Hier matin dans le centre commercial, il n’y avait pas grand monde. Malgré tout, plutôt que de regarder les gens, c’était trop angoissant, j’ai sorti mon smartphone. Le nez dedans, cela me donnait une bonne excuse pour ne pas croiser les regards des autres. Quelques heures plus tard, dans mon appartement, c’était l’apocalypse dans ma tête. Les délires fusaient, sans aucune logique. Je me sentais mal, énervé. J’en voulais à la terre entière.
Ce samedi fut un jour de souffrance. Je n’avais plus envie de sortir de chez moi. Je regardais la télévision, qui déversait ses images, qui ne me concernait pas vraiment. Je regardais un monde en déliquescence, avec ses crimes, ses femmes dénudées… tout pour accrocher le cerveau du téléspectateur. C’était toujours l’apocalypse et la souffrance dans ma tête, je cherchais juste un moyen pour passer le temps.
Dans l’après-midi, un mal de crâne est venu se rajouter à cette souffrance. Le samedi soir n’en pouvant plus, je regardais d’un œil suspect les cachets que je devais prendre. Ils étaient énormes. Les neuroleptiques surtout. Les comprimés avalés, les volets fermés et une bonne douche bien chaude, j’ai retrouvé un peu de sérénité.
C’est souvent quand le soleil se couche que l’apocalypse dans ma tête, laisse place à un peu de bien-être. Les neuroleptiques, calment mon cerveau qui tourne comme un manège devenu fou.
Parfois, quand il n’y a juste que l’euphorie des délires, c’est agréable. Le temps s’accélère et j’ai l’impression d’être important. C’est l’apocalypse dans ma tête mais je ne souffre pas. Les neuroleptiques mettent souvent fin à ces moments, pour m’endormir tout doucement.
Ce dimanche matin, d’abord hagard au réveil, tout est vite devenu plus calme. La nuit a fait son œuvre et je peux me concentrer sur les tâches du quotidien, calmement, comme si la rivière était revenue sagement dans son lit.