Mon immeuble est pris dans un grand manteau blanc. Par la fenêtre, je ne vois pas à trente mètres. Le brouillard est intense. Je ne me sens pas trop mal cet après-midi. J’aime cette ambiance cocooning. Dehors, il n’y a que le chant de quelques oiseaux qui résonne. Je suis à l’intérieur, bien au chaud, ou presque. Pour faire des économies, je ne mets pas de chauffage.
Un ami voulait passer cet après-midi, mais je lui ai dit que je n’étais pas en forme. C’est vrai que tout à l’heure je n’étais pas en forme. Et puis cet ami est très bavard, et moi, au bout d’une heure de discussion, j’ai l’esprit qui se vide. J’ai voulu éviter d’écouter un long monologue épuisant.
Devant mon écran d’ordinateur, à taper sur un clavier, je me sens bien. Le brouillard est toujours là. J’ai l’impression qu’il me protège, des autres, de leur regard, de leur avis…
Cela fait plus d’un mois maintenant, que je prends un antidépresseur. Au début, j’ai dû baisser un peu la dose, car il me donnait des angoisses. Maintenant, je suis habitué à ce doux brouillard dans ma tête. Je ne suis pas en extase toute la journée mais juste parfois un peu plus heureux.
Bien sûr, tout est loin d’être parfait. Il reste toutes mes angoisses. Alors je vais essayer de les mettre de côté aujourd’hui, et le plus longtemps possible.
Le soir, en ce moment, quand le soleil se couche, vers 18 heures, j’aime fermer les volets de mon appartement. Je m’installe alors dans mon lit. Et j’espère pour ce soir comme hier soir, qu’une douce sensation de plénitude viendra m’envahir.
Pour demain, je me suis fixé un autre objectif. Reprendre le bus pour aller à l’association de patients, le matin. Pour l’instant, je m’y fais conduire et je rentre en autocar.