Je suis tendu psychologiquement et physiquement. C’est tout le corps qui est atteint, jusqu’à l’esprit. J’ai essayé de nombreuses techniques, mais pour l’instant, c’est encore devant un écran, à écrire un article, que je suis le plus serein. Je retrouve une sorte de bien-être.
Quand je suis dans mon canapé, je peux sentir les tensions partir des jambes, et envahir tout le corps. C’est très désagréable. Même allongé sur le dos, je ne suis plus soulagé.
J’ai commencé à ressentir cette sensation, assez jeune, lorsque ma schizophrénie s’est déclarée. J’étais seul dans ma chambre, chez mes parents. Je n’avais même pas 20 ans. Il y avait tout un monde délirant dans ma tête. C’était vraiment horrible, je n’avais pas de traitement.
L’ambiance familiale était très tendue. Je sentais bien que mes parents allaient faire quelque chose. Je craignais de sortir de ma chambre.
J’ai été hospitalisé sous la contrainte, quelques semaines plus tard. Dans la voiture, encadré par deux de mes oncles, pour me conduire à l’hôpital psychiatrique, j’ai vu ma vie défiler. J’ai bien cru qu’elle allait s’arrêter là, que j’allais être enfermé pour le restant de mes jours.
Je ne connaissais pas le moins du monde la psychiatrie. J’avais juste des images de contention, de piqures… Je pensais au film, « vol au-dessus d’un nid de coucou ».
Heureusement pour moi, le traitement à base de neuroleptique, a été assez efficace. Je ne suis resté que quelques semaines, enfermé, avec des permissions pour le weekend assez rapidement.
J’ai découvert un monde plus humain que je ne pouvais l’imaginer. Un personnel médical était là pour m’écouter, me conseiller…
Quand je suis sorti, j’étais encore délirant et loin d’accepter la maladie, mais j’étais calme, à l’écoute de mes parents, même si les relations étaient encore parfois tendues.
Cela fait 20 ans maintenant, et je n’ai pas vu le temps passer.