Je me sens loin, comme groggy depuis que j’ai pris le bus ce matin. A l’association, les voix des adhérents, les regards, étaient comme derrière un épais brouillard. Tout le monde riait, s’exclamait… J’étais là mais je n’ai rien dit ou presque. Je me suis senti glisser vers un autre monde, comme au fond d’un océan, sans bruit et sans lumière. Pourtant les autres étaient là, à quelques mètres de moi.
Cet épais brouillard, comme du coton, m’empêchait de ressentir quoi que ce soit. Je n’avais ni joie, ni haine. Juste une sensation de solitude et de vide absolu. Je me suis quand même décidé à faire une ou deux blagues, pour ne pas repartir sans avoir ouvert la bouche. Je suis resté deux heures à l’association. Par moment, j’ai eu le sentiment de sombrer définitivement. Qu’une crise d’angoisse allait tout emporter. J’ai souhaité une bonne journée aux adhérents, puis je suis sorti du local.
Sur le quai, en attendant le bus, les gens autour de moi me paraissaient eux aussi très loin. Les autocars passaient les uns après les autres. Les gens crachaient, se poussaient… Il était presque midi et tout le monde voulait rentrer chez soi. Moi je ne savais plus trop dans cet épais brouillard, ce que je devais faire. Je scrutais sur chaque car qui arrivait, le numéro de ma ligne. Une fois à l’intérieur, je me suis assis près d’une fenêtre, pour ne pas avoir à regarder les autres voyageurs.
Arrivé à mon appartement, il m’avait fallu une bonne heure pour retrouver mes esprits et sortir de ce brouillard. Les neuroleptiques que j’avais pris, y avait été pour beaucoup. J’étais épuisé, comme après un 100 mètres.
J’étais soulagé aussi mais je savais que je n’allais plus voir personne, jusque demain. La télévision allait être ma seule compagnie.
Est-ce que tu lis des histoires des gens qui ont réussi à vaincre la maladie? Peut-être ils ont des stratègies ou ça peut te donner des idées pour toi-même – peut-être pas seulement de la schizophrènie mais aussi des livres de la phobie sociale ou angoisse. Renseigne-toi!