Ce matin à l’association de patients, il y a quand même eu une petite dizaine d’adhérents qui ont montré le bout de leur nez, malgré les vacances. Ce n’était ouvert qu’une heure trente. Chantal qui avait d’abord appelé en pleur, parce qu’elle avait perdu de l’argent, est venue malgré ses difficultés pour marcher. C’est une dame d’une soixantaine d’années, un peu vieille France, qui est bipolaire. Pour se remonter le moral, elle achète des viennoiseries. Elle a ouvert la porte de l’association avec un chausson aux pommes dans la main et plein de miettes sur son pull et autour de la bouche. Elle s’est assise pour parler. Elle avait besoin d’échanger et à trouver du soutien auprès d’une autre adhérente, bipolaire elle aussi.
Il y a Fred qui n’a plus de mémoire. Il est un peu crasseux, il oublie de se laver, alors tout le monde hésite à lui serrer la main. Moi, après lui avoir dit bonjour, je me lave les mains avec du savon Hydroalcoolique. Malgré cela, c’est quelqu’ un de très respectueux et de sociable et l’on essaye tous de s’occuper de lui comme ont peu.
Je pourrais aussi vous parler de Thierry, qui a les nerfs qui lâchent facilement. La gouttière du local, complément enfoncée, se souvient encore de son coup de poing. Il ne doit pas être bipolaire mais toujours sur le fil du couteau.
Ou Erica, qui a été diagnostiqué bipolaire à quarante ans. Elle peut passer d’un état de pleur à un état d’euphorie en très peu de temps. Elle n’accepte pas la maladie, après avoir eu un travail et des enfants… Elle est cependant toujours là pour soutenir un autre adhérent. C’est sa façon à elle de continuer à se sentir utile.
Il y a Kevin aussi, schizophrène. Il parle ouvertement des voix qu’il entend et de ses supers pouvoir.