et l’infantilisation….