Je suis tendu. Je n’arrive plus à me concentrer sur rien. Il faut que je bouge, de chez moi à chez mes parents et inversement. Il n’y a que deux minutes à pied. J’habite dans le même lotissement que mes parents. J’y habite depuis que je suis né. Les gens du quartier me connaissent depuis toujours. Ils m’interpellent souvent pour me demander « ça va ? », quand ils me voient passer. Je réponds toujours « oui », même si ce n’est pas le cas. Je me sens harcelé. Peut-être s’imaginent t’ils que je vais leur dire « Non je me sens tendu… » Et « Méfiez-vous, je suis atteint de schizophrénie ».
Pour me détendre, je me mets devant mon ordinateur et j’écris. C’est comme une thérapie.
Hier soir pour dormir, alors que les idées négatives fusaient dans ma tête, j’ai pris plus de Temesta que ma prescription, pour m’assommer un bon coup. Sinon, je n’arrive plus à dormir. Je me relève deux trois fois avant que le sommeil ne vienne. J’ai envie de mourir. C’est une envie mélangée à une rage, qui vient de l’estomac. Je donne des coups de poing dans mon lit. Dans ma tête, je me dis que je veux crever.
Et puis le lendemain, une nouvelle journée commence. Le matin au réveil, c’est toujours le même rituel. J’avale mes comprimés en espérant ne pas les vomir, avant qu’ils ne soient complétements absorbés. Je sens alors le Prozac m’envahir petit à petit. J’ai envie de chanter. Je suis tendu aussi. Il faut que je bouge. Ça tombe bien, c’est l’heure des courses. Je me déplace comme un bolide dans le supermarché pas loin de chez moi. Je ne regarde pas les gens. Je profite car quelques heures plus tard, je serais angoissé à l’idée de sortir de chez moi. Je suis plutôt du matin.
Bonjour Paul,
Détends toi Paul, ça va aller et ça va passer. On a tous nos hauts et nos bas que l’on soit malade ou pas. Je t’avoue que je suis tendu aussi du à mes insomnies, la fatigue et la maladie mais il faut être fort.
Là ça va faire plus de 24 heures que j’ai pas dormis, je viens de prendre mon traitement en espérant que la tempête s’estompe et laisse place au calme, moi aussi j’en ai plein le cul de cette souffrance psychique ou se mêlent angoisses, peu d’estime de soi plus les voix qui martèlent dans ma tête.
J’ai eu un ami au téléphone ce matin, du fait que j’ai l’air de quelqu’un de normal et que ma maladie n’est pas inscrite sur mon front, il n’arrive pas à comprendre que je ne puisse pas faire les choses comme tout le monde même si la plupart du temps j’y arrive mais cela me demande un sacré effort.
Dis toi c’est un peu vache de dire ça mais cela est valable pour moi aussi que notre état ne peut pas être pire que nôtre première crise, celle qui nous à conduit en hospitalisation, ou se mêlait pour ma par hallu auditives, mysticisme et mégalomanie et dépression, cocktail auquel je ne veux pas revivre pour tout l’or du monde. Le traitement nous stabilise mais les cicatrices de nos esprits meurtris sont bel et bien là, indélébiles et qui nous suivront à vie.
Pour essayer de changer de sujet et parler de choses plus positives comment s’est passé ta sortie entre amis? Tu devais aller dans un pub passer une soirée.
Je compatis Paul, je t’embrasse et soyons fort sinon c’est la dégringolade dans les dédales de notre âme.
A bientôt Paul
Pixel
Hello Pixel,
Merci pour tes encouragements. Pour finir la sortie entres amis dans un pub n’a pas pu encore se faire. Mais ce n’est que partie remise. Et toi, tu sors un peu la soir?
Paul,
Bonjour Paul,
Non en ce moment non, je suis très fatigué du au moral, le traitement et un peu de déprime que j’espère passagère à cause de mon déménagement. Je vois un couple d’amis ici mais je fais pas grand chose hormis des choses normales de la vie, faire ses courses, le ménage, vaisselle, ect… Ma famille me manque pour dire vrai. J’espère que ce n’est qu’un coup de blues.
A bientôt Paul, portes toi bien.
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