Le matin, c’est le moment de la journée pendant lequel je suis le moins angoissé, et capable le plus d’autonomie.
Je vis seul dans mon appartement. Je me débrouille pour faire les courses, dans un supermarché à 5 minutes à pieds de chez moi. Tous les matins, réglé comme une horloge, j’y vais faire mon petit tour. A force, je finis par connaitre les caissières, et les clients du magasin, qui comme moi, attendent l’ouverture.
Passé la collation du midi, je suis plongé dans une souffrance intense. Je ne suis plus capable de faire grand-chose. Je m’installe dans mon canapé et j’attends. Je regarde l’heure souvent. Je n’arrive plus à prendre le bus pour aller en centre-ville. Je suis comme momifié. Mon autonomie en prend un sacré coup. Pour mes rendez-vous à l’extérieur, je suis obligé de faire appel à mes parents, pour qu’ils me conduisent. Je suis trop angoissé à l’idée de sortir seul de chez moi.
D’un point de vue général, j’ai beaucoup de mal pour me déplacer. Je ne suis pas en fauteuil roulant, mais c’est les crises d’angoisses, qui me rappellent de ne pas trop m’éloigner de chez moi. Il faut que je lutte pour retrouver mon autonomie.
Souvent le soir, je ne mange rien. Je me suis habitué à ce mode de vie, et en plus, bien qu’ayant un traitement qui fait grossir, je ne prends pas de poids. Je mange un peu plus le midi. Je cuisine assez souvent des plats à base de pâtes. C’est ce qu’il y a de plus simple et de moins cher.
Le soir vers 19 heures, n’en pouvant plus des pensées qui encombrent tout l’esprit, je vais me réfugier dans mon lit.
Mais vraiment, ce qui me fait le plus peur, c’est de me retrouver seul, sans les parents que j’ai encore la chance d’avoir. Le matin, je me réveille angoissé, à l’idée de de les perdre.