Un vent glacial souffle et les températures ressenties sont bien inférieurs à 0 degrés. Le soleil parvient difficilement jusqu’à moi. Le bitume est blanc, à cause du sel déversé ces derniers jours. Je n’ai pas voulu prendre le bus. Peur de faire une crise d’angoisse à l’intérieur. J’ai pourtant réussi à me déplacer en voiture, avec l’aide des uns et des autres. Quand mes parents sont absents, j’essaie de me débrouiller, de trouver des solutions.
A l’association de patients, chacun tente de se débrouiller comme il peut. Une adhérente schizophrène et enceinte, a dû arrêter son traitement pour ne pas mettre en jeux la vie de son bébé. Elle n’est pas délirante et plutôt bien de sa peau. D’après l’un de ses amis qui est venu me parler, l’association l’aide beaucoup à se stabiliser.
Moi, c’est les neuroleptiques qui me stabilisent. J’essaie de me débrouiller avec toutes mes phobies, qui sont autant d’obstacles dans la vie de tous les jours.
J’ai par exemple peur de monter dans une grande roue, dans un ascenseur, ou dans un bus… Je n’aime pas me sentir enfermé.
A l’association, les adhérents n’ont pas une étiquette sur leur front, avec leur pathologie marquée dessus. Pourtant parfois certains m’en parlent. C’est tout un groupe qui s’entraide et essaie de se débrouiller. Je commence à connaître un peu les maladies psychiques. Je pense à Madeleine qui est bipolaire. Elle peut arriver souriante et 5 minutes plus tard fondre en larme. C’est une femme imposante qui peut aussi partir dans des colères noires. Elle est comme un ouragan, un volcan.
Parfois certains racontent qu’ils ont eu un geste violent pendant une crise. Cela reste cependant anecdotique et de l’ordre du coup de poing. Des gestes qui sont loin de la violence que les psychotiques portent sur leurs épaules, dans l’imaginaire collectif.